La phase décisive de la formulation

Rédigé par Dominique GAÜZIN-MULLER
Publié le 27/02/2020

Médiathèque Jean-Quarré

Dossier réalisé par Dominique GAÜZIN-MULLER
Dossier publié dans le d'A n°278

Médiathèque et maison des réfugiés, Paris 19e

L’atelierphilippemadec a remporté en 2018 le concours pour la médiathèque Jean-Quarré et la maison des réfugiés. Le programme prend place dans un ancien lycée hôtelier, dont le béton industrialisé est valorisé en structure et déchets in situ. Le nouveau bâtiment qui relie les deux entités existantes est en bois et en terre crue. L’ensemble est autonome en énergie.

Terre coulée sans ciment ni adjuvant

Pour ce projet, Philippe Madec s’est entouré de plusieurs spécialistes : « La maîtrise d’ouvrage a accepté avec enthousiasme notre proposition de murs en terre coulée. L’architecte Nicolas Miessner, qui nous accompagne pour cette mission, s’est associé à Martin Pointet de BETerre, et amàco fait un magnifique travail sur la formulation et les prototypes. Â» Des murs non porteurs préfabriqués en terre coulée fibrée viendront en remplissage de la structure en bois. Le mélange ne contient que de la terre d’excavation provenant d’un chantier du Grand Paris, sans ciment ni autre additif. Coulé à plat en atelier, il est renforcé par de la paille et une armature en ganivelles.

 

Formulation et prototypes

Amàco a remis sa première étude en décembre 2019. La terre utilisée provient du merlon constitué pour le projet Cycle Terre, dont la fabrique de briques, enduits et mortiers sera ouverte en 2021 à Sevran. À l’état plastique, ce limon des plateaux très fin est très cohésif, ce qui est avantageux pour le décoffrage. Afin de réduire l’empreinte carbone, les granulats retenus pour la première expérimentation étaient des graves (béton broyé) concassées, mais ils seront peut-être remplacés par des granulats à béton pour augmenter la résistance mécanique. La formulation classique de la terre coulée (environ 30 % de terre et 70 % granulats) a été complétée par des fibres représentant d’abord 4 % puis 1 % de la masse totale. L’emploi de chènevotte, lin ou ouate de cellulose a été envisagé, mais le choix s’est porté sur de la paille hachée. Le mélange était assez visqueux pour poser les armatures à mi-coulage. La mise en Å“uvre a été beaucoup plus aisée que prévu, et le décoffrage n’a pas présenté de difficulté. Les trois prototypes ont des surfaces lisses et présentent peu de défauts. Le plus prometteur contient 1 volume de terre pour 1,8 de graves et 1,125 de paille hachée, avec 29 % eau. La cage d’armature semble indispensable pour la bonne tenue du mur, notamment au décoffrage.

 

Des résultats très encourageants

Gabin Wurtz, Lionel Ronsoux et Yannick Roudaut d’amàco, qui ont réalisé l’étude, sont très confiants : « Nous allons améliorer la formulation grâce à de nouvelles éprouvettes, mais les résultats sont déjà très encourageants. Il a été possible de préfabriquer un prototype qui se tient droit, ne flambe pas et ne présente que des fissures minimes. Et il a été décoffré après seulement deux semaines de séchage, alors que nous étions en période hivernale. C’est une première. Â» Pour Philippe Madec, avec ce projet symbolique d’une frugalité heureuse et créative, « un nouveau pas est franchi Â».

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