Rencontre avec le duo d'artistes Nonotak Studio

Rédigé par Murielle TEGUEL
Publié le 11/12/2012

isotopes

Nonotak studio, ou la rencontre de deux artistes de 24 ans, Takami Nakamoto architecte-musicien et Noemi Schipfer artiste-illustratrice-graphic designer. Ensemble ils proposent des installations qui mettent en relation l'espace, l'image et le son, dans une recherche constante d'abstraction et de dématérialisation. Chacun de leur projet fait autant appel à notre perception visuelle que sonore de l'espace qui nous entoure. L'instabilité dans laquelle nous plonge leur dernière installation ISOTOPES est, dans l'après Fukushima, une manière de tenir notre conscience en éveil.

Pour voir la vidéo du projet ISOTOPES cliquez ici

Comment est née votre collaboration?

Nonotak studio est tout d'abord une collaboration entre un architecte/musicien et une illustratrice. Nous cherchons à mettre en relation l'espace, le son et l'image. Nous nous sommes rencontrés à Tokyo alors que Takami effectuait un stage dans une agence d'architecture et que Noemi préparait son premier livre d'auteur. Nous existons de manière "officielle" depuis bientôt un an après avoir réalisé notre première commande publique HIDE & SEEK, un projet de fresque phosphorescente financé par la SIEMP dans le porche d'entrée de logements sociaux conçus par l'agence BIGONI MORTEMARD avec qui Takami collabore en tant qu'architecte.

Nous travaillons la nuit car nous sommes plus productifs. Toute la musique est réalisée entièrement par Takami. Les sons sont parfois créés à partir des images, tout comme les images à partir des sons. C'est la relation étroite entre les sons et les images qui nous permet de sculpter le projet, commencer à lui donner une identité. En travaillant simultanément ces deux modes d'expressions nous arrivons à rester constamment dans une démarche expérimentale.

Que vous apporte ce travail par rapport à un travail d'architecte?

Notre cherchons à modeler des espaces ou à les habiter. Alors que l'architecture doit faire face à d'importantes contraintes, l'installation permet d'exprimer une plus forte abstraction, d'explorer diverses échelles ainsi que d'y apporter la dimension musicale. Le procédé utilisé pour Isotopes nous permet d'envisager de nombreuses déclinaisons que nous aimerions expérimenter à travers une série.

Nous aimerions expérimenter les multiples possibilités offertes par le procédé d'Isotopes à travers d'autres installations.

Comment est né le concept développé sur le projet ISOTOPES ?

L'idée principale d'ISOTOPES est de générer un espace dématérialisé.

L'élément déclencheur provient de notre perception de l'atmosphère de l'après Fukushima. Vivant entre Paris et Tokyo, la contamination soudaine d'un lieu directement relié à l'enfance et au souvenir nous a poussé à réfléchir à la fragilité d'une réalité. Cet impossible retour en arrière reflète la brutalité des changements du monde qui nous entoure et replace l'existence de chaque individu à l'échelle d'une fiction.

L'installation est un lieu ouvert. Elle devient aussi prison. D'abord attiré par l'aspect hypnotique de la lumière, le spectateur se retrouve absorbé en son coeur. Le rythme et l'intensité de plus en plus violents génèrent une paroi immatérielle. Il est facile d'y entrer et difficile d'en ressortir. Le piège est aussi celui du nucléaire. D'abord séduit par une nouvelle énergie l'homme se retrouve bientôt coincé par une force instable. Le rythme des images et du son évoque la conscience chez les Japonais de la présence de la radioactivité qui les entoure. Parfois elle est oubliée comme la lueur douce d'une veilleuse. Parfois la conscience reprend le dessus, et la crainte revient, remettant en cause tous ses propres repères. À travers la métamorphose de son apparence, cette installation se veut une projection visuelle d'état psychologique, laissant le spectateur désorienté entre ce qui a existé et ce qui n'est plus, se retrouvant seul avec le spectre de ses sensations éphémères.

Comment avez-vous concrètement produit cette installation?

L'idée était de faire flotter et démultiplier des images dans l'air afin d'obtenir une paroi abstraite, d'où le recours à une projection sur des surfaces transparentes : des moustiquaires. En démultipliant les images nous sortons du format "2d", et obtenons un effet proche de l'hologramme. La projection nous permet de dompter la lumière.

ISOTOPES comporte 4 rangées de moustiquaires disposées de manière a former un carré. Les moustiquaires sont suspendus les unes derrière les autres afin de recevoir de manière progressive la projection et de multiplier les images. L'intervalle entre les moustiquaires se dilate petit à petit jusqu'à recréer naturellement une entrée à l'installation. Cette disposition a été choisi afin de permettre à la lumière de ne pas être bloquée là où elle est la plus intense, et dirige le spectateur vers un passage en fin de chaine où elle s'estompe avant de disparaître.

Avez-vous d'autres projets en cours?

Nous préparons actuellement une installation scénique pour accompagner la tournée américaine du groupe Animals as leaders. Une résidence est prévue avec eux à Los Angeles en février 2013. Des projets sont également à l'étude avec l'agence d'architecture Bigoni-Mortemard.


Takami Nakamoto & Noemi Schipfer - Nonotak Studio


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