Architecte : Canal architectes Rédigé par les architectes Publié le 26/09/2018 |
Canal architecture s’est vu confier la
maîtrise d’œuvre du batiment « Place », au Nord de l’ancienne grande
usine textile Le Blan-Lafont, en fond de perspective de l’avenue de Bretagne, Ã
Lille. À l’origine, le bâtiment place, ce grand volume était partiellement
occupé par une salle des fêtes et par un vaste espace de stockage. La
transformation réalisée en 2018 respecte le volume d’origine et couronne
l’ancienne toiture d’une surélévation dont l’écriture graphique traduit une
expression aérienne. La surface de plancher est triplée pour accueillir
désormais les chercheurs de l’Inria (Institut national de recherche en
informatique et en automatique) qui opéreront sur les plateaux de bureaux et
bénéficieront d’une plateforme événementielle de 270 m² en showroom sur la
place de Bretagne.
La
Communauté Urbaine de Lille, par l’intermédiaire de l’aménageur Soreli,
entreprend dès 1999 une vaste opération d’aménagement du quartier des anciennes
filatures textiles de Lille situées sur les rives de la Deûle, entre le centre-ville
et la ville de Lomme. Ce projet de
renouvellement urbain, ambitionne de créer un quartier de vie durable et de
développer, au sein de la Métropole Européenne de Lille. Le bâtiment Le Blan-Lafont, qui abritait à l’origine deux
anciennes usines textiles, Lafont et Le Blan, construites respectivement en
1896 et 1900 est transformé et constitue désormais le cœur du pôle d’excellence
EuraTechnologies. Inaugurée en 2009, la
première partie de l’opération de transformation abrite, dans l’ancien château
d’industrie, plusieurs entreprises implantées dans le domaine des nouvelles
technologies et un incubateur dédié à soutenir les jeunes structures
innovantes.
Densifier :
Plutôt qu’une démolition-reconstruction, la transformation du bâtiment Place conforte l’enveloppe de sa structure originelle en accueillant de nouveaux usages et avantages :
•
Triplement de la surface : les règles du PLU (emprise au sol maximale)
n’auraient pas permis d’atteindre une telle densité avec un projet neuf sur une
parcelle ceinturée d’espace public.
•
Continuité historique : le maintien de la volumétrie et de la matérialité de la
façade en briques prolonge le récit de la construction.
•
Économie et environnement : les démolitions mesurées ont permis de maîtriser la
mise en décharge des matériaux et d’optimiser l’économie financière de
l’opération.
•
Configuration spatiale intérieure adaptée aux nouveaux usages.
Libérer les plateaux :
L’unique mur de refend intérieur a été déconstruit. Un noyau distributif, réalisé en blocs de béton apparents, est implanté longitudinalement au centre du bâtiment. Relié aux façades brique par un réseau de poutres métalliques, cet ouvrage porte les nouveaux planchers. L’étroite barrette loge les distributions verticales (escalier et ascenseur) ainsi que tous les services (réseaux, sanitaires, locaux techniques). Le dispositif favorise toute liberté d’implantation sur les plateaux périphériques et garantit, pour le futur, toutes les réversibilités. Aujourd’hui destinés à des bureaux les trois plateaux pourraient être, demain, transformés sans difficultés en ensemble de logements.
Ouvrir les façades:
Afin
d’apporter de la lumière sur les plateaux, les ouvrages maçonnés, à l’aplomb
des baies en demi-lune, ont été déposés par procédé de sciage. Aujourd’hui des
vitrines géantes, posées en saillie sur la maçonnerie d’origine, réunissent
dans un même ensemble le rez-de-chaussée et le premier étage du bâtiment. L’ancienne toiture a été démolie pour
conquérir un nouvel étage, entièrement vitré sur sa périphérie, couronné par
une série de brise-soleil verticaux en aluminium. Seule interruption, l’édicule originel
marquant le lien historique à l’usine Le Blan-Lafont.
Maçonnerie brute et charpente métallique
La
transformation du bâtiment « Place » répond à plusieurs enjeux contradictoires
:
•
préserver un bâtiment comme mémoire du site tout en le transformant pour un
usage contemporain.
•
fonder la juste échelle d’intervention confirmant la position du gabarit en
perspective de l’avenue de Bretagne.
•
décider d’un statut de signal urbain et d’une transition de proximité entre les
maisons ouvrières et la monumentalité de l’ancienne usine Le Blan-Lafont •
optimiser par trois la surface originale : de 1000 à 3000 m².
La
réponse unitaire à l’ensemble de ces questions engageait une expression
extérieure contemporaine. Ne pas s’obliger, sur le sujet des façades, Ã
s’insérer benoîtement dans les figures
cintrées des arcs, ce qui aurait caricaturé le bâtiment et altéré son échelle.
Depuis l’extérieur, de grandes vitrines sont appliquées en relief confirmant la
modénature de la façade en briques et la verticalité des lames supérieures
couronnant la surélévation. Ces éléments sériels confirment l’ancienne image
industrielle du site. Les lames se prolongent plus haut que l’égout de toiture
pour élancer le bâtiment vers le ciel et s’ajuster à la présence des donjons du
château voisin. Les démolisseurs et les maçons mobilisés pour l’ouverture des
baies ont déployé toute leur inventivité. À l’avancement du chantier, les
ouvriers ont révélé la singulière tectonique de briques tranchées à la scie.
Heureuse découverte d’une nouvelle chromatique associant sur les tableaux les
briques tranchées et, face intérieure, les briques existantes peintes en blanc.
Le
contraste patrimonial entre le passé et le présent est clairement lisible. La
présence des maçonneries réinterprétées contraste avec l’univers intérieur
constitué par les nouveaux plateaux et le noyau construit en blocs de béton
assemblés à joints secs. Au cœur de cette barrette centrale, le grand escalier à double volée contrariée,
métallique et lumineux, se développe dans une ambiance de rouge argileux.
Maîtres d'ouvrages : Soreli - Aménageur de la ZAC
Maîtres d'oeuvres : Canal architecture Patrick Rubin, Annie le Bot avec Guillaume Nicolas architecte
Entreprises : Gros oeuvre: Tommasini/ Charpente métal: Da Costa/ Couverture: Soprema/ Menuiseries extérieures: PMN/ Electricité: Deplorte/ Fluides: Santerne/ Ascenceurs: Kone/ Cloisons, plafonds: Sapiso/ Agencements: Coexia/ Moquette: Pique & Fils/ Peinture: Vandendriessche
Surface SHON : 2 740 m²
Cout : 1 305 M euros
Date de livraison : 2018
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