La fin de l’immeuble de bureaux ? - Réhabilitation et extension des tours du Pont de Sèvres, Boulogne-Billancourt

Rédigé par Karine DANA
Publié le 13/09/2016

Réhabilitation et extension des tours du Pont de Sèvres par Dominique Perrault (Boulogne- Billancourt)

Dossier réalisé par Karine DANA
Dossier publié dans le d'A n°248 Le projet de réhabilitation des tours du Pont de Sèvres a cherché à révéler tout le potentiel des bâtiments d’origine et à s’inscrire dans un héritage architectural encore marqué par l’optimisme de la fin des Trente Glorieuses. Lourdes et complexes, les interventions ont essentiellement porté sur la requalification des pieds de tour, l’optimisation des hauteurs de plancher et la création de nouvelles façades, qui ont notamment permis d’augmenter la luminosité d’origine.

Édifiées en 1975 par les architectes Badani et Roux-Dorlut à l’entrée de la ville de Boulogne, les trois tours du Pont de Sèvres, désormais rebaptisées « Citylights », portent avec évidence les signes de la modernité : grande hauteur, densité, plan ouvert hexagonal. Pour leur réhabilitation, l’architecte s’est appuyé sur leurs qualités existantes, mais également sur leur situation. « À l’origine, ces tours avaient une relation “célibataire” à leur environnement. Elles sont aujourd’hui entièrement et organiquement en lien, grâce à l’ensemble des tracés piétonniers dessinés pour les traverser vers le nouveau quartier du Trapèze, où des immeubles de bureaux et d’habitation ont investi la friche des anciennes usines Renault. Nous avons donc imaginé des espaces pour ouvrir le projet vers l’extérieur : le grand parvis devant les tours, les différents passages sur les côtés ou encore les jardins. » Le contexte a en effet changé, ces tours sont aujourd’hui bien desservies par les transports en commun : métro au pied et futur réseau du Grand Paris directement connecté.

Ainsi, la zone centrale entre les tours et le parvis ont été démolis et reconstruits pour accueillir un hall de 1 500 m2 sur trois niveaux, contenant restaurants, crèches, centre de conférences, conciergerie, salles de fitness. Une nouvelle agora a été conçue entre les tours, ainsi qu’une seconde entrée sur le quartier du Forum au nord, une grande terrasse de restaurant et un jardin au sud. Ces dispositifs d’accueil et de promenade ont permis de créer de nouveaux espaces de travail, de nouveaux espaces de production dans la ville. Le programme de transformation des espaces de bureaux en produits neufs, qui répond aux exigences actuelles en termes de réglementation et d’utilisation, a quant à lui porté sur la révélation des potentiels de lumière et de flexibilité du projet d’origine. « Au sein de l’entité BNP Paribas Real Estate, nous conduisons beaucoup d’opérations de réhabilitation, se réjouit Bruno Pinard, directeur général de la ligne de métier Promotion immobilier d’entreprise de BNP Paribas Real Estate. La restructuration des bureaux des tours du Pont de Sèvres – qu’il était par ailleurs non pertinent de démolir eu égard à l’impossibilité d’obtenir le droit de reconstruire à l’identique –, a porté notamment sur l’optimisation de hauteurs existantes, assez basses – le point faible de nombre de bâtiments des années 1970-1980. Les qualités intrinsèques du bâti, avec ses bureaux en premier jour et son bon ratio de surfaces utiles, nous ont permis de faire absorber des hauteurs de circulation inférieures à 2,50 mètres, tout en créant des surfaces de travail agréables. Cette opération de réhabilitation vendue avant sa livraison est une réussite commerciale. »


Étaler la lumière

Pour densifier l’opération, la construction côté Seine d’un quatrième « pétale » avec terrasse sur le toit sur la tour City 2 d’une surface de 6 000 m2 a porté les surfaces de bureaux à 80 000 m2. La structure en béton des trois tours à trois « pétales » a bien sûr été conservée et les façades initiales amiantées, déposées. Les bureaux profitent aujourd’hui d’une hauteur sous plafond de 2,55 mètres grâce à des faux planchers minces de 4 cm.

Pour leur aménagement, le promoteur a cherché à offrir un maximum de souplesse aux utilisateurs (notamment General Electric et Solocal) afin qu’ils puissent organiser les plateaux en flex-office, en open space, ou des bureaux cloisonnés. Répartis autour d’un noyau central, les bureaux logés dans les « pétales » de chaque tour profitent de vues à 360° sur l’ouest de Paris. 95 % d’entre eux sont en premier jour. La forme hexagonale des plateaux génère une multiplication de points de vue, et un tiers de bureaux d’angle. « Ces bâtiments, avec leurs formes prismatiques, fonctionnent parfaitement comme capteurs de lumière. Comme des instruments d’optique, ils suppriment l’opposition traditionnelle de la face nord et de la face sud. La lumière circule absolument partout et, quel que soit le point cardinal d’un bureau, il bénéficiera toujours du soleil grâce aux effets de réflexion des façades cristallisées », explique Dominique Perrault, qui a sensiblement augmenté la luminosité des espaces de travail en redéfinissant les enveloppes. Les baies des façades ont été amplifiées et les allèges descendues à 55 cm (contre 1,10 mètre à l’origine). Les deux tiers du bâtiment sont aujourd’hui enveloppés d’une façade plate double peau ventilée, dont le cadre principal est en aluminium poli brillant, l’allège en aluminium verni incolore et la partie opaque en double sérigraphie miroir et grise. Le tiers restant est recouvert d’une façade pliée qui forme des « bracelets » autour des tours. La façade pliée double peau ventilée est composée d’un grand verre extra-clair encadré par une menuiserie en aluminium poli brillant, et une partie opaque en double sérigraphie miroir et grise. La poutre pliée en aluminium verni incolore fait office de jonction entre les différents éléments.



Fiche technique :

Maître d’ouvrage : SAS des Tours du Pont de Sèvres

Promoteur : BNP Paribas Real Estate

Maître d’œuvre : Dominique Perrault Architecture

Maîtrise d’œuvre d’exécution : Artelia

BET structure, fluide : Egis ; BET façade : EPPAG ; acousticien : AVLS ; sécurité : AADT ; contrôle : Socotec : aménagement du hall : Gaëlle Lauriot-Prévost ; décoration des espaces de « services » : Didier Gomez

Surface du site : 20 000 m2

Surface construite : 85 400 m2, dont 75 000 m2 en réhabilitation, et extension d’une tour et du socle de 10 400 m2

Tour City 1 : 34 000 m2 ; Tour City 2 : 30 000 m2, dont extension d’un 4e pétale de 6 000 m2 ; Tour City 3 : 17 000 m2

Hauteur des tours : City 1 : 74 m/84 m/94 m ; City 2 : 50 m/58 m/64 m et 40 m pour le 4e pétale ; City 3 : 30 m/38 m/44 m

Calendrier : début des études, janvier 2008 ; début des travaux, janvier 2013 ; inauguration, mars 2016 ]


Lisez la suite de cet article dans : N° 248 - Octobre 2016

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