Dossier réalisé par Karine DANA |
La reconversion de l’entrepôt Macdonald s’inscrit dans le vaste projet urbain de Paris Nord-Est. Au cœur d’un paysage complexe façonné par les réseaux et l’industrie, le bâtiment datant de 1970 revêt une identité forte liée à ses 600 mètres de façades, son épaisseur de 80 mètres et ses trois niveaux. Caractérisé par le surdimensionnement de ses planchers (2 000 kg/m2), il portait dès sa construction les conditions de sa surélévation. Sa transformation a donc été rendue possible grâce à cette opulence constructive existante, comme si l’édifice – constitué d’une ossature béton de type poteaux-dalles champignon nervurées – attendait d’être complété et rehaussé. « Cette idée qu’un bâtiment puisse être prolongé à un moment donné est rare et particulière, expliquent les architectes. Nous avons inscrit les spécificités d’un programme de bureaux en louant les capacités de la trame d’accueil (8 m x 8,5 m) augmentée de cinq niveaux au moyen d’une structure légère associant des planchers collaborants en béton armé connectés aux poutres par des goujons métalliques. » L’entreprise n’occupe d’ailleurs que la partie surélevée. Les deux premiers niveaux accueillent les commerces et les halls d’accès aux logements et aux bureaux.
Si le principe de surélévation paraît simple, la faisabilité de cette opération ne l’était pas. « L’équilibre financier de cette opération est resté positif, mais l’opération coûte 20 % plus cher que si nous avions réalisé une construction neuve du fait des contraintes de site et de l’interaction entre tous les programmes, explique Laurent Kaisin, directeur de programme chez BNP Paribas Immobilier. Le coût de ce projet s’élève à plus de 3 000 euros/m2 si l’on considère l’impact du coût du foncier, très élevé. Nous avons en effet acheté son potentiel de portance. À ces surcoûts de construction s’ajoute un coût d’exploitation qui sera également élevé en raison de la quantité des volumes construits à l’intérieur de l’entrepôt, lesquels sont tous interdépendants (10 000 au total). Mais l’intérêt de la situation parisienne, de l’arrivée de la gare Rosa-Parks et de ce nouveau quartier reste entier. »
Une trame inhabituelle
L’enjeu de cette reconversion, dont l’emprise occupe 120 par 80 mètres en superstructure, repose donc sur l’exploitation de la valeur de cette trame – inhabituelle pour des bureaux – et sur ce qu’elle offre de potentiel d’organisation et d’aménagement nouveaux. Ainsi les plateaux de bureaux se développent sur 8, 16 ou 24 mètres d’épaisseur quand les standards occupent 12 ou 18 mètres. Plus performants que des plateaux de 18 mètres obligeant à recouper la zone centrale avec des salles de réunion, les plateaux de 16 mètres peuvent être utilisés dans toute leur épaisseur par les postes de travail en espace traversant, ou contenir de part et d’autre d’une circulation centrale une salle de réunion avec bureaux individuels et un open space. Les deux copromoteurs de cette opération ont joué le jeu de la maîtrise d’œuvre en acceptant de s’approprier ces épaisseurs atypiques pour les commercialiser : « Nous avons trouvé un équilibre acceptable, bien que l’exercice fut difficile, notamment pour optimiser les plateaux de 24 mètres de large. »
Travailler à partir de la juxtaposition d’épaisseurs de 8 mètres vides ou pleines a permis de créer des dispositifs en creux. Les plateaux de bureaux sont ainsi scindés par une rue intérieure libérant un volume distributif du R+2 au R+6. Cette rue ouverte au nord et au sud donne la mesure de l’épaisseur de l’entrepôt et s’ouvre sur trois patios ainsi connectés à l’organisation principale.
Les façades nord et sud sont traitées avec les mêmes intentions : donner à lire un vitrage continu du sol au plafond pour privilégier la lecture de la trame. Au nord, la continuité est donnée par un vitrage clair en partie haute et un shadow-box en allège (caisson constitué d’un vitrage extérieur, d’une lame d’air et d’une tôle isolée) sans capot menuisé intermédiaire. Au sud, la continuité est obtenue par un simple vitrage toute hauteur extérieur, accompagné d’un châssis intérieur double vitrage. Il s’agit d’une double peau mince ventilée qui permet d’intégrer un store pour la protection solaire et répond également aux contraintes d’isolement acoustiques provenant de la proximité du réseau ferré.
[ Maîtres d’ouvrage : BNPPI + ICADE
Architectes co-mandataires: François Leclercq & assciés, Marc Mimram Architecture
BET structure : Marc Mimram Ingénierie
Paysagiste : D’Ici LÃ
Programme : immeuble de bureaux et restaurant d’entreprise
Surface : 27 500 m2 de SDP
Montant des travaux : 50 millions d’euros HT
Calendrier : début des études, mai 2009 ; fin des travaux : juillet 2014
Mission : Complète
Certification : label BBC et démarche HQE ]
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N° 248 - Octobre 2016
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