On aurait dû s’y attendre. Après avoir inventé Paris-Plage®, le cauchemar de Palavas-les-Flots transporté sur les berges de Seine (ou comment cultiver son mélanome entre deux palmiers en pot à deux pas des Halles), on nous a offert Paris-vert® : l’univers agressif et si inhumain (sic) de la ville réenchanté par des pignons végétalisés, des immeubles-camouflages et des navets bio dans des potagers de quartier. On a eu la mer et la campagne, on a pour l’instant échappé à Paris-blanc® et ses canons à neige sur la Butte-aux-Cailles, mais ne mésestimons pas les ressources des services de la com’. Alors que l’on se réjouissait de la fin du règne des grandes idéologies urbaines, on est saisi de doute devant cette nouvelle imagerie de carte postale. Face à tant de fantaisie et d’exotisme, Paris se devait de redevenir Paris ! Après avoir repoussé le spectre de la hauteur, laissant Londres, Barcelone ou Gênes affronter seules le XXIe siècle, il fallait réagir. Ne pouvant étendre le musée d’Orsay aux limites de la capitale, il fallait inventer un nouveau concept. C’est désormais chose faite avec Paris-Paris®. Paris-Paris® c’est le nouveau parc à thème accessible en RER directement depuis Disneyland Paris®. Paris-Paris®, c’est Paris avec plein de morceaux de baron Haussmann, de Cosette, d’Arletty et d’Amélie Poulain dedans. Paris, mais avec plus de Paris dedans. Un bonheur de tour operator.
On l’aura compris, la fête est finie : les zélateurs du shopping sont renvoyés à leurs « roukoolhaasseries », le noir flamboyant de Jean Nouvel est redevenu une couleur de deuil. David Mangin reste seul dans l’arène, future victime expiatoire du grand Barnum architectural.
Autant aller au parc Astérix. « Qui a dit que mon poisson était pas frais ? »
Emmanuel Caille®
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