Architecte : Agence Tectoniques Rédigé par les architectes Publié le 13/11/2017 |
À Banuyls-Sur-Mer, le centre d'hébergement de l'observatoire océanologique des architectes
Fernandez et Serres avait fait l'objet d’un article publié dans le d'a n°223
(décembre 2013).
L’agence Tectoniques vient de livrer à quelques mètres le Biodiversarium. Elle présente elle-même son projet:
Vue mer
Le port de Banyuls-Sur-Mer est un lieu unique d’exploration et de connaissances de la biodiversité marine des Pyrénées Orientales. Sous la mer, une réserve naturelle d’une particulière richesse s’étend sur 650 hectares. Sur terre, l’observatoire océanologique, connu d’abord sous le nom de "Laboratoire Arago", massif bâtiment construit en 1882, tient la baie. Aujourd’hui, il est devenu un important centre de recherche de l’Université Pierre et Marie Curie / La Sorbonne (plus de deux cent chercheurs), adossé au groupe de pharmacie et cosmétique Pierre Fabre.
Le Biodiversarium vient donner une nouvelle lisibilité à l’institution. Il occupe la place d’anciens logements étudiants‑chercheurs démolis et reconstruits sur un site voisin par les architectes Fernandez et Serres.
Les deux projets, de même gabarit et placés identiquement, face au port, forment dorénavant un duo contemporain qui actualise le paysage de Banyuls.
Glissé entre falaise et quai, le site du Biodiversarium est exceptionnel mais contraint. Sa capacité constructive limitée impose un bâtiment dense, relativement compact, mais largement ”sublimé” par sa position en front de mer.
La nature complexe du programme et la volonté de ne pas afficher un objet trop spectaculaire dans un site déjà colonisé par des architectures éclectiques, se traduit par une forme assez abstraite et plutôt silencieuse. Seule la peau en plis d’aluminium perforé, légèrement irisée et changeante suivant l’ensoleillement, affiche une singularité qui devrait solliciter la curiosité du public.
Salles blanches – salles noires
Le Biodiversarium abrite un programme singulier, partagé en deux mondes. Il héberge d’abord un espace ouvert au public qui présente la faune et la flore sous‑marines du biotope méditerranéen et l’état des recherches du laboratoire sur ce sujet. Une vingtaine d’aquariums de toutes tailles (150 000 litres d’eau), équipés d’outils multimédias, composent une scénographie ludique et pédagogique, notamment pour les jeunes et scolaires. Ceux sont principalement des salles noires. Adossé à cet équipement, le bâtiment abrite un monde plus confidentiel: celui des chercheurs. Leurs espaces, essentiellement des laboratoires, sont traités en salles blanches et en éclairage naturel. Ils profitent largement de la vue sur la mer et occupent principalement le dernier niveau.
Entre les deux, des interfaces laissent apercevoir par endroits le travail laborantin ou certains lieux accueillent des rencontres entre publics et chercheurs dans l’esprit d’un partage d’expériences. C’est le cas, par exemple, des ateliers pédagogiques de la salle polyvalente.
Une équerre de bois sur une boite en béton
Techniquement aussi cette bipolarité est perceptible: le projet est constitué d’une boite de béton recouverte d’une équerre en bois. La boite en béton, face à la falaise, contient les éléments les plus lourds. Elle accueille des laboratoires, une pépinière ouverte aux jeunes chercheurs, une salle de e-learning, un espace conférence et les aquariums. L’équerre en bois (poteaux‑poutres en lamellé collé) abrite au contraire les éléments plus légers et plus transparents. La partie verticale, côté mer, accueille les escaliers et les circulations du public, très ouvertes et largement vitrés sur le port. Le dernier étage est entièrement occupé par des laboratoires, double-orientés.
Les aquariums
Les aquariums s’installent sur trois niveaux dans une bande de 11 m de large. La visite est programmée comme une plongée dans les profondeurs sous-marines. Une ambiance sombre accompagne cette mise en abime. Elle est compensée par l’ambiance plus douce des panneaux d’épicéa qui habillent tous les espaces de distribution. Des vues cadrées sur la mer offrent des points lumineux ponctuels.
D’un point de vue scénographique, des dispositifs interactifs et évolutifs créent des parcours en parallèle des bassins. Les verres des aquariums sont posés au nu des murs finis comme des tableaux vivants. Les aquariums sont alimentés par de l’eau de mer, chauffée par géothermie.
Les décors sont réalisés par les Ateliers Coutant à La Rochelle. D’abord, l’artiste les sculpte en résine de béton par couches successives. Après une phase de coloration, la mise en eau permet une colonisation progressive des végétaux naturels qui doivent prendre le temps de s’acclimater. In fine, les poissons sont introduits progressivement. Ce n’est que plusieurs mois plus tard que le public pourra découvrir les aquariums.
Une façade en mouvement
Le bâtiment présente l’originalité de n’avoir qu’une seule façade, face à la mer et orientée au Nord. En effet, il s’insère, sur le quai, entre deux édifices existants et s’encastre à l’arrière contre une falaise rocheuse. Comme indiqué plus haut, cette unique façade est caractérisée par sa peau en aluminium anodisé. Elle a l’avantage de résister à la corrosion agressive du sel marin mais forme surtout un rideau filtrant au service de la protection solaire et des besoins de la scénographie.
L’effet de micro-perforation généralisé sur toute la façade agit le jour comme une glace sans tain. De l’intérieur les visiteurs perçoivent une surface transparente alors qu’elle paraît pratiquement opaque depuis l’extérieur. Ce dispositif s’inverse en période nocturne pour afficher une présence plus organique, en dévoilant sur l’espace public une épaisseur et un jeu complexe d’entrelacs. Les formes courbes du projet et l’irisation de l’aluminium anodisé font implicitement référence aux ambiances marines et établissent un lien physique avec l’architecture nautique et les bateaux du port. Dans ce contexte, les bateaux, alignés et flottants le long des quais, rangés par taille et catégories, forment une forêt de mats et de drisses qui façonne un paysage architectural plus riche, plus typique et plus inspirant que les constructions néo-provençales voisines.
Nom du programme :
Biodiversarium
Localisation :
Banyuls‑Sur‑Mer (66)
Maître d’ouvrage : Université
Pierre et Marie Curie / UMPC – Paris Sorbonne
Architectes mandataires,
ingénieurs et économistes :
Tectoniques
Architectes associés:
Architecture et
environnement
BET :
Structure Bois :
Anglade Structures Bois
VRD, GO, Fluides : IGBAT
Aquariums:
ITF / Ateliers Coutant
Environnement : Inddigo
BE Contrôle : Veritas
Coordination SPS : Socotec
Total SDP : 2400 m2
Coût travaux : 7,4 M € H.T.
Photographes : Tectoniques
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