L'île de Zhoushan |
Dossier réalisé par Jana REVEDIN |
Avec ses temples bouddhistes et ses collines verdoyantes, il est depuis toujours un lieu de voyage et de pèlerinage. Dans le port, les cales et les bassins de radoub sont devenus trop petits pour les bateaux de grande pêche. En 2008, la préfecture de Zhoushan décide de le transformer en site d'accueil culturel autour d'un nouveau musée d'art moderne et en confie le projet à Wang Shu. Ce dernier ne veut pas raser le site mais réutiliser les bâtiments existants, une proposition renversante… Wang Shu a déjà mené et remporté une bataille semblable à Hangzhou, pour la rénovation de la rue historique Tchong Chang Lu : « pour la première fois, rénover une rue n'a pas signifié détruire pour élargir… »
PREMIÈRES DISCUSSIONS
En janvier 2010, Wang Shu propose d'associer des lauréats du Global Award au projet, afin qu'ils apportent une culture de la rénovation urbaine qui a disparu depuis quarante ans en Chine. L'idée convainc les autorités. La participation de plusieurs équipes va démultiplier l'effet d'exemple : Wang Shu souhaite travailler en workshop avec un réseau d'architectes qui partagent la même éthique. Le LOCUS Fund prend la coordination en main et en mai 2010, huit équipes d'architectes viennent découvrir le port et rencontrer les acteurs. Sur le site, quinze bâtiments, à créer ou à réhabiliter, sont attribués selon un plan soigneusement préparé par Wang Shu et Lu Wenyu. Eux-mêmes coordonneront le plan-masse et construiront le nouveau musée, futur pôle. Les esquisses sont rendues à l'été. Un deuxième workshop est organisé en octobre 2010 avec les équipes de la ville pour valider les propositions. Les architectes remettent en question le nouveau réseau de circulation, qui « tranche » encore le site trop brutalement. Ils font valoir qu'entre tous les projets, un « espace public » est à concevoir et qu'il est indispensable que les architectes travaillent maintenant ensemble pour mener ce travail. Les propositions surprennent les autorités mais Wang Shu les soutient. Les projets publiés ici ont été remis fin 2010 et sont actuellement examinés pour leur accorder l'équivalent chinois de leur permis de construire. Un troisième workshop sera alors organisé.
L'élaboration du projet par des partenaires de cultures différentes reste cependant difficile. Mais c'est le sens même de l'entre-prise que de créer cet échange, ainsi que Wang Shu lui-même l'a rappelé en septembre 2010 dans un message adressé à ses partenaires : « S'engager dans l'architecture durable, c'est vouloir affronter les difficultés de chaque site. Le projet de Zhoushan a été très difficile à lancer. Rénover les villes chinoises signifie aujourd'hui raser et reconstruire. Cette méthode est peu coûteuse et procure de grands avantages. Le projet de Zhoushan suit une voie totalement différente, pour la première fois dans cette ville et sur un site très important. Pour lancer le projet, j'ai discuté avec la Préfecture pendant deux ans. Les avis de ses services sont aujourd'hui encore très divisés. En raison de la dimension du site, les autorités locales accordent une grande importance à ce projet et cela fait peser une forte pression sur le processus. Mais c'est déjà un grand succès pour l'architecture durable que le projet soit lancé et que les architectes du Global Award soient commissionnés. »
Il ajoutait : « Face à cette réalité, il est prévisible que le projet sera compliqué. Chaque étape est difficile. En raison de la délicate question de la différence de culture, les idées des architectes rencontreront des obstacles ou mettront même en question la faisabi-lité du projet. Le client ne peut fournir de relevés détaillés du site, ce qui gênera les architectes en charge de la rénovation des bâtiments. Mais la vraie difficulté sera dans le cœur même des architectes, dans la poursuite et l'exploration du concept même d'"architecture durable" et de ses méthodes. La pression intérieure et le souci de la réaction des habitants rendent le client très prudent dans l'acceptation de chaque projet. L'architecture durable ne peut pas se limiter à ses seuls aspects écologiques ou technologiques, elle doit se préoccuper des résidents locaux, de leur vie, de leur société, de leur culture. Je ferai de mon mieux pour faire avancer le projet avec vous tous. Je pense que chaque pas en avant sera un succès. »
LE JARDIN DES ACTIVITÉS CULTURELLES LUJIAZHI
Architecte : Philippe Samyn, Philippe Samyn and Partners
À l'arrière du port, à flanc de montagne, une ancienne carrière a servi à stocker les citernes de gaz qui alimentent les fabriques du port. Le projet comprend un petit hôtel de 20 chambres et un amphithéâtre en plein air. Philippe Samyn a proposé la construction d'unités-chambres légères, reliées par un ascenseur enveloppé de métal perforé.
Architecte : Françoise-Hélène Jourda, Jourda architectes
Le programme prévoit la rénovation d'un ensemble de bâtiments portuaires en programme d'accueil : galeries d'exposition, restaurants et cafés, espaces tertiaires. Les édifices existants forment un U. Le projet les relie et crée une cour intérieure au moyen d'une galerie de desserte, construite en bois et recouverte en toiture de panneaux photovoltaïques.
Ateliers de métallerie et usine à glace, Architecte : Francis Diébédo Kéré
Des bâtiments industriels, situés à l'arrière du port, contre la montagne, sont transformés en immeubles d'ateliers pour artistes et en galeries. Les deux énormes constructions (le P12 abrite d'anciens ateliers de métallerie du port et le P14, une usine de fabrication de pains de glace), forment un V, ouvert sur une aire qui sera bordée ultérieurement par le musée d'Art et qui formera une place intérieure, de l'autre côté du port. L'atelier de métallerie ne pourra pas être conservé.
Architectes : Sami Rintala et Dagur Eggertsson
Dans l'ancienne forme de radoub à bateaux, seront installés un café et deux petits auditoriums de plein air pour des performances. Les architectes utilisent les mouvements de la marée pour modifier la configuration des scènes qui flottent au gré du niveau de l'eau. Le bassin peut cependant être laissé hors d'eau ou permettre de faire entrer des vieux gréements grâce à une passerelle mobile. Le lieu devient alors un prolongement du musée de la Marine voisin.
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