L'informalité. Favela Ribeirao Jaguaré à Sao Paulo |
Dossier réalisé par Jean Jacques SENDRA Par l'ampleur de son développement et la spécificité de ses modes de fonctionnement, l'habitat informel questionne les savoir-faire et la légitimité des architectes et de l'ensemble des acteurs de l'aménagement du territoire. Il ne s'agit plus aujourd'hui de nier ces formes dissidentes d'urbanité mais d'en comprendre les potentialités. Leurs formes de résistance et leur force de résilience sont un enseignement indispensable pour comprendre la ville du XXIe siècle. |
C'est à une véritable régénération des pratiques architecturales et citoyennes que nous convient ces expériences. L'image que nous nous faisons des favelas est celle de quartiers en périphérie de la ville qui deviennent à leur tour ville, accueillant chaque jour de nouvelles populations que l'espace urbain draine dans leur exil. Un monde parallèle, difficilement accessible, qui vient pourtant jusqu'au bord de la ville reconnue, désignée, constituée. Elle s'immisce même souvent à l'intérieur de celle-ci, mais toujours avec une frange, une marge qui tient à distance. Cette limite imprécise du formel et de l'informel est sans cesse traversée. Deux lieux, deux entités, deux identités aussi, et l'acceptation d'une nécessaire cohabitation mais en veillant bien à créer toujours une distance.
Dans la seule ville de São Paulo, 3 millions de personnes vivent dans des conditions de précarité absolue ; ailleurs, dans les autres régions du Brésil, 85 millions de personnes ont été accueillies dans des aires urbaines, entre les années soixante et quatre-vingt-dix. La prise de conscience de l'ampleur de la situation et de son aggravation a obligé à porter un regard différent sur cette réalité. Au concept de la table rase, qui prônait la destruction systématique de toute occupation irrégulière et la construction d'ensembles de logements en périphérie, s'est progressivement substituée la reconnaissance de cet habitat proliférant sans projet global. Une nouvelle attitude, où l'on prend davantage en compte les liens économiques et sociaux qui font vivre ces quartiers.
Les premières interventions à Rio de Janeiro sont dues, dès 1964, à Carlos Nelson Ferreira dos Santos (1943-1989). Architecte, urbaniste et anthropologue, il débute sa carrière par des recherches sur l'habitation populaire. Il est alors responsable de la Fédération des favelas de l'État de Guanabara et donc de l'élaboration de plans d'urbanisation de favelas. En 1975, il devient directeur du centre d'étude et d'enquête urbaine de l'Institut brésilien de l'administration municipale (IBAM). Il est le premier à s'opposer à la destruction des favelas du quartier Bràs de Pina et à la relégation de ses habitants dans des « réserves » périphériques.
Cette attitude – transformer plutôt que détruire – a fondé le programme Favela Bairro de la préfecture de Rio de Janeiro au début des années quatre-vingt-dix. Il est financé par la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement.
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N° 208 - Mai 2012
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