Si l’on est rarement récompensé pour avoir raison trop tôt, architectes, paysagistes et urbanistes n’ont pas grand-chose à attendre du malaise qui secoue la société française depuis cet automne. À leur manière, ils déplorent depuis longtemps ces politiques d’aménagement du territoire favorisant la destruction des terres agricoles qui sont inexorablement remplacées par des zones commerciales et des lotissements pavillonnaires. Plus esthètes qu’altruistes, les architectes ont d’abord dénoncé une logique économique, voire normative, favorisant un étalement pavillonnaire délétère au détriment de l’habitat vernaculaire des villages et centresbourgs qui, pour survivre, ont besoin de mutations subtiles et adaptées au cas par cas. Au désastre annoncé, tant sur le plan patrimonial, paysager qu’urbain, est venu s’ajouter le coût écologique d’un habitat grand consommateur d’infrastructures et d’équipements. En bout de chaîne, on assiste aujourd’hui au désarroi existentiel et social d’habitants se retrouvant à tourner désespérément sur les ronds-points, qui constituent désormais l’identité de leur territoire. Comme toujours, on accuse l’État, l’ultralibéralisme ou la globalisation, mais si leur complicité est patente, la responsabilité de cette situation incombe d’abord à l’écrasante majorité des Français rêvant d’un pavillon non mitoyen et loin des « cités ». Comment parer à ce qui ressemble à une irrémédiable destruction ? Sans doute faut-il savoir analyser le contexte géographique, social et urbain, en connaître les rouages économiques et administratifs, avoir de l’inventivité et beaucoup de patience ! En somme, les qualités de l’honnête architecte… il y en a peu qui ont l’énergie – ou l’extravagance – de s’atteler à cette tâche ingrate en reconnaissance médiatique ; d’a en a rencontré quelques-uns et vous invite ce mois-ci à les suivre.
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