Grande Galerie de l'Évolution, Musée National d'Histoire Naturelle Paris, 1987-1994, AUA Paul Chemetov |
L'architecte Paul Chemetov réagit à l'article de Christine Desmoulins paru dans le d'a d'avril sur l'avenir de la commande publique : Quel avenir pour l’architecture publique ? |
S’il est vrai que la libéralisation
d’une profession jusqu’alors protégée représenterait un séisme
au profit de quelques grandes structures, au détriment des autres,
on ne peut dire que le retour à l’orthodoxie passée des concours
serait une réponse à la situation actuelle.
Alors que quelques centaines de candidats se présentent, que veut dire la sélection de trois ou de cinq dossiers ? La plupart du temps ce sont des choix de connivence ou au mieux un millefeuille : un international (de préférence Japonais), un national, un régional, voire un local. Si l’on fait la statistique des présélections – je m’y astreins pour les candidatures que je dépose - on s’aperçoit que les occurrences vont de 1 à 10 pour des candidats de même profil.
Un article récent notait à ce sujet que les appels d’offres de fournitures voyaient s’affronter une dizaine de candidats. Dans notre cas, on a vu récemment quelques centaines de dossier pour un simple collège, y compris celles de leaders français. Constatons que Dominique Perrault a été choisi pour la BNF parmi vingt présélectionnés, Spreckelsen pour l’Arche parmi huit cents concurrents. Ils étaient inconnus et ne devaient pas répondre pour dire combien de projets de même type ils avaient construits dans les trois dernières années !
Le système des concours « à la française » est épuisé. Un seul système pour choisir une maternelle, un hôpital de quelques centaines de millions et un projet urbain n’a pas de sens.
Il faut diversifier les choix et ouvrir des concours protégés sur des projets à petit budget (jusqu’à 2 à 3 millions de travaux) aux jeunes équipes ou à celles qui ont un faible chiffre d’affaires.
Il faut revenir à des présélections de plus de candidats (jusqu’à 20) pour des concours à forte charge symbolique.
Il faut généraliser les marchés de définition pour les projets urbains.
Il faut interdire le choix du moins disant économique comme seul critère de jugement. Aujourd’hui, les logements et les espaces libres urbains (classés infrastructures !) échappent à la loi MOP. De même que l’intervention sur existant, la plus chronophage ne peut s’attribuer au moins disant ! La négociation reste libre entre le maître d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre, elle ne peut être la condition du choix architectural.
Il faut interdire la référence aux ouvrages de même type construits dans les trois dernières années. Quant on sait que le temps d’un projet varie de cinq à sept ans, il faut à minima respecter cette temporalité.
Et pour finir, il faut supprimer la possibilité de construire 170 à 150 m² (piètre consolation) sans architecte. Cela provoquera des signatures de complaisance, sans doute, mais comment veut-on réconcilier l’opinion publique et l’architecture si dans la seule expérience que nos contemporains ont en la matière –celle de la construction de leur propre maison- ils ne se confrontent pas à l’architecte : cette confrontation est tout aussi nécessaire à ce dernier.
On pourrait continuer, mais le retour à la case départ ne peut être une réponse à la déréglementation libérale.
Paul CHEMETOV
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