Jeremy Edwards : l’art d’accommoder les restes

Rédigé par Anne FREMY
Publié le 17/12/2024

Berlin Ladder

Article paru dans d'A n°322

Les objets qui inspirent le designer Jeremy Edwards sont singuliers : à l’histoire du design, qu’il connaît parfaitement, il préfère les « objets anonymes » qu’il repère dans la rue. Depuis plusieurs années, il photographie sans prétention ces artefacts nés de l’improvisation et de la débrouillardise de leurs auteurs. C’est en observant ces objets trouvés qu’il a élaboré sa propre vision du design, en concevant par exemple une partie de ses créations à même la rue, à partir de matériaux abandonnés qu’il transforme sur place pour les laisser ensuite à la disposition des passants.

Jeremy Edwards n’est pas un photographe professionnel. Néanmoins, la photographie tient une place significative dans sa pratique et ces images sont l’équivalent de notes prises sur le vif. À l’instar de Jasper Morrison ou d’Ettore Sottsass, la ville et la rue sont pour lui des sources d’inspiration fertiles. Il y est à l’affût de ces bricolages faits de combinaisons et d’alliances souvent improbables, sans autre aspiration que de résoudre un besoin ou un problème immédiats, avec ce qui est là, sous la main. Ici, c’est l’occasion qui fait le larron et c’est la pauvreté des moyens qui convoque l’invention. Comme tout « art d’accommoder les restes », ce sont des arrangements uniques et non reproductibles, réalisés sur le mode du collage, de la juxtaposition, du détournement et de la trouvaille. Ils sont composés de bric et de broc, des « presque rien » hétérogènes dont l’assemblage opportun donne naissance à des objets utilitaires astucieux, insolites et poétiques. Comme le disait avec humour le sculpteur Jean Tinguely à propos de son œuvre : « C’est comme des mariages d’amour et de raison : des choses s’attirent et je les mets ensemble, ou bien elles ne s’attirent pas et je les mets ensemble. »
Ce design sans designer nous renvoie à (...)

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