Habiter les vacances |
Du début des années 1960 à la fin de la décennie 1970, le secteur du tourisme a constitué pour certains architectes français une fenêtre de commande opportune ainsi qu’un terrain idéal pour l’expression des doctrines urbaines et formelles et pour les investigations typologiques. Relogés et équipés du confort moderne, les Français pouvaient enfin penser à profiter de leurs congés payés, et le tourisme était inscrit par l’État à son IVe plan en 1961 comme un enjeu majeur pour l’aménagement du territoire national. Alors que la DATAR consacrait ses premières grandes missions au développement « équilibré » de la montagne et des littoraux aquitain et languedocien, promoteurs privés ou opérateurs du tourisme social initiaient, eux, une série de projets immobiliers qui lèguent aujourd’hui un patrimoine architectural précieux sur la Côte d’Azur. De Bandol à Saint-Raphaël, le littoral varois fut ainsi à la fois saisi comme un laboratoire et une chambre d’écho des questions qui se posaient alors à l’architecture moderne des Trente Glorieuses. Expression des ensembles ou unités de voisinage, inscription dans le paysage, rapport à l’automobile, investigations programmatiques et typologiques autour des espaces communs, réflexions sur la distribution et la compacité des appartements… Autant de paramètres qui font les « dispositifs balnéaires », que Pascale Bartoli a recensés et étudiés dans le détail, en visitant les opérations dans leurs états et usages actuels et en menant un passionnant travail d’archives pour exhumer dessins et esquisses d’une trentaine de projets, dont certains sont restés de papier. |
Jean Dubuisson, Georges Candilis, l’Atelier de Montrouge, François Spoerry… certains noms restent aujourd’hui plus connus que d’autres, dont on redécouvre à l’occasion l’apport. Ainsi, aux lecteurs qui se déconfineraient cet été dans le Var, on ne peut que conseiller un détour ou un séjour au Domaine du Gaou-Bénat à Bormes-les-Mimosas (André Lefèvre-Devaux et Jean Aubert, arch.) ou au VVF de Giens (André Devin, arch.).
On l’aura compris, Habiter les vacances ne constitue pas seulement un excellent guide d’architecture pour qui souhaite sillonner le littoral varois : il contribue aussi à documenter cette période clé de l’histoire de l’architecture française, lors de laquelle à la montagne comme à la mer, on cherchait, déjà , à réapprendre à vivre dehors.
Pascale Bartoli, Habiter les vacances, Architectures et urbanisme des Trente Glorieuses sur le littoral du Var, Marseille : éditions Imbernon, mars 2020, 180 x 297, 224 p., 30 euros.
Dum Dum, Lukasz Wojciechowski, éditions çà & là 21 x 15 cm, 272 p., 25 euros [...] |
La couleur des choses, Martin Panchaud, Éditions çà et là , 17 x 23 cm, 236 p., 24 euros [...] |
Que notre joie demeure, Kevin Lambert, éditions Le Nouvel Attila20 x 14 cm, 368 p., 19,50 euros. [...] |
Tentatives périlleuses, Treize tragédies architecturales, Charlotte van den Broeck, Héloïse d’… [...] |
La Grande révolution domestique, Dolores Hayden, Éditions B4214 x 22 cm, 376 p., 29 euros. [...] |
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