Un « muscle artificiel », qui se contracte et se relâche en fonction de la température de la pièce. |
Un système actuellement étudié par l'agence d'architecture new-yorkaise Decker Yeadon propose d'utiliser un élastomère diélectrique pour réguler les apports solaires. Une version bionique du pare-soleil, à intégrer dans une double peau version 3.0.
|
Parce qu'elle est la plus sujette aux gains et aux pertes d'énergie, la façade fait l'objet de nombreuses recherches et expérimentations. On ne compte plus les systèmes visant soit à capter l'énergie qu'elle reçoit, soit à la dissiper, ou encore à bloquer les calories qu'elle laisserait échapper. Dans ce vaste panorama où défilent stores, capteurs solaires thermiques et photovoltaïques, murs-trombes, le procédé de façade homéostatique (HFS* en anglais) développé par l'agence d'architecture new-yorkaise Decker Yeadon recourt à des technologies inédites dans le BTP, celles des actionneurs élastomères diélectriques (DE). Ces matériaux dits « intelligents » mettent à profit la capacité de certains polymères – capables de s'étirer à plus de 1 000 % de leurs dimensions d'origine – de changer de forme lorsqu'ils sont traversés par un courant électrique. Autre avantage de ces matériaux, leur élasticité au sens physique du terme, c'est-à-dire qu'ils reviennent à leur état initial sans déformations. Des universités suisses travaillent à la fabrication d'actionneurs élastomères diélectriques sous forme de films multicouches fins qui pourraient être utilisés comme muscles artificiels. La recherche spatiale et robotique s'intéresseégalement à cette famille de matériaux. > FLEXION, EXTENSION Le système mis au point par l'agence Decker Yeadon consiste en une feuille d'élastomère diélectrique (un élastomère silicone de 80 μm d'épaisseur recouvert d'un dépôt d'argent de 200 nm) prenant en sandwich une feuille de plastique de 1,5 mm d'épaisseur. Ce complexe se place perpendiculairement au vitrage intérieur d'une façade à double peau. Il est relié à un système de capteurs qui mesurent différents paramètres dans les espaces intérieurs, comme la température et l'ensoleillement. En cas d'échauffement trop important, ces capteurs coupent le courant électrique d'une tension de 2 500 V circulant dans les élastomères diélectriques, dont les faces sont chargées positivement et négativement. L'élastomère se contracte, entraînant une compression de la feuille plastique et le changement de forme du système. La variation volumétrique peut aller jusqu'à l'obturation totale de la façade. L'avantage du système est qu'il fonctionne sans pièce mécanique, ce qui règle en partie les questions d'entretien. Sa consommation électrique reste faible, car si la tension est forte, l'ampérage reste peu important. > UN PROCÉDÉ EN PHASE D'ÉTUDE Le procédé est encore en phase de développement : aucun prototype n'a été réalisé pour l'instant, et les études ne permettent pas de quantifier précisément son impact sur la réduction des consommations énergétiques. Les premiers tests ont mis au jour des phénomènes d'oxydation des électrodes conduisant le courant, un problème qui sera réglé par l'application d'un vernis de protection adéquat. Les architectes cherchent à augmenter l'étirement du matériau. En attendant de voir des systèmes de façade homéostatique sur les parois vitrées de nos immeubles de bureaux, une vidéo présentée sur le site de l'agence offre une simulation du procédé en fonctionnement. > www.deckeryeadon.com |
> Autres produits dans la même catégorie |
VOIR ÉGALEMENT
>> Actus brèves
Dans la lignée du béton de chanvre, le groupe de travail La Guilde Sable Vert a révélé en… [...] |
En 1966, dans la forêt amazonienne, Wim Sombroek cartographiait de larges étendues d’un certain … [...] |
Comment concilier, finesse, légèreté, luminosité et élégance pour couvrir des terrains de spor… [...] |
En 2016, l’agence Kengo Kuma And Associates (KKAA) remporte le concours pour l’extension du mus… [...] |
Aux confins de la ligne 13 du métro parisien, la première couronne compte l’une des dernières f… [...] |
On croyait les techniques de fabrication additive par impression 3D reléguées au passé – un on… [...] |
Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :
Vous n'êtes pas identifié. | |||
SE CONNECTER | S'INSCRIRE |
Gabriel DEGOTT - Web Agency | le 25/08/2011 |
Superbe matériau
> Questions pro |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6
L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l… |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6
L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent. |