«L’architecte va devoir rendre des comptes ! » Voilà , l’invective est lancée, mais le vengeur est masqué. Le journal le Parisien, qui a recueilli cette puissante analyse sur le « drame de Roissy », n’en mentionne en effet l’auteur que sous le définitif pseudonyme de « un autre » (soit un employé d’ADP). Certes, il faut maintenant reconstituer la chaîne des responsabilités jusqu’à la funeste catastrophe. C’est toujours long et fastidieux, l’enquête se diluant dans l’interminable processus de décision, des commanditaires aux entreprises en passant par l’architecte et les ingénieurs. C’est pourquoi trouver un coupable est beaucoup plus simple et efficace. Et puis l’architecte s’y prête si bien ! Il est pratique. On peut l’ignorer lors de l’inauguration et le ressortir en cas de coup dur. Il a l’air si fier de son projet, avec sa superbe, la chute n’en sera que plus sordide. C’est sûrement lui qui a exigé que près de quatre cents sous-traitants se succèdent pour finir l’aérogare 2E. Et puis, on imagine facilement Paul Andreu, entre deux avions pour la Chine, filant dans la nuit du chantier, se prenant les pieds dans son écharpe en volant un sac de ciment pour ragréer la dalle de sa buanderie. Justement le ciment prévu pour couler le béton du poteau qui a cédé. Ce larcin explique probablement aussi la raison du retard sur le chantier : une semaine de décalage sur quatre années de chantier. Pour une opération de seulement 220 000 mètres carrés, c’est proprement intolérable ! Oui, il faut protéger les architectes, cette espèce en voie de disparition, mais un petit nombre suffit : un pour le malaise des banlieues, un pour les logements trop petits, un pour les permis de complaisance et un pour les atteintes au fleuron national de nos aéroports. On pourrait les mettre au sous-sol de la Cité de l’architecture, actuellement installée à l’ancien musée des colonies à Paris. Il y a déjà un aquarium pour les enfants. On les verrait bien entre les piranhas et les étoiles de mer.
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