Écologie, que de crimes commis en ton nom ! Pendant que cyniques et opportunistes tentent de camoufler l’indigence de réflexions architecturales ou urbaines sous une sympathique choucroute verte, certains veulent imposer un « label HQE », comme si le souci environnemental n’était pas constitutif de l’éthique architecturale ! L’architecte Gilles Perraudin, pionnier et figure emblématique des démarches écologiques en Europe, nous a envoyé ces paroles rageuses :
« La France a pris un retard considérable par rapport à ses voisins européens, mais les Français sont incapables d'engager le moindre changement sans pondre une nouvelle réglementation. On assiste aujourd’hui à une affligeante aberration : on passe plus de temps à débattre du contenu de la certification “HQE” qu'à l’appliquer ! Cette future certification, qui présente la qualité environnementale comme une problématique nouvelle, laisse croire qu'il n'y a jamais eu d'architecture écologique en France. Ceux qui la pratiquent depuis longtemps peuvent confirmer que nous n'avons pas attendu de savoir sur quelle cible il fallait tirer pour engager le combat en faveur de la sauvegarde de notre environnement. L'institution d'une réglementation entraîne la mise en place de “contrôleurs” et l’apparition de “conseillers HQE” qui alourdissent les études et allongent les délais. Comment établir une relation de travail saine dans ces conditions ? Le seul critère à contrôler en la matière est celui qui a conduit nos ancêtres à construire dans les lieux à l’écart des risques climatiques, avec une forme et une implantation profitant des sources d’énergies gratuites, en se préservant des rigueurs climatiques et en utilisant des matériaux locaux. Certains maîtres d'ouvrage, déresponsabilisés par la prétendue “qualification HQE”, engagent des projets d'un misérabilisme environnemental lamentable avec des maîtres d'œuvre récemment estampillés “HQE”, qui se jettent allègrement sur ce “marché émergent”. Si chaque architecte, chaque aménageur s’interdisait de participer à des opérations qui ne respectent pas l’environnement, nous n'aurions plus besoin de certification “HQE”. Notre mission d’architecte n'est pas de satisfaire à une nouvelle norme, mais d’être fidèle à une éthique, qui est le cœur de notre profession. »
De son dossier du mois aux concours de la Ville de Paris, ce numéro de d’Architectures est donc consacré aux relations ambiguës qu’entretiennent aujourd’hui les architectes avec les préoccupations environnementales. Pour en finir avec le concept « HQE » ?
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