Thinking Design, Blueprint for an Architecture of Typology, Andreas Lechner, en anglais, 23 x 31 cm, 480 p., 444 illus., 58 euros.
Tout étudiant (et enseignant !) en architecture devrait avoir près de lui cette superbe somme, qu’on pourrait présenter comme une sorte d’actualisation du best-seller des années 1970 écrit par Nikolaus Pevsner, A History of Building Types. Mais là où le grand historien germano-britannique narrait un récit chronologique unitaire et fondait son discours visuel essentiellement sur des photographies, ce « manuel » n’a recours qu’au (re)dessin – tout comme, il y a plus d’un siècle, Jean-Nicolas-Louis Durand dans son Recueil et Parallèle et dans son Précis. Ces derniers, références incontournables en matière de pédagogie du projet par l’exemple, sont au demeurant salués plusieurs fois par l’auteur, architecte praticien et enseignant à l’école d’architecture de l’université de Graz (Autriche). L’ouvrage est réglé comme du (beau) papier à musique, dans un grand format à la mise en pages aérée qui met en valeur les documents en noir et blanc : douze typologies sont distinguées ; elles sont illustrées par 12 exemples – 12 doubles pages – tous documentés par un bref texte explicatif et trois documents : plan, coupe, élévation ou axonométrie. Tous sont redessinés dans un même graphisme et reproduits à une échelle clairement spécifiée – un rêve d’architecte ! En ouverture du volume, la confrontation des plans des 144 exemples remis à une seule échelle a quelque chose de vertigineux, qui réunit de manière analytique vingt-cinq siècles d’architecture sur une double page. Les exemples vont en effet de la Grèce antique à aujourd’hui, de Polyclète le Jeune à Sanaa en passant par Palladio, Schinkel ou Le Corbusier, avec un tropisme marqué pour le XXe siècle.
Théâtres, musées, bibliothèques, édifices institutionnels, bureaux, équipements de loisirs, édifices religieux, commerces, usines, établissements d’enseignement, lieux d’enfermement ou de retraite, hôpitaux : on trouve (presque) tout dans ce manuel, qui est aussi un beau livre. Fruit de plusieurs années d’enseignement du projet et d’une thèse, c’est une célébration de la culture du dessin architectural – culture qui perdure, quoi qu’on en dise, même à l’ère du numérique. Nous recommandons un jeu de société pour animer les soirées entre architectes : regarder les douze doubles pages d’introduction de chaque type, où sont reproduits à la même échelle les douze édifices exemplaires retenus ; le premier qui les a tous identifiés a gagné. GMJ