26 logements participatifs à Montreuil - NZI Architectes

Architecte : NZI Architectes
Rédigé par les architectes
Publié le 23/01/2018

ON PARTAGE ?

 

Composer avec les futurs habitants

 

Elaboré en concertation avec les futurs habitants au moyen de réunions bi mensuelles, le projet met à l’honneur la notion de vivre ensemble. L’influence de ces habitants-architectes s’est concentrée sur la multiplication des espaces de vie collectifs avec l’ajout au programme de toitures-jar­dins, d’une salle polyvalente ou encore d’ateliers de bricolage.

 

Partage en cœur d’îlot

 

Concrètement l’opération se développe sur deux entités volumétriques: une sur cœur d’ilot et l’autre donnant sur la rue Désirée Charton. Les toitures constituent la 5ème façade. Elles sont entièrement végétalisées sur 1 mètre de hauteur, permettant de créer des jardins potagers partagés. Une serre y sera posée, constituant le jardin d’hiver.

 

Un bâtiment qui reprend la morphologie de la rue

 

Des duplex sont créés avec toit à double pente, très identitaire de ce quartier de Montreuil.

 

1 — Habitat participatif: Power to the people ?

 

Un modèle de fabrication hors norme

Concevoir un immeuble de logements, implique de connaître les habitants qui l’occuperont. Ce qui n’est pas toujours le cas – paradoxalement – chez les architectes, dans la pratique du logement collectif.

Dès l’immersion dans cette aventure, nous avons été plongés dans une situation de proximité avec les usagers. Or connaître leur nom, leur visage et leur parcours a ajouté une dimension émotionnelle dans la relation architectes/usagers.

Mais cela a aussi renforcé la notion de responsabilité que nous sommes habitués à engager dans le quotidien de notre métier. Il ne s’agit plus seulement de réussir une équation financière à travers la fabrication d’un immeuble parmi d’autres: dans cette aventure nous sommes devenus les garants de la réalisation du rêve de 26 foyers. Et il était hors de question de les décevoir !

D’autre part, l’absence quasi-totale de programme (au sens de la loi MOP) constituait un vrai défi et impliquait une bonne dose de courage de la part des concepteurs. Les grandes lignes du programme se résumaient à cinq éléments: un bâtiment sur coursives, un jardin sur le toit, des salles communes, une SHAB donnée et 26 logements.

 

Le processus

À ce jour nous ne sommes toujours pas certains de pouvoir appréhender dans sa globalité la notion d’habitat participatif. Néanmoins, nous sommes en mesure de décrire le processus de cette entreprise.

En premier lieu, un promoteur immobilier, CPA-CPS, a rassemblé 10 foyers désireux de se lancer dans cette aventure.

Les 16 foyers restants (dont trois logements sociaux et un intergénérationnel) se sont ajoutés après l’obtention du PC. Ils ont intégré les demandes du premier groupe et apporté d’autres détails importants au développement du projet. La vente des logements s’est faite en VEFA.

 

Maintenir les promesses

La méthode pédagogique: du particulier au professionnel

Notre contrat prévoyait la maîtrise d’oeuvre classique, mais nous étions également en charge d’un contrat d’assistance à la maîtrise d’ouvrage. Notre rôle consistait alors à développer le projet en nous appuyant sur les réunions (ateliers de conception) avec les habitants qui ont eu lieu toutes les deux semaines pendant 5 mois.

Le rythme s’est alors accéléré car il fallait donner des réponses concrètes aux attentes d’un cahier des charges qui était en cours d’élaboration. Souvent assez avant-gardistes, les habitants ne manquaient pas d’imagination.

Il était néanmoins nécessaire de faire de la pédagogie, car pour respecter le projet, il était fondamental de rappeler les règles du monde professionnel: dans le processus de la construction les interlocuteurs sont multiples.

Notre souci principal était de ne pas décevoir les attentes: pour ce faire, nous nous tenions aux propositions les plus réalistes, quitte à laisser certaines options plus ambitieuses provisoirement de côté. Il nous a semblé nécessaire d’annoncer des surprises plutôt que des échecs, qu’il s’agisse de prestations intérieures ou extérieures.

Une fois le permis de construire obtenu, les habitants ont dessiné leur logement avec nous. Notre rôle était de conseiller, à partir d’un cahier des charges personnel, basé sur la composition de chaque foyer. Nous n’avons pas imposé notre vision, l’objectif étant de fabriquer leur logement.

La suite est dans la réalisation de cet immeuble qui est, aux yeux des habitants, un lieu de vie particulier. Les espaces de rencontre y sont multiples et ils ont été conçus en dehors de la pratique de rentabilité classique. Si certains logements ont des espaces privatifs, les espaces de circulation ressemblent à des terrasses ou des balcons. Ils sont ouverts sur l’extérieur et les habitants de chaque palier peuvent se les approprier.

Le temps dira si ce type d’habitat est appelé à perdurer.

Il est en tout cas évident que le fait que les acteurs aient appris à se connaître pendant la conception et la construction, qu’ils aient vécu les phases critiques ensemble, fabrique, aujourd’hui, une cohabitation assez unique.

Cette communauté, car c’est bien de cela qu’il s’agit, sera amenée à évoluer: certains vendront leur appartement, d’autres le loueront, d’autres seront pris dans les conflits classiques de la vie en commun. À ce moment-là, la thèse de l’habitat participatif sera mise à l’épreuve et nous auront un retour sur cette singulière et passionnante aventure.

 

2 — Une architecture double face

 

L’implantation du projet a été conçue afin de créer une continuité urbaine sur la rue Charton.

Le paysage architectural de ce quartier est très hétérogène, dans la mesure où il associe des immeubles à caractère industriel, des bâtiments de logements collectifs et des maisons individuelles aux formes et aux couleurs variées. Les gabarits ne dépassent pas le R+2 ou R+3 dans l’environnement proche.

Forts de ce constat, nous avons conçus deux bâtiments parallèles à la rue respectant le gabarit à R+2 caractérisant le quartier.

Le premier corps de bâtiment (Bâtiment A), est aligné sur rue et s’inscrit à l’angle de la rue Désiré Charton et de la rue Léontine Préaux. Le second corps de bâtiment (Bâtiment B) est en fond de parcelle.

Cette implantation définit un aspect « double face » au projet. Un immeuble urbain sur rue et un immeuble «paysagé» en cœur d’îlot.

L’espace créé entre les deux immeubles définit le jardin intérieur partagé. Ce jardin sera à la fois un lieu de passage pour distribuer les logements et un espace paysagé disponible pour tous les habitants.

 

Les matériaux de façades

Les façades des immeubles ne suivent pas une logique définie et les échelles et trames urbaines se mélangent entre maisons individuelles, immeubles d’habitation et bâtiments d’activités assez allongés. Les seuls points communs sont la typologie des toitures (toits en pente) et des façades minérales: béton, enduits et peintures.

A partir de ce constat, nous avons conçu les deux immeubles en respectant l’identité de quartier.

La façade sur rue est constituée d’un socle en béton lasuré à la teinte grise soutenue, sur lequel sont superposées des maisons habillées en bardage bois de teinte claire. Le socle a une forme variée sur la rue Désiré Charton, ce qui confère un effet graphique à la façade.

Les maisons superposées ainsi que les parties en loggia et les gardes corps des terrasses/balcons sont prévus en bardage bois. Elles présentent des toits en pente reprenant le motif des toitures du quartier.

Sur cour, la façade du bâtiment A, rythmée par les toits en pente, présente sur les deux niveaux supérieurs un bardage bois à la teinte claire. Les parties en creux, (en correspondance des coursives) sont en enduit blanc, comme le socle.

La façade du bâtiment B, présente un socle en enduit blanc sur lequel sont posés deux volumes, l’un en enduit blanc et l’autre en bardage bois dito bâtiment A.

 

3 — Les espaces extérieurs collectifs

 

Jardin en rez-de-chaussée

Le jardin du rez-de-chaussée, entièrement en pleine terre, a plusieurs fonctions: il est à la fois un espace de distribution piétonne, un espace de convivialité et un jardin de pluie pour la gestion en surface des eaux pluviales.

 

Il est planté d’arbres de haute tige et de petites cépées à écorces décoratives, ainsi que de massifs de graminées et d’arbustes. La mise à distance des logements et du bord de la noue est réalisée à l’aide de massifs d’arbustes et de graminées.

Ils formeront un écran d’environ 80cm de haut pour assurer l’intimité dans les logements.

Les espaces engazonnés sont tous collectifs, mais l’appropriation de l’espace devant les logements est attendue.

Dans cet esprit, il n’y a pas de clôture mitoyenne entre les logements donnant sur le jardin collectif.

Deux noues longent le bord nord du cheminement, elles constituent un outil de gestion de l’eau pluviale et également le point de composition du jardin.

 

Les Circulations à l’air libre

Le système de circulation adopté permet de rendre tous les logements traversants, avec une vue sur la rue Charton et une autre sur le jardin intérieur. À l’angle du bâtiment, les logements ont une double, voire triple orientation.

Les espaces de distribution sont à l’air libre et creusent le volume, produisant des espaces communs généreux que peuvent investir les habitants.

Au delà des surfaces clairement définies pour les habitants dans les usages de loisir, respiration et confort dans l’acte d’habiter, les circulations communes représentent un vrai sujet de réflexion dans la pratique de la conception des logements. Si les circulations à l’air libre ont un rôle de distribution classique, l’échelle que nous leur avons confiée laisse la place à des occupations plus spontanées.

Elles représentent un véritable prolongement extérieur du logis avec une vue sur un paysage spécifique.

A posteriori, nous avons remarqué que les plus jeunes habitants en font un espace de jeu et que les habitants arrivent parfois devant leur logement avec leur propre vélo. Les largeurs des coursives ne se limitent pas strictement à la réglementation mais dépassent les 180 cm afin d’offrir des terrasses communes en complément des prolongements privatifs des logements acquis.

 

Toiture-jardin

L’opération comprend deux toitures-jardins accessibles: la plus importante (270m•) se situe sur le bâtiment sur cour, la seconde de plus petite dimension (90 m•) se situe à l’angle du bâtiment sur rue.

Les fonctions de ces toitures ne sont volontairement pas définies pour permettre une appropriation ultérieure par les habitants. Toutefois, les toitures sont équipées d’un complexe de culture de 80cm d’épaisseur dont la composition est optimale pour la production potagère (terre végétale amendée en compost et sable).



FICHE TECHNIQUE

 

26 logements participatifsdont 3 sociaux et 1 intergénérationnel

Lieu : 11, Rue Désirée Charton93100 Montreuil

Maîtrise d’ouvrage :CPA CPS

Maîtrise d’oeuvre : NZI architectes i+a (structure)wor (fluides)moteec (économiste)

Sdp :1950 m•

RT 2012 -20% Budget :3 060 000 euros

-<br/> Crédit photo : Grazioli Juane -<br/> Crédit photo : Grazioli Juane -<br/> Crédit photo : Grazioli Juane -<br/> Crédit photo : Grazioli Juane Toiture-jardin<br/> Crédit photo : Grazioli Juane -<br/> Crédit photo : Grazioli Juane -<br/> Crédit photo : Grazioli Juane Les espaces extérieurs collectifs<br/> Crédit photo : Grazioli Juane Jardin en rez-de-chaussée<br/> Crédit photo : Grazioli Juane Les circulations à l'air libre<br/> Crédit photo : Grazioli Juane -<br/> Crédit photo : Grazioli Juane -<br/> Crédit photo : Grazioli Juane -<br/> Crédit photo : Grazioli Juane -<br/> Crédit photo : Grazioli Juane -<br/> Crédit photo : Grazioli Juane -<br/> Crédit photo : Grazioli Juane Plan masse plan RDC Plan R+1 Coupe

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