Continuité bâtie et fragmentation

Le bâtiment s'inscrit dans l'alignement de la rue Polissard. Il respecte le gabarit existant et s'accroche au pignon de la façade voisine. Les redans sont évités, car néfastes pour la ville et son usage. Un jeu de plis et de chanfreins permet d'offrir une grande largeur de trottoir et une meilleure devanture commerciale. Sur la nouvelle rue, l'immeuble libère un espace public s'élargissant vers le cœur du nouveau quartier, nécessaire à un bon usage commercial. A l'image du projet livré Place de la Division, nous avons répondu à la volonté forte de continuité urbaine en proposant un plan des masses qui serpente, comme un ruban, le long de la rue Polissard. Le Rez-de-chaussée commercial provoque un glissement et un appel vers la nouvelle rue, vers le nouveau quartier, ce qui amplifie cet effet de continuité. C'est une page qui se tourne, un appel vers le futur quartier… Deux plots de logements sont posés au-dessus de ce socle commercial, avec, entre les deux, une faille. Cette faille permet d'apporter de la lumière vers le cœur d'îlot. Elle est orientée plein Sud et laisse voir le clocher de l'église. L'avantage et la chance du site, c'est aussi de proposer une parcelle d'angle. Cela nous permet de traiter un angle bâti, une façade supplémentaire, ce qui est toujours une richesse architecturale. Les brisures du bâtiment traitent de cette particularité, permettent des perspectives multiples et orientent la vue des habitants tout en limitant au maximum les vis-à-vis.

Toits habités et jeu sculptural des volumes

Un traitement particulier a été apporté à la 5^e façade : soit par des toitures-terrasses privatisées, soit par des jeux de toitures en pentes non accessibles. La liberté de disposition des loggias et le respect des prospects créent des jeux d'altitudes et de terrasses suspendues à ciel ouvert, disposées à différents niveaux. Trois matériaux distincts participent à ce jeu de volumes. Le socle d'activités est revêtu de bardeaux de terre cuite. Le volume simple des logements est revêtu d'un bardage métallique brun mat, tandis que la carapace qui recouvre les balcons et loggias est en enduit blanc. En cœur d'îlot, on retrouve un soubassement en enduit reprenant la teinte des bardeaux de terre cuite. Chacun des deux plots est décomposé en deux, une partie en enduit blanc et l'autre en bardage métallique brun. L'élément architectural qui permet de séparer ces deux parties est la colonne de distribution des logements, largement éclairée naturellement par une façade en polycarbonate.

Deux noyaux : circulations vitrées et logements traversants

Les deux plots desservent chacun trois logements par palier, soit deux traversants et un mono-orienté. Chacun a son propre hall et sa propre distribution verticale. Le rendement Shab/Shon est de l'ordre de 86 %, avec éclairage naturel des parties communes et des couloirs à chaque niveau. La quasi-totalité des appartements sont traversants, ce qui facilite la ventilation naturelle. L'enjeu et la problématique du projet est un travail de recherche sur la notion de façade épaisse, comme entre deux, qui offre et permet des cellules ou typologies nouvelles. En outre, un bâtiment de logement traditionnel auquel on aurait ajouté une carapace, une épaisseur, privilégiant d'autres types de relation avec son environnement. 100% des appartements ont leurs pièces de vie au sud ou à l'ouest. Ils sont donc tous très ensoleillés.

Typologies nouvelles de logements

Les atouts principaux de la façade épaisse sont :

• Un espace intérieur nouveau, filtre de l'intimité des habitants, depuis la rue vers le logement, on contrôle les vis-à-vis autant que les rayonnements solaires.

• Un espace entre-deux, qui organise et articule une autre relation entre les pièces constitutives d'un logement.

• Un principe de gestion bioclimatique des façades permettant apports et protections solaires, par un jeu de variation autour du thème de la loggia et du balcon : ouverte, fermée, double vitrée, la loggia devient simultanément un jardin d'hiver, une pièce en plus, une intercommunication entre pièces ou une simple protection solaire. Les typologies sont développées sur un modèle unique où les pièces s'organisent toutes autour d'un noyau central humide regroupant WC, salle de bain, et la cuisine. Une seule gaine par appartement de 70 cm x 110 cm, dans laquelle nous faisons passer la VMC double flux collective avec échangeur pour récupération de chaleur. Le noyau central de chaque appartement et les couloirs sont recouverts d'un faux plafond, afin de dissimuler les gaines du double flux, qui soufflent au-dessus des portes dans les autres pièces.

Typologies Ouest : loggia ouverte et brise-soleil bioclimatique

Les loggias à l'Ouest sont toutes ouvertes et disposent de volets d'occultation métalliques perforés blanc, pour se protéger du soleil. Les espaces de vie se développent de part et d'autre de la loggia. Un dispositif permet une modulation lumineuse à souhait. La loggia s'inscrit à chaque fois entre la cuisine et le séjour et agrandit visuellement le salon de 3 m.

• système d'isolation polystyrène en sandwich : 10 cm intérieur + voile béton + 10 cm extérieur

• 2,70 m sous-plafond + ventilation double-flux avec récupération de chaleur

• loggias ouvertes pour éviter les surchauffes avec volets métalliques blancs pare-soleil

• appartement traversant bien ventilé

Typologies Sud : loggia fermée, une pièce en plus bioclimatique

Les loggias au Sud sont fermées et isolées, avec du double vitrage côté extérieur et du simple vitrage côté intérieur. L'hiver, elles accumulent de la chaleur, la paroi intérieur en maçonnerie jouant un rôle d'inertie thermique, et la redistribuent dans les pièces de vie. L'été, les fenêtres s'ouvrent et elles deviennent des terrasses couvertes évitant les surchauffes.

• mono-gaine centrale dans chaque appartement de 70 cm x 110 cm

• 2,70 m sous-plafond + ventilation double flux avec récupération de chaleur

• loggias fermée & double vitrée, une pièce en plus, rôle d'inertie thermique

• appartement traversant bien ventilé

Les loggias permettent une réelle liberté au niveau de l'architecture et, mieux que des fenêtres alignées, offrent une flexibilité au niveau des percements. La façade devient un jeu subtil et sculptural d'ombres et de lumière. Les percements sont larges, multiples, des masques pour l'intimité, double vitrés ou persiennés… Le projet cherche à exprimer en façade sa vie intérieure, une expression vivante de l'habité, des creux, des loggias, une variation d'ouvertures … Une carapace blanche, qui permet d'autres relations entre les pièces par les prolongements extérieurs Le projet se lit comme des volumes simples, devant lesquels est construit une double peau, une épaisseur maçonnée, l'attribut bioclimatique et qualitatif. Cette carapace est une dentelle blanche qui offre à chaque logement des espaces extérieurs lumineux et généreux. Elle propose même d'autres relations entre les pièces par les balcons.

Systèmes techniques et constructifs : Optimiser le confort intérieur

1 - La double isolation intérieure/extérieure évite les ponts thermiques, et permet d'incorporer les réseaux électriques dans le doublage de façades (mise en œuvre et maintenance aisées).

2 - Les rupteurs thermiques sont installés dans les nez de dalles des loggias, afin de permettre la continuité de l'isolation.

3 - L'étanchéité à l'air est obtenue grâce à des membranes disposées sur les cadres de fenêtres.

• Objectif : 0,6 m3/h/m2

• Résultats obtenus :

Bâtiment 1 0,27 m3/h/m2

Bâtiment 2 0,53 m3/h/m2

4 - Le renouvellement d'air dans les logements est assuré par un système de ventilation double-flux avec récupérateur de chaleur dans chaque appartement.

Maîtres d'ouvrages : Bondy Habitat
Maîtres d'oeuvres : agence Engasser & associés, architectes - BET : EVP Ingénierie, structure ; AMOES, fluides & HQE ; TECS, économie ; ECHOLOGOS, acoustique.
Entreprises : nc
Surface SHON : 3 000 m²
Coût : 4,2 M € HT

Date de livraison : 2013