Layer Design : système d'étagères pour vente au détail, réalisé avec des tissus en fin de vie revalorisés |
Du déchet à l’objet, voilà ce que
proposent ces deux agences de design qui inscrivent leur démarche dans l’upcycling :
utiliser des objets et des matériaux destinés à être jetés pour les
réintroduire dans la chaîne de consommation après leur avoir redonné une
valeur, une utilisation différente et une destination originale. D’interprétation
et de transformation il est donc aujourd’hui question, comme l’avançaient déjà
l’architecte William McDonough et le chimiste Michael Braungart dans leur livre
Cradle to Cradle en 2002. L’approche
de l’agence Layer et celle de Maximum laissent plus ou moins de place au hasard
et à la sophistication. Toutes deux encouragent néanmoins à s’intéresser très
précisément à chaque processus industriel et à le considérer comme un nouveau
potentiel de ressource. |
Étagère souple À l’occasion du Salon du meuble de Milan, Benjamin Hubert – fondateur
de l’agence de Layer Design – lance Shift, un système d’étagères dédié à
la vente au détail pour le fabricant Kvadrat. Fruit de six mois de recherche et
de l’élaboration d’une dizaine de prototypes, le meuble est composé de planches
textiles Really Solid de Kvadrat : un matériau créé à partir de
tissus en fin de vie revalorisés provenant des industries de la mode et du
textile. De par son nom, Shift fait référence à sa capacité à transformer
facilement un panneau mural acoustique en une étagère utilisée pour l’affichage
et le stockage. Flexible, le système a été conçu pour maximiser l’espace et les
zones d’affichage en réponse aux besoins des environnements de vente au détail.
L’étagère s’adapte aux situations commerciales de forte demande pendant
lesquelles les zones de stockage et d’affichage doivent être prioritaires, comme
aux lancements et aux ouvertures, lorsque l’espace et l’acoustique doivent être
maximisés pour le divertissement. Ainsi, Shift et Really Solid veulent mettre
au défi les industries du design et de l’architecture afin qu’elles repensent
leur utilisation et leur relation aux ressources. De la même manière que Really est basé sur un changement d’état – du
textile recyclé au matériau solide –, Shift repose sur la puissance de la
transformation : de l’étagère au panneau mural acoustique et inversement.
Dénué de vis et de boulon, le système constructif est caractérisé par ses
rainures de scie usinées pour permettre son déploiement et sa flexibilité.
Lorsqu’il est plié contre le mur, Shift agit comme un panneau mural acoustique.
Il est maintenu fermé par une série d’aimants. Tables et assises imprédictibles A.Schulman est une industrie leader de plasturgie, dont le site de
Saint-Germain-Laval est spécialisé dans la coloration du polyéthylène, réduit
en poudre pour assurer un meilleur conditionnement. Pendant ce broyage, les
conduits de la chaîne peuvent garder quelques traces des plastiques précédents.
Afin d’assurer un produit irréprochable, l’usine jette systématiquement les
100 premiers kilos de chaque production. Cette marge de sécurité génère
chaque mois jusqu’à 10 tonnes de rebut… Dans l’atelier de l’agence de
design Maximum, cette poudre est mise dans une machine qui la transforme en
spaghettis de plastique liquide. Un moule unilatéral recueille alors la matière
en fusion, faisant s’opposer une face intérieure maîtrisée et confortable avec
une surface extérieure irrégulière portant le récit de son procédé de
fabrication. C’est le projet de chaise Gravêne, dont les piètements sont issus de chutes
de tonneaux de chêne. La structure de la table Clavex provient, quant à elle,
d’échafaudages de location abîmés. Les designers lui ont alors appliqué une
peinture époxy dont la poudre – à la couleur du hasard – a été
récupérée des circuits d’aspiration industriels. Chaque Clavex porte alors
une couleur unique, mélange de poudres perdues au fil des productions. La surface
de la table est composée d’une cloison vitrée en verre trempé. Des éléments
très souvent jetés car non redécoupables. Autre exemple de production de l’agence, le tabouret Rotoman, dont
l’existence résulte de tests industriels. « Il se produit tout seul,
sans matière ni travail, et sans aucune énergie », expliquent les
designers. Chez A.Schulman, devenu partenaire de l’agence, un opérateur
doit vérifier la conformité de chaque
plastique produit.Ainsi, tous les jours, quelques épreuves sont moulées, observées, puis jetées. Ces planches
présentent une série de tests permettant d’observer la réaction des plastiques
lors de moulages particulièrement fins. Elles doivent leur infime durée de vie au
trop faible potentiel de leur forme, ne répondant qu’à un cahier des charges
pragmatique et fugace. « Le nouveau moule propose un tabouret tatoué des
tests nécessaires à l’entreprise. Après avoir délivré aux ingénieurs ses
précieuses informations, il trouvera en tant qu’assise un rôle durable dans
notre quotidien. Hier, sa forme inutile le condamnait au recyclage. À
présent, chaque test met au monde un tabouret plutôt qu’un déchet. » |
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