Architecte : Bruno Gaudin Rédigé par les architectes Publié le 27/05/2019 |
Dès le début de la réflexion, il est apparu que le site
lui-même, sa géographie, constituait un atout exceptionnel. Situé entre deux
bras du Loing, l'ancienne tannerie offre d'abord un paysage végétal Ã
découvrir.
Le Parc le long de la rue des deux Ponts et l'allée de
tilleuls qui donne accès au parvis forment un premier espace introductif tandis
que depuis la grande halle, on découvre une vaste clairière, un vide
hospitalier qui nous invite à la promenade. C'est là une belle pièce extérieure
qui sera appropriée par les artistes dès les premières expositions. Le propre
de la démarche de conception de ce projet a été de partir d'un lieu en
mouvement, puisque des expositions étaient montées en parallèle des études effectuées.
S'appuyant ainsi sur la force évocatrice du lieu, sur l'appropriation qu'en
faisaient les artistes, sur les échanges avec M. le maire d'Amilly, les
Services de la Ville et tous les contributeurs, le programme s'est bâti et
précisé au fil du temps. Il ne s'agissait donc pas de voir comment faire
rentrer un programme de centre d'art dans un bâtiment mais de trouver l'accord
juste entre le site dans toute son ampleur et ce que l'on attend d'une école
d'art et d'un espace d'exposition d'art contemporain.
L’ancienne « Tannerie » d’Amilly appartenait à un
ensemble local d’industries du cuir, comptant dans sa proximité les tanneries
de Ferrières et d’Ouzouer-des-champs. Faute de successeurs et en raison de la
perte de vitesse de ce type de production, le site fut revendu en juillet 1971.
Plusieurs industries sont alors successivement propriétaires des lieux, jusqu’Ã
ce que le site ne soit plus employé que comme un lieu de dépôt et d’entrepôt
avant d’être définitivement fermé en 1990. C’est en 2002 que la ville d’Amilly
se porte acquéreur du site « de la Tannerie » désormais en friche et
décide de créer un centre d’art contemporain. L’agence Bruno Gaudin Architectes
a alors étudié un projet visant à mettre en cohérence le programme avec les différents
bâtiments industriels présents sur le site.
De béton et de bois
Deux matériaux pour construire qui n’en font qu’un. A l’origine,
ceux qui ont bâti la grande halle l’ont faite en béton coulé dans des coffrages
en planches. La structure porte les traces brutes du bois placé comme il vient
pour donner forme au béton. L’empreinte est encore vivante, rugueuse, striée,
le bois vit encore au travers de ce négatif. Plus loin, le bois d’une grande
porte est comme pétrifié, transformé en pierre, uniformisé par la patine du
temps, grisé par le soleil et l’humidité. Bois et béton ont échangé leurs
caractères spécifiques et ne forment plus qu’une matière qui donne unité et
force au lieu.
La friche
industrielle, un lieu en soi
De la friche industrielle naît un lieu singulier où se rencontrent une nature qui reprend ses droits et une architecture qui se dépouille peu à peu de son lustre. Transformé par l'intervention de l'homme, le site naturel est réinvesti par un univers végétal qui porte la marque de l'activité ancienne. La nature des essences d'arbres et leurs implantations produisent des lieux, nous racontent une histoire.
De son côté, l'architecture se dégrade d'abord puis connait
un nouvel état plus ou moins stabilisé et qui révèle ses principaux traits de
caractère. « L'Architecture, c'est ce qui fait de belles ruines », l'architecte
Auguste Perret désignait ainsi ce qui assoit la pérennité de l'architecture.
Les Tanneries semblent lui donner raison.
Ici, ce sont les grandes structures du bâtiment mais aussi
les séquences spatiales qui manifestent le caractère du site, sa singularité.
Ce sont ces fondements essentiels que nous devons identifier et comprendre, et
sur lesquels toute intervention architecturale doit s'appuyer. « Faire de
l'architecture signifie visualiser le « Genius loci » : le travail de
l'architecture réside dans la création de lieux signifiants qui aident l'homme
à habiter ». Cette définition de Christian Norberg-Schulz nous parle de
l'Esprit dans lequel nous avons travaillé aux Tanneries. Plus exactement ici,
un lieu existe façonné par le temps et l'histoire. Il s'agit tout simplement de
« l'entendre » le révéler, le conforter dans son existence.
En 2007, lors de la première visite, nous n'avions pas été seulement touchés par le bâti mais par les rapports et contrastes entre les intérieurs et le « paysage ».
Les qualités propres de l'édifice étant ainsi d'autant plus
perceptibles qu'elles sont à l'origine, en opposition avec celles de cet
univers végétal fluide et sans cesse en régénération. C'est donc une vision
d'ensemble du site des Tanneries qu'il s'agissait de développer et non la seule
pensée de l'objet construit, de ses espaces intérieurs clos sur eux-mêmes.
Au-dedans comme au dehors, la démarche que nous avons
proposée visait à s'appuyer fondamentalement sur les qualités du site déjÃ
explicitement révélées par les premières expositions réalisées avant les
travaux de rénovation.
Cet ensemble immobilier est composé de 4 bâtiments existants
indépendants :
Le bâtiment n°1 (sur rue), est le plus visible. Celui-ci
accueille le logement du gardien ainsi qu ‘un logement d’artistes en résidence.
Les bâtiments n°2, 3 et 4 font partie intégrante du centre d’art contemporain. L’auvent
périphérique qui les relie les uns aux autres délimite un parvis minéral qui
devient ainsi le cœur du centre d’art. L’accueil, l’école d’art et la grande
halle d’exposition composent cette belle place à laquelle ils s’adressent. Seul
le bâtiment n°2 offre une façade clairement visible depuis la rue des Ponts et
peut ainsi servir de signal. Ce signal est matérialisé par une mise en couleur
très marquée de sa façade visible depuis la rue et détourne ainsi le caractère
industriel du lieu vers la création artistique. Le parking existant à l’entrée
du site a été conservé, la déambulation s’effectue donc à pied depuis l’entrée
du site.
Toutes les salles de l’école d’art (bâtiment n°2) donnent
directement sur le parvis (sous l’auvent de liaison), le lieu de circulation
entre les différents éléments programmatiques. L’accueil (bâtiment n°3) est un
espace multifonctions, il est le centre du site et fait également office de café,
point-information, lieu de réception lors de vernissages, lieu de repos lors
des expositions. Un poêle est installé dans la pièce principale pour accentuer
le caractère chaleureux de ce lieu qui se veut être le foyer du centre d’art
contemporain. La halle d’expositions (bâtiment n°4) est le bâtiment industriel
majeur du site, « le grand vaisseau ». Son rez-de chaussée et sa
façade avant ont été conservés dans un état proche de celui de l’existant, afin
que ce lieu industriel marqué puisse inspirer librement les artistes. Les
escaliers extérieurs en très mauvais état et vecteurs de désordre en façade ont
été détruits, remplacés par de nouveaux, ainsi qu’un ascenseur, s’accrochant
désormais sur la terrasse circulatoire du premier étage. Ils permettent la
déambulation des visiteurs lorsque les expositions sont déployées sur deux
niveaux.
Les circulations
Plutôt que de placer les distributions verticales à l'intérieur de l'édifice comme il est d'usage habituellement, elles ont été placées à l'extérieur de la grande halle, préservant ainsi la structure interne du grand vaisseau en forme de nef traversante. Les escaliers et l'ascenseur sont donc conçus comme des adjonctions qui viennent accoster la grande coque unitaire. Cette stratégie permet un libre parcours mêlant dedans et dehors.
Le grand vaisseau
L'imposante échelle du bâtiment d'exposition et sa qualité
particulière autorise une grande liberté d'intervention des artistes. Elle a
nécessité une approche architecturale particulière. La dimension et la qualité
de ce « vaisseau » sont deux paramètres conjoints qui interdisent une
transformation radicale et brutale sur l'ensemble des espaces. Le potentiel
suggestif de la halle du rez-de-chaussée a été préservé. Sa grande dimension,
sa simplicité, sa nature brute, sa lumière, ses cadrages.
A l'opposé de la grande halle non chauffée qui est largement
ouverte sur le paysage et en constitue la continuité naturelle, on trouve au
premier étage une galerie plus close sur elle-même, chauffée climatisée. Elle
permet d'autres natures d'expositions, la présentation d'œuvres plus fragiles,
peut-être une autre temporalité. Y ont été installées des cimaises mobiles mais
qui évoquent la solidité d'un mur plus que celle d'une installation temporaire.
Cet espace fait encore appel à la construction d'origine pour définir son
caractère, même si dans cette galerie le blanc domine, fait circuler la lumière
et apaise le rythme des structures pour laisser toute leur place aux Å“uvres.
Maîtres d'ouvrages : Commune d'Amilly
Maîtres d’œuvres : Bruno Gaudin Architectes, Nicolas Reculeau (chef de projet études et chantier) ;
Entreprises : CETBA Ingénierie, BET Structure ; <<<<<<ellioth, BET HQE ; Mélanie Drevet, Paysagiste
Surface SDP : 4300 m²
Coût : 5 920 000 euros HT
Date de livraison : 2016
Maître d’ouvrage : IMMOBILIERE 3F / EPA ORSAEquipe de maîtrise d’œuvre :ARCHITECTE : DE JEAN … [...] |
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