La galaxie Solid surface

Rédigé par Maryse Quinton et Benoît Joly -
Publié le 10/07/2019

la façade rétroéclairée de la résidence Bieblova, P6PA+Architectes, Prague, 2017

Dossier réalisé par Maryse Quinton et Benoît Joly -
Dossier publié dans le d'A n°273

Voilà maintenant dix ans que le Solid surface est passé en façade, obligeant certains fabricants à explorer les capacités techniques de leurs matériaux et à adapter leurs processus techniques et logistiques. Mais qui sont les industriels aujourd’hui capables de répondre à cette nouvelle demande émise par les architectes ?

En 1967 – ou 1964, car il y a un doute chez Dupont – naît le Corian : des plaques de résines de synthèse qui servent d’abord à la création de plans vasques pour la cuisine et la salle de bains. Protégé par deux brevets successifs jusqu’en 1987, le Corian voit alors apparaître une multitude de matériaux concurrents aux propriétés similaires. Conscients du potentiel de développement de cette nouvelle matière, une constellation d’industriels issus de la chimie s’installent dans les starting-blocks dès le début des années 1980, prêts à inonder le marché une fois les brevets tombés. Dès lors – et encore aujourd’hui! –, ils se dotent des mêmes outils marketing que Dupont : des gammes de couleurs élargies, des applications similaires, les mêmes propriétés antibactériennes, des rendus quasi identiques : peu d’éléments à l’œil nu permettent de distinguer ces Solid surfaces qui, pour la plupart, demeurent produits en Corée du Sud et aux États-Unis. Pour preuve, seul un transformateur aguerri est en mesure de différencier les différentes plaques : certaines sont plus cassantes ou farineuses, avec des densités et des charges minérales plus ou moins importantes qui vont les rendre souples et malléables. Les formats et épaisseurs proposés peuvent varier d’un fabricant à l’autre également. Ainsi, dans la lignée du CORIAN®, naissent au milieu des années 1980 des produits qui s’écrivent en capitales, tels le KRION® (Porcelanosa, anciennement Systempool), l’AVONITE© (Aristech) ou encore l’HI-MACS (LG Hausys). Les fabricants de ces Solid surfaces distribués en France se sont aujourd’hui dotés de l’arsenal nécessaire pour garantir une application en façade sur le territoire français, au-delà d’une certification européenne qui se révèle insuffisante pour mener un projet à terme. Pour ces anciens spécialistes de l’agencement intérieur, le passage de leur produit en façade a fait naître de nouvelles problématiques auxquelles ils continuent de s’adapter : mise en place d’un réseau de façadiers et de transformateurs formés, constitution d’équipes techniques dédiées à la prescription, développement de différents systèmes de fixation et de colles spécifiques (avec viscosité adaptée pour une mise en œuvre verticale et une tenue régulière aux UV), etc. Pour assurer le développement encore récent de ces produits en façade, l’innovation et la recherche demeurent des points clés pour rester concurrentiel.

 

COULEURS REGULIEREMENT REVUES ET ADAPTEE

D’autres fabricants vont proposer leurs produits pour l’agencement intérieur essentiellement, voire pour la façade – sans avoir nécessairement franchi toutes les étapes imposées par le CSTB pour une application sur le territoire. On trouve ainsi des Solid surfaces aux qualités multiples : le Staron

(Lotte Advanced Materials, anciennement Samsung et exclusivement distribué par Ober), le Betacryl (un acteur chinois qui s’est positionné avec des panneaux grands formats), le Varicor (pour « variante » du « Corian »), l’Acrymold (Moldcom Composites), le Kerrock ou encore le Wilsonart, pour ne citer qu’eux. Si le Solid surface est plébiscité pour sa blancheur éclatante, stable et homogène, les fabricants réactualisent leurs catalogues avec des couleurs régulièrement revues et adaptées, au gré des modes. Viennent s’ajouter également les effets texturés nés de ponçages distincts, des effets 3D et des imitations pierre, béton, marbre ou terrazzo. Cependant, tous les fabricants ne vont pas être en mesure de garantir une tenue homogène de la couleur de leurs plaques (estimées 10 à 20% plus chères que le blanc) : plus la teinte est foncée, plus le pourcentage de pigments est élevé et donc plus une rayure sur un panneau sera blanche. En fonction de la composition même du produit (dont la charge en acrylique), certaines plaques sont thermoformables à l’extrême – chose impossible chez d’autres fabricants. Enfin, suivant le type d’accrochage, on estime le prix du mètre carré d’une façade en Solid surface à 550 ou 650 euros, pour une épaisseur de 12mm, avec une structure primaire et secondaire en aluminium et isolation extérieure. Un montant à relativiser : aujourd’hui, la résine de synthèse pose souvent un problème de budget… sauf quand l’architecte arrive à l’imposer : elle s’avère être un élément fort et déterminant pour l’image du bâtiment

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