Médiathèque Jean-Quarré |
Dossier réalisé par Dominique GAÜZIN-MULLER Médiathèque et maison des réfugiés, Paris 19e L’atelierphilippemadec
a remporté en 2018 le concours pour la médiathèque Jean-Quarré et la maison des
réfugiés. Le programme prend place dans un ancien lycée hôtelier, dont le béton
industrialisé est valorisé en structure et déchets in situ. Le nouveau
bâtiment qui relie les deux entités existantes est en bois et en terre crue. L’ensemble
est autonome en énergie. |
Terre coulée sans ciment ni adjuvant
Pour ce projet, Philippe Madec s’est entouré de plusieurs spécialistes : « La maîtrise d’ouvrage a accepté avec enthousiasme notre proposition de murs en terre coulée. L’architecte Nicolas Miessner, qui nous accompagne pour cette mission, s’est associé à Martin Pointet de BETerre, et amà co fait un magnifique travail sur la formulation et les prototypes. » Des murs non porteurs préfabriqués en terre coulée fibrée viendront en remplissage de la structure en bois. Le mélange ne contient que de la terre d’excavation provenant d’un chantier du Grand Paris, sans ciment ni autre additif. Coulé à plat en atelier, il est renforcé par de la paille et une armature en ganivelles.
Formulation et prototypes
Amà co a remis
sa première étude en décembre 2019. La terre utilisée provient du merlon
constitué pour le projet Cycle Terre, dont la fabrique de briques, enduits et mortiers
sera ouverte en 2021 à Sevran. À l’état plastique, ce limon des plateaux très
fin est très cohésif, ce qui est avantageux pour le décoffrage. Afin de réduire
l’empreinte carbone, les granulats retenus pour la première expérimentation
étaient des graves (béton broyé) concassées, mais ils seront peut-être
remplacés par des granulats à béton pour augmenter la résistance mécanique. La
formulation classique de la terre coulée (environ 30 % de terre et 70 %
granulats) a été complétée par des fibres représentant d’abord 4 % puis 1 %
de la masse totale. L’emploi de chènevotte, lin ou ouate de cellulose a été
envisagé, mais le choix s’est porté sur de la paille hachée. Le mélange était
assez visqueux pour poser les armatures à mi-coulage. La mise en œuvre a été
beaucoup plus aisée que prévu, et le décoffrage n’a pas présenté de difficulté.
Les trois prototypes ont des surfaces lisses et présentent peu de défauts. Le
plus prometteur contient 1 volume de terre pour 1,8 de graves et 1,125 de
paille hachée, avec 29 % eau. La cage d’armature semble indispensable pour
la bonne tenue du mur, notamment au décoffrage.
Des résultats très
encourageants
Gabin Wurtz, Lionel
Ronsoux et Yannick
Roudaut d’amà co, qui ont réalisé l’étude, sont très confiants :
« Nous allons améliorer la formulation grâce à de nouvelles éprouvettes,
mais les résultats
sont déjà très encourageants. Il a été possible de préfabriquer un prototype
qui se tient droit, ne flambe pas et ne présente que des fissures minimes. Et
il a été décoffré après seulement deux semaines de séchage, alors que nous
étions en période hivernale. C’est une première. » Pour Philippe Madec, avec ce projet symbolique d’une
frugalité heureuse et créative, « un nouveau pas est franchi ».
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