Punta Pite, Teresa Moller |
Dossier réalisé par Marie-Hélène CONTAL Depuis sa création en 2007, le Global Award for Sustainable Architecture se veut moins un lieu de consécration qu’un observatoire. Il repère des architectes-chercheurs qui inscrivent leur démarche dans une conscience des grandes transitions, contribuant, là où ils sont, au changement de paradigmes que ces bouleversements appellent. L’Amérique latine, avec 14 lauréats en 15 sessions, a pu nous dévoiler au fil des années une scène d’innovation particulièrement vivace. Elle le doit à ces ruptures en cours avec la globalisation, qu’elles soient écologiques, urbaines, démographiques ou économiques. Frappant plus brutalement qu’en Europe, elles provoquent une situation d’urgence qui stimule l’inventivité. On aimerait que les innovations qu’elles génèrent puissent à leur tour nourrir le débat en Europe, tant il est vrai que « l’Amérique latine est l’Extrême-Occident ». |
Cette formule bien connue d’Alain Rouquié1 décrit un continent dont la géographie urbaine est certes un défi mais peut aussi devenir la ressource de l’innovation – continent urbanisé à 80 % (soit plus que la Chine), selon des magnitudes et à un rythme inconnu en Occident. La descente en avion vers Santiago du Chili révèle ainsi une nappe mégapolitaine qui s’étend quasiment à l’échelle du pays, de la cordillère des Andes à la costa. Saisissante, cette urbanisation est un fait accompli sans retour, nous y reviendrons pour expliquer la conduite des architectes. La ville précaire y est inscrite, fait historique et entité polymorphe : ondes concentriques, satellites, poches dans les centres, etc. Elle est l’objet d’un débat soutenu, entre économistes, politiques, anthropologues… et architectes, reconnus comme experts du fait urbain.
Les paysages et la ressource agricole et forestière font partie du tableau dans lequel la démarche des architectes s’inscrit. Un milieu de paysagistes-architectes y émerge, très actif, conscient de l’impact systémique du fait urbain. « De la création de corridors écologiques à Bogota à l’urbanisation des Galapagos, les paysagistes latino-américains interprètent le paysage à travers une série de focales qui incluent l’urbanisme, l’architecture, l’écologie et l’engagement social2. »
Le Global Award for Sustainable Architecture3, créé en 2006 par l’architecte et professeure Jana Revedin, avec la Cité de l’architecture comme partenaire culturel, a cette année récompensé une majorité Cubilla, d’architectes latino-américains4 : Solano BenÃtez et Gloria Cabral, d’Asunción au Paraguay, José lui aussi paraguayen, Severiano Porto, surnommé au Brésil « l’architecte de l’Amazonie », et la paysagiste chilienne Teresa Moller. Ils rejoignent Alejandro Aravena, Juan Román Pérez – fondateur de l’École d’architecture de Talca – et Jorge Lobos, chiliens, Giancarlo Mazzanti, colombien, Tatiana Bilbao et Rozana Montiel, mexicaines, Carmen Poblete et Marta Maccaglia qui travaillent au Pérou, Teddy Cruz, naturalisé américain né au Guatemala, et le jeune collectif Al Borde, de Quito. Il est utile, avant d’en venir à leurs avancées expérimentales, de comprendre comment leur débat s’est formé.
L'excellence des facultés d'architecture, un fait d'histoire
À la différence de l’Inde, où les Anglais ne créent qu’en 1957 la première université de type occidental, ou de l’Afrique, où les écoles coloniales françaises envoient en métropole leurs meilleurs élèves, l’Université est implantée dès la Conquista. « À la fondation de Harvard (1636), l’Amérique latine compte 13 universités
Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :
Vous n'êtes pas identifié. | |||
SE CONNECTER | S'INSCRIRE |
> Questions pro |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6
L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l… |
Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6
L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent. |