staab |
Magie au musée de l'Albertinum de Dresde : suspendues au-dessus de la cour principale, les réserves disparaissent à la vue du visiteur. Un tour de passe-passe réalisé grâce à un système de plafond tendu translucide monté sur des armatures et des cadres. |
Inauguré au XIXe siècle, le musée de l'Albertinum a connu un destin tourmenté. Installé dans les murs d'un arsenal militaire tricentenaire, le bâtiment fut remis au goût du jour par l'architecte Carl Adolf Canzler, qui redessina les façades dans un style néo- Renaissance alors en vogue. Partiellement endommagées lors des bombardements qui détruisirent la ville en février 1945, elles furent reconstruites par les Soviétiques dans les années cinquante. La chute du mur de Berlin ne sonna pas la fin des tourments. En août 2002, le musée fut frappé par les crues centennales qui inondèrent l'Europe centrale. L'Elbe déborda de son lit, noyant les réserves installées dans les caves voûtées de l'édifice. La préservation des oeuvres imposait la recherche d'une solution de stockage sûre, insensible aux risques d'inondation. Les architectes furent invités par concours à proposer des solutions à ce problème. L'agence berlinoise Staab remporta la consultation avec une idée flirtant avec l'absurde : placer les réserves dans un grand volume suspendu au-dessus de la cour principale de l'Albertinum ! Après la crue, les oeuvres avaient été entreposées dans la cour. Il aurait été possible de transformer ce principe de stockage provisoire en stockage pérenne. Cependant, cette disposition ne permettait pas de résoudre les nombreux dysfonctionnements du musée, révélés par Staab lors de la conception du projet. De nombreuses salles ne communiquaient pas entre elles, les accès aux différentes zones d'exposition et les parcours étaient complexes, l'administration était disséminée sans logique dans plusieurs parties du bâtiment. Assurant la mise en sécurité des oeuvres, l'intervention de Staab créait un espace central majeur clarifiant les parcours au sein du musée.
Le volume des réserves est porté par une série de poutres treillis hautes de deux étages franchissant le vide de la cour. Elles mêmes reposent sur des gaines de monte-charge existantes. Pour que le projet soit viable, il fallait que l'«arche de Noé pour l'art» imaginée par l'agence Staab reste imperceptible. Quel visiteur aimerait sentir le poids d'un entrepôt suspendu audessus de sa tête? L'insertion d'un vide laissant passer la lumière zénithale sur toute la périphérie de la boîte contribue à alléger l'ensemble. Mais c'est grâce à une astuce de second oeuvre que les architectes sont parvenus à réellement faire disparaître |
> Autres produits dans la même catégorie |
VOIR ÉGALEMENT
>> Actus brèves
Dans la lignée du béton de chanvre, le groupe de travail La Guilde Sable Vert a révélé en… [...] |
En 1966, dans la forêt amazonienne, Wim Sombroek cartographiait de larges étendues d’un certain … [...] |
Comment concilier, finesse, légèreté, luminosité et élégance pour couvrir des terrains de spor… [...] |
En 2016, l’agence Kengo Kuma And Associates (KKAA) remporte le concours pour l’extension du mus… [...] |
Aux confins de la ligne 13 du métro parisien, la première couronne compte l’une des dernières f… [...] |
On croyait les techniques de fabrication additive par impression 3D reléguées au passé – un on… [...] |
Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :
Vous n'êtes pas identifié. | |||
SE CONNECTER | S'INSCRIRE |
> Questions pro |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6
L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l… |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6
L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent. |