Architecte : BQ+A Rédigé par les architectes Publié le 24/09/2013 |
Sur un intervalle d'une dizaine d'années, nous avons eu la chance de construire deux maisons dans le hameau de Grachaux en Haute Saône. La première maison livrée en 2001 (la « longue-vue »), après avoir été habitée pendant 8 ans par ses commanditaires, a été acquise par un couple qui a souhaité y installer son activité professionnelle et nous confier la construction d'une nouvelle maison en contrebas, elle même livrée en 2012 (le « terrier »). Ces maisons, qui se touchent presque, sont ainsi les témoins de l'évolution de nos préoccupations ou de leur permanence, même si elles sont très différentes par leurs dimensions, leurs budgets ou encore leurs programmes.
Du côté des évolutions, la première maison était pour nous une sorte de « divertissement » sur le thème du revêtement (l'origine textile de l'architecture), faisant peu de cas de l'expression d'un mode constructif distillant sa tectonique du particulier au général. C'est ainsi que cette maison a été maintes fois publiées dans des livres consacrés à l'architecture en bois alors que sa structure est en métal. La seconde maison, au contraire, réduit au minimum le nombre de matériaux pour exprimer avant tout, à l'extérieur comme à l'intérieur, l'unité de la construction en béton banché (l'origine structurelle de l'architecture).
Du côté de la permanence, ces deux maisons sont « filles » du site et trouvent dans la géographie proche et lointaine une grande part de leur raison d'être, tout en profitant au maximum des bienfaits qui leurs sont offerts par la nature environnante. Par ailleurs, elles témoignent d'un travail sur les proportions et les tracés régulateurs qui ont toujours été parmi nos principales préoccupations. Enfin, elles cherchent à construire un espace dilaté où la lumière naturelle imprime sa marque sur le cours de la journée.
La longue-vue
Construite à l'origine pour la famille d'un paysagiste, cette maison se voulait une sorte de « longue vue » pour observer la nature environnante et elle est surélevée sur des pilotis pour conserver la continuité du terrain en pente. On y rentre comme si l'on montait dans un navire immobile : elle est fine, tendue entre deux cadrages sur le paysage. En quelque sorte, elle est construite par défaut par rapport à son site : elle le « touche » le moins possible.
Les plans très étroits de certaines maisons de l'architecte australien Glenn Murcutt ont servi de références, mais alors que ceux-ci sont le plus souvent ouverts sur leur grand côté, nous avons conçu un espace principalement ouvert à ses deux extrémités. Il en résulte une dynamique horizontale qui pouvait devenir oppressante et c'est pourquoi ce mouvement est arrêté en deux endroits pour définir les principaux espaces de vie :
- Au droit du coin repas, deux baies
vitrées se font face et créent un axe transversal, la maison est
ainsi traversée d'Est en Ouest par le paysage.
- Dans le séjour, la plus grande
hauteur sous plafond et la présence de la cheminée créent un axe
vertical appuyé par l'apport d'une lumière zénithale.
Le bardage de mélèze qui enveloppe la structure métallique est « neutre » et c'est la totalité du volume de la maison qui exprime les forces gravitaires : conçu sous la forme d'une balance romaine, il est long et étroit d'un côté par rapport à son point d'appui principal, plus large et moins long de l'autre, illustrant ainsi le concept de symétrie pondérée, cher à Viollet le Duc.
Le terrier
Lorsqu'il nous a fallu concevoir une nouvelle maison sur le même terrain que la maison « longue-vue », que nous devions parallèlement transformer en bureau, nous avons souhaité créer un contraste fort entre l'ambiance du lieu où l'on travaille et celle de celui où l'on habite. La topographie est toujours la « matrice » du projet, mais alors que la première maison est légère et semble flotter au dessus du sol, la nouvelle est trapue, partiellement enfouie sous la prairie et construite dans un béton brut dont la rusticité vient en renforcer le caractère « tellurique ».
Ainsi, les nouveaux propriétaires travaillent « dans les arbres » mais rentrent chez eux en s'enfonçant dans l'épaisseur du sol. En venant de leur bureau, ils pénètrent directement dans les espaces de séjour par une entrée secondaire après avoir traversé un patio dont la forme circulaire évoque très prosaïquement le trou d'un terrier. L'entrée principale se situe, quant à elle, sur la façade Ouest, à mi-hauteur entre les deux niveaux d'habitation.
L'espace des pièces principales, situé au niveau le plus haut de la maison, est d'un seul tenant et il est ouvert principalement au Sud sur une grande terrasse en balcon sur le paysage. Il est en quelque sorte traversé par la pente du terrain, mais « stabilisé » en son centre par la cheminée et un lanterneau qui capte l'ensoleillement au lever et au coucher du soleil. Sur cet espace principal se raccordent deux volumes distincts : l'un à l'Est regroupant la piscine, la chambre des parents et leurs annexes ; l'autre au Nord regroupant deux chambres d'amis et une salle de bains. Le niveau inférieur est celui des enfants avec deux chambres et un espace de jeux ; on y trouve aussi les locaux techniques et une cave.
Les matériaux employés sont exclusivement le béton brut et le bois, l'isolant étant positionné entre deux murs en béton coulés simultanément par lit d'environ 40 cm de hauteur. Ce mode de coulage du béton par strates horizontales, (inspiré de la chapelle réalisée par Peter Zumthor à Wachendorf en Allemagne), imprime sur toutes les parois la trace du travail quotidien des ouvriers et la tectonique « rustique » du mode constructif.
Outre cette citation directe de la matérialité de la chapelle de Peter Zumthor, deux autres références auront nourri ce projet d'une manière très discrète : la Villa Malaparte à Capri d'Adalberto Libera et de la toiture et la Villa Ottolenghi à Bardolino de Carlo Scarpa.
La longue-vue
Maîtres d'ouvrages : Mr et Mme Convercey
Maîtres d'oeuvres : B. Quirot & O.
Vichard
Entreprises :
Surface SHON : 125 m2
Cout : 114 000 €
HT
Date de livraison :
Le terrier
Maîtres d'ouvrages : ...
Maîtres d'oeuvres : B. Quirot & O.
Vichard
Entreprises : ...
Surface SHON : environ 650 m2
Cout : ...
Date de livraison :
Maître d’ouvrage : IMMOBILIERE 3F / EPA ORSAEquipe de maîtrise d’œuvre :ARCHITECTE : DE JEAN … [...] |
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