Querelles de ménage au TGI |
La vie du nouveau Palais de Justice, dessiné
par Renzo Piano et livré en avril 2018 dans le quartier des Batignolles,
connaît depuis ses quelques mois d’existence quelques turbulences internes. Le
partenariat public privé (PPP) auquel se sont essayés l’institution judiciaire
et le groupe Arélia, reçu par beaucoup avec scepticisme, semble ici révéler ses
limites au point que le journal Le Monde en a fait hier sa une. |
En février 2012, un partenariat public privé
était signé entre l'Établissement Public du Palais de Justice de Paris et le
groupe Bouygues. Ce type de contrat permet à l’État de faire financer un
bâtiment par les géants du BTP, auxquels il s'engage à verser d'importants
loyers, incluant parfois le coût de l'entretien et de la maintenance, sur des
durées de 15, 30, voire 40 ans. Ce type de marché permet de lancer de vastes
programmes sans engager immédiatement des dépenses trop élevées, en reportant Ã
plus tard leur paiement. Des PPP ont par exemple été signés pour le financement
du Ministère de la Défense à Balard ou encore la Seine Musicale à Boulogne.
Pour le Tribunal de Grande Instance (TGI), l’État s’est engagé à payer un loyer
pendant vingt-sept ans à la société Arélia. Bouygues, qui est actionnaire de
cette dernière, a mené les travaux du nouveau tribunal, et assure aujourd’hui
sa maintenance.
Un an après la signature du contrat, un rapport
de la Cour des Comptes déplorait le coût considérable des PPP, qui augmente de
façon exponentiel, les loyers étant multipliés au fur et à mesure des années.
Il était reproché au ministère l’absence de mise en place d’une politique
budgétaire concrète permettant de soutenir sur le long terme les engagements
pris dans les PPP. Ce type de contrat réduit en outre le nombre d’acteurs des
marchés : seules les sociétés ayant un poids financier, juridique et
administratif suffisants pour répondre à ces appels d'offres peuvent s’y
engager. Enfin, la maîtrise d'œuvre tend à perdre de sa légitimité, en étant
subordonnée au groupe privé, lui-même mû par la nécessité de se constituer une
marge maximale.
Les débuts chaotiques du TGI de Paris ont
révélé un autre problème, la difficile entente entre les propriétaires et les
occupants du lieu, le président du tribunal, Jean-Michel Hayat bénéficiant
d’une marge de manœuvre assez réduite dans la gestion de l’institution
juridique. En témoignent les évènements récents, relatés dans l’article «
L’ubuesque gestion privée du Palais de Justice de Paris » publié en une du
Monde, les doléances émanent des deux côtés. La société propriétaire dépose de
son côté des plaintes pénales quand surviennent des altérations dans l’édifice.
Les magistrats, eux, regrettent de ne pouvoir disposer comme ils le souhaitent
des murs de leurs propres bureaux, qui ne leurs appartiennent pas, ou des
délais requis pour installer une prise. Ils dénoncent un manque de transparence
des montants demandés par Arelia pour l’organisation des audiences, et la
température trop basse de certaines salles, autour des « 19° gravés dans le
contrat » signé en 2012. Le PPP engendre une lourdeur des décisions, les
nombreux ajustements que réclame un bâtiment neuf mettant des mois à se
résoudre. Les surcoûts sont considérables, tout ce qui n’est pas inscrit dans
le contrat initial étant payant, jusqu’aux tableaux de présentation. Ces
mésententes sont-elles temporaires, liées à la « mise en route » d’un bâtiment
récent, ou préfigurent-elles le déclin des contrats PPP, que beaucoup
souhaitent voir disparaître ? Si les conflits s’éternisent, les plus endurants
peuvent prendre leur mal en patience, le TGI retournera entre les mains de
l’Etat en 2044…
Pour consulter l’article du Monde :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/12/couts-exorbitants-dialogues-de-sourds-enquete-sur-la-gestion-ubuesque-du-palais-de-justice-de-paris_5474961_3224.html
Jusqu’au 6 avril à la Cité de l’architecture et du patrimoine, « La saga des grands magasins … [...] |
17 ans après le projet du Grand Paris lancé par Nicolas Sarkozy, une nouvelle consultation interna… [...] |
L’Exposition consacrée à Philippe Prost, aura lieu jusqu’au 23 mars 2025 à la cité de l’ar… [...] |
L’exposition des lauréats du concours étudiant « (Ré) inventer l’existant » à découvrir j… [...] |
A l’occasion des Journées Nationales de l’Architecture, d’a s’associe au festival Close-Up … [...] |
La découverte de mobilier Jean prouvé dans l’école Kerglaw à Inzinzac-Lochrist près de Lorien… [...] |
Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :
Vous n'êtes pas identifié. | |||
SE CONNECTER | S'INSCRIRE |
> Questions pro |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6
L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l… |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6
L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent. |