la façade rétroéclairée de la résidence Bieblova, P6PA+Architectes, Prague, 2017 |
Dossier réalisé par Maryse Quinton et Benoît Joly - Voilà maintenant dix
ans que le Solid surface est passé en façade, obligeant certains fabricants Ã
explorer les capacités techniques de leurs matériaux et à adapter leurs
processus techniques et logistiques. Mais qui sont les industriels aujourd’hui
capables de répondre à cette nouvelle demande émise par les architectes ? |
En 1967 – ou 1964, car il y a un doute chez Dupont – naît le
Corian : des plaques de résines de synthèse qui servent d’abord à la création
de plans vasques pour la cuisine et la salle de bains. Protégé par deux brevets
successifs jusqu’en 1987, le Corian voit alors apparaître une multitude de
matériaux concurrents aux propriétés similaires. Conscients du potentiel de développement
de cette nouvelle matière, une constellation d’industriels issus de la chimie
s’installent dans les starting-blocks dès le début des années 1980, prêts Ã
inonder le marché une fois les brevets tombés. Dès lors – et encore
aujourd’hui! –, ils se dotent des mêmes outils marketing que Dupont : des
gammes de couleurs élargies, des applications similaires, les mêmes propriétés
antibactériennes, des rendus quasi identiques : peu d’éléments à l’œil nu
permettent de distinguer ces Solid surfaces qui, pour la plupart, demeurent
produits en Corée du Sud et aux États-Unis. Pour preuve, seul un transformateur
aguerri est en mesure de différencier les différentes plaques : certaines sont
plus cassantes ou farineuses, avec des densités et des charges minérales plus
ou moins importantes qui vont les rendre souples et malléables. Les formats et
épaisseurs proposés peuvent varier d’un fabricant à l’autre également. Ainsi,
dans la lignée du CORIAN®, naissent au milieu des années 1980 des produits qui
s’écrivent en capitales, tels le KRION® (Porcelanosa, anciennement Systempool),
l’AVONITE© (Aristech) ou encore l’HI-MACS (LG Hausys). Les fabricants de ces
Solid surfaces distribués en France se sont aujourd’hui dotés de l’arsenal
nécessaire pour garantir une application en façade sur le territoire français,
au-delà d’une certification européenne qui se révèle insuffisante pour mener un
projet à terme. Pour ces anciens spécialistes de l’agencement intérieur, le
passage de leur produit en façade a fait naître de nouvelles problématiques
auxquelles ils continuent de s’adapter : mise en place d’un réseau de façadiers
et de transformateurs formés, constitution d’équipes techniques dédiées à la
prescription, développement de différents systèmes de fixation et de colles
spécifiques (avec viscosité adaptée pour une mise en œuvre verticale et une
tenue régulière aux UV), etc. Pour assurer le développement encore récent de
ces produits en façade, l’innovation et la recherche demeurent des points clés
pour rester concurrentiel.
COULEURS
REGULIEREMENT REVUES ET ADAPTEE
D’autres fabricants vont proposer leurs produits pour
l’agencement intérieur essentiellement, voire pour la façade – sans avoir
nécessairement franchi toutes les étapes imposées par le CSTB pour une
application sur le territoire. On trouve ainsi des Solid surfaces aux qualités
multiples : le Staron
(Lotte Advanced Materials, anciennement Samsung et
exclusivement distribué par Ober), le Betacryl (un acteur chinois qui s’est
positionné avec des panneaux grands formats), le Varicor (pour « variante » du
« Corian »), l’Acrymold (Moldcom Composites), le Kerrock ou encore le
Wilsonart, pour ne citer qu’eux. Si le Solid surface est plébiscité pour sa
blancheur éclatante, stable et homogène, les fabricants réactualisent leurs catalogues
avec des couleurs régulièrement revues et adaptées, au gré des modes. Viennent
s’ajouter également les effets texturés nés de ponçages distincts, des effets
3D et des imitations pierre, béton, marbre ou terrazzo. Cependant, tous les
fabricants ne vont pas être en mesure de garantir une tenue homogène de la
couleur de leurs plaques (estimées 10 à 20% plus chères que le blanc) : plus la
teinte est foncée, plus le pourcentage de pigments est élevé et donc plus une
rayure sur un panneau sera blanche. En fonction de la composition même du
produit (dont la charge en acrylique), certaines plaques sont thermoformables Ã
l’extrême – chose impossible chez d’autres fabricants. Enfin, suivant le type
d’accrochage, on estime le prix du mètre carré d’une façade en Solid surface Ã
550 ou 650 euros, pour une épaisseur de 12mm, avec une structure primaire et
secondaire en aluminium et isolation extérieure. Un montant à relativiser :
aujourd’hui, la résine de synthèse pose souvent un problème de budget… sauf
quand l’architecte arrive à l’imposer : elle s’avère être un élément fort et
déterminant pour l’image du bâtiment
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