Musée de Bergisel, mise en lumière, Manfred Draxl, Conceptlicht |
Dossier réalisé par Olivier NAMIAS La lumière d'une pièce nous en donne la première impression, affirme ce concepteur lumière autrichien, qui s'est donné pour credo de créer pour chaque projet l'atmosphère la plus juste. Un but soutenu par sa maîtrise incontestée des appareils et ses outils conceptuels. |
Diplômé en mécanique, Manfred Draxl s'est rendu compte trop tard qu'il aurait préféré être architecte. Le métier de concepteur lumière a été sa façon à lui de se confronter à l'architecture. En Autriche, en Allemagne ou en Italie, il a réalisé en vingt ans plus de six cents projets de mise en lumière.
Le minimalisme pourrait être son signe distinctif. Dans ses interventions, les sources lumineuses se font plus que discrètes et les luminaires se remarquent à peine. Dans l'auditorium Franz-Liszt, un projet de l'agence hollandaise Kempe Thill à Raiding (Autriche), elles se résument à deux barrettes longitudinales, suffisantes pour baigner la salle d'une lumière très douce et très homogène qui semble venir du matériau même, un revêtement de panneaux bois acoustiques.
Le savoir-faire de Draxl, dont les pairs saluent la maîtrise exceptionnelle de l'optique, n'explique pas tout. La finalité et le credo de ce concepteur tournent autour du mot atmosphère : « L'atmosphère inclut tout, le charisme [d'un bâtiment], le message, la qualité, le bien-être, tout », déclare-t-il dans son quasi-manifeste Licht als atmosphäre. Son travail est de révéler cette atmosphère la nuit, de rester au plus près des intentions architecturales en prenant en compte les interférences qui pourraient surgir une fois le bâtiment terminé. « Chaque immeuble, chaque pièce, doit avoir la bonne atmosphère. Mais l'atmosphère d'une pièce change tout au long de la journée, au fur et à mesure que la lumière se modifie. Nos lumières doivent accompagner ce changement. L'atmosphère de l'aube, avec ses merveilleux effets lumineux, ne doit pas être perturbée par notre éclairage artificiel. »
OUTILS CONCEPTUELS
Le concept d'atmosphère pourrait paraître vague. La clarté et la naturalité seraient pour Draxl ses deux principales composantes. Il n'est jamais facile de parler d'un élément immatériel tel que la lumière, mais l'explication laisse un peu sur sa faim. Quels seraient les contours d'une atmosphère, sa densité ?
Ne se contentant pas d'à -peu près, Manfred Draxl a décomposé son concept en plusieurs notions censées rendre cette abstraction plus objective. Le ton – la brillance générale –, la couleur, la direction de la lumière, le zoning sont autant d'éléments qui entrent en ligne de compte. Chacune de ces notions se décline selon une série d'adjectifs – chaud, froid, confortable ; pour la couleur, sombre, sourd, calme –, dont la manipulation reste un peu obscure. Le but est de parvenir à redonner des unités aux espaces, leur offrir une lisibilité naturelle en évitant les accidents générés par les sources, comme l'apparition d'ombres qui briseraient l'unité d'une surface.
« Se sentir bien dans un environnement signifie également que cet environnement est visuellement lisible, perceptible, tangible, et que l'espace est dans son entière dimension », explique Draxl. L'illumination idéale devrait provenir d'un espace et de ses composantes – meubles, matériaux – et non d'une source. « J'aime qu'une lampe n'ait pas un impact visuel proéminent. Par exemple, dans une librairie, la lumière vient des livres, simple, claire, rien d'autre n'est nécessaire », poursuit Draxl. Lumineux !
Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :
Vous n'êtes pas identifié. | |||
SE CONNECTER | S'INSCRIRE |
> Questions pro |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6
L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l… |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6
L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent. |