Face à la
catastrophe climatique dont l’opinion publique a largement pris la mesure avec
la terrible année 2022, faite de canicules durant l’été et de pénurie d’énergie
durant l’hiver, et qui bouleverse la nature chimique, physique et biologique de
la zone critique terrestre dans laquelle nous habitons (de la lithosphère à l’atmosphère),
il est important aujourd’hui de comprendre comment se transforment (et vont se
transformer) en conséquence les valeurs morales, juridiques ou esthétiques et
plus généralement comment le réchauffement climatique révolutionne le politique
et la culture. La thèse que nous soutenons ici sera celle d’un retour en
architecture de la notion de « commodité », une catégorie esthétique
disqualifiée par l’usage des énergies fossiles au XXe siècle,
oubliée durant la postmodernité, mais qui constituait autrefois avec la
solidité et la beauté (ou la distinction) la triade originale permettant de
définir une œuvre d’art. |
Dans un
intéressant récit de voyage publié en 19371,
l’architecte allemand Bruno Taut, fuyant l’Allemagne nazie, analyse la maison
japonaise d’avant l’introduction des énergies fossiles, d’avant le chauffage
central et l’air conditionné. Mais s’il la regarde d’un point de vue
architectural, constructif et spatial, il ne manque pas de regarder aussi les
mœurs et les coutumes culturelles de ses habitants, qui y sont afférents et
même, explique-t-il, totalement corrélés. Il constate tout d’abord que les
matériaux et le mode de construction de la maison japonaise (aux parois de
papier, d’où une inétanchéité des façades qui laissent les vents extérieurs
pénétrer l’intérieur) sont totalement inadéquats pour faire face au froid
glacial habituel des hivers japonais. Mais il comprend immédiatement que,
contrairement aux maisons en bois bien isolées, bien étanches, bien chaudes que
l’on trouve en Russie ou en Scandinavie, c’est en réalité la saison chaude qui
est crainte des Japonais bien plus que la saison froide et ce sont donc des
stratégies architecturales pour lutter contre la chaleur qui ont prévalu dans
la conception de la maison. Car les étés sont longs et caniculaires au Japon et
la maison, qui se laisse traverser par les vents rafraîchissants, qui crée une
ombre large mettant à distance l’ardeur du soleil, et déploie ses vérandas, crée
le refuge climatique idéal pour y rendre la vie estivale supportable. Dès lors,
comment les Japonais supportent-ils la froideur de l’hiver si l’architecture ne
remplit pas son rôle ?
La disparition
Que se passe-t-il quand le chauffage central et l’air conditionné arrivent dans la maison japonaise au tournant des années 1950 ? Chacun le comprendra. Toutes les raisons climatiques qui avaient prévalu à une certaine silhouette humaine repliée sur un tatami, le kimono, la nécessité de se regrouper et de se coller les uns contre les autres pour se réchauffer en hiver perdent leur raison thermique, pour (...)
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