Architecte : Corinne Vezzoni et associés Rédigé par les architectes Publié le 01/07/2013 |
Le quartier de La belle de mai, caractérisé par la présence de friches industrielles, accueille déjà les archives municipales de la Ville, La friche de la belle de mai et le Pôle média qui abrite des studios. Le Centre de conservation complète les équipements de ce quartier qui mise sur le développement culturel, quartier d'autant plus accessible qu'il se trouve tout près de la gare.
Un monolithe sculpté par la lumière
Corinne Vezzoni en installant le bâtiment des réserves du Mucem de manière radicale et compacte dans le site a choisi le gabarit maximum pour faire écho aux masses industrielles voisines et au socle de la caserne d'artillerie. Son volume simple et aisément identifiable lors des visions fugaces qu'en auront les passagers des trains, répond à une volonté de signal urbain mais aussi d'écho au Musée des civilisations. À partir d'une empreinte au sol, identique à celle du Musée des civilisations (72 x 72 m) à qui elle adresse ainsi un clin d'œil, l'architecte pose sur le site un grand monolithe de béton rugueux, tel un morceau de roche sculpté dans son épaisseur pour permettre à la lumière naturelle d'y pénétrer. La référence à l'œuvre du sculpteur espagnol Eduardo Chillida 1 est explicite. La carapace de béton irrégulier (béton planché coulé en place et teinté dans la masse) est alors entaillée, excavée, pour laisser entrevoir dans l'épaisseur du bâtiment la luminosité d'un béton blanc lisse et réfléchissant.
Le secret à conserver
Sur la rue, le bâtiment répond à l'échelle industrielle voisine et conforte les alignements. Il offre au passant une façade de béton brut, de couleur ocre, mais cette apparente opacité contraste avec l'intérieur organisé autour de patios lumineux orientés vers le sud. Un univers intérieur prend place autour de ces creux, et les bureaux à l'abri des bruits de la ville, tournés vers le parc, bénéficient d'une atmosphère paisible. La végétation existante a été conservée au maximum, et depuis la rue se devine le jardin intérieur. L'entrée des piétons se situe sur la placette d'origine. Le bâtiment des réserves, plus introverti car il raconte l'histoire des œuvres cachées, développe ce qui ne se voit pas - contrairement au Mucem, lieu très ouvert qui représente le côté visible de l'institution -. Pour l'architecte, "les réserves, c'est l'envers du décor, c'est le secret conservé". La toiture, habillée de grandes dalles de béton teinté conforte l'image du monolithe et offre la vision d'une cinquième façade depuis la caserne du Muy et la voie SNCF. Deux bâtis existants sont conservés et réhabilités : un hangar sur rue pour accueillir des collections en transit, un bâtiment de logements pour héberger les chercheurs étrangers.
L'enjeu de la conservation des Å“uvres
La conservation des Å“uvres est l'enjeu majeur du Centre de conservation et de ressources
du Mucem d'où la nécessité pour les réserves de bénéficier de conditions de températures et d'hygrométrie spécifiques. Cette exigence est satisfaite par une centrale de traitement d'air dont le débit est de 12 000 m3/heure, qui alimente chacune des réserves destinée à recevoir des œuvres de collections. Il en résulte des contraintes de réseaux et de fluides très importantes en terme de croisement et de cheminement. Contraintes qui sont accentuées par l'aspect architectural du projet qui consiste à rendre invisible en façade et en toiture tous les équipements et les grilles. Le Centre de conservation et de ressources se veut un espace de protection pour les collections qui seront réparties sur plus de 7000 m2 de réserves modernes, selon trois niveaux, dans le respect des normes de la conservation préventive (température et hygrométrie). Ces réserves seront compartimentées en modules pour organiser et conserver les collections selon leur taille et leur encombrement (surcharge de structure prévue à 1,5 tonne/m3), leur matière, voire des conditions climatiques spécifiques pour certaines. Quatre petites réserves dites de "basse température" sont prévues pour accueillir les objets les plus sensibles. À proximité de l'espace de livraison se situent les espaces de prise en charge et traitement des objets : emballage/déballage des collections, salle de quarantaine, lieu de stockage du matériel, préparation des objets pour les expositions, etc. Une chambre d'anoxie est également prévue pour traiter les objets potentiellement infestés. Un atelier de montage papier, permettant de traiter en interne les collections dans ce domaine complète le dispositif, ainsi qu'un grand atelier de prise de vue et un atelier de restauration. Outre le traitement des collections, des espaces du CCR sont destinés à accueillir des fonds documentaires, des archives scientifiques, ainsi qu'une bibliothèque pour accompagner la recherche. L'innovation du programme réside dans la capacité du bâtiment à ouvrir ses réserves au public.
Maîtres d'ouvrages : Ministère de la Culture et de la Communication, Icade
Maîtres d'oeuvres : Corinne Vezzoni et associés (architecte mandataire), AURA, A. Jollivet (architecte associé, direction de chantier)
Surface SHON : 13 033 m2
Cout : 13,2 M € H.T.
Date de livraison : automne 2012
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