Transformation de l'îlot Sainte-Croix |
Dossier réalisé par Emmanuel CAILLE Si nous avons choisi de présenter dans ce dossier les transformations de grands îlots historiques à Paris et à Lyon, c’est parce que ces opérations nous semblent explorer, à partir de l’architecture et de la capacité de ces îlots à évoluer de l’intérieur, de nouveaux potentiels d’urbanités. Certaines des réhabilitations abordées sont en effet porteuses de nouveaux tracés et pratiques de la ville. Elles sont issues de la réunification de parcelles, de leur décloisonnement et de la reprogrammation de leurs usages. |
Surtout, elles marquent un retour inattendu à l’ouverture au public des cœurs d’îlots, créant ainsi de nouveaux parcours et d’autres types de liaisons intra-urbaines. Relevant tous de maîtrises d’ouvrage privées, ces exemples appellent une réévaluation de l’espace public dans la sphère du privatif. Ambiguë, cette question est bien sûr suspendue à l’ambition des porteurs de projet censés répondre aux attentes des villes en matière d’ouverture, de nouveaux programmes et d’accessibilité à tous.
Les îlots des grands magasins historiques sont les importants moteurs de ces grandes transformations. En quête de nouveaux champs d’expériences et de modèles économiques – dus notamment au développement de la digitalisation de l’acte d’achat –, le commerce cherche aujourd’hui d’autres manières de se lier à la ville. Pour y répondre, deux approches de l’îlot semblent s’opposer : celle de la métamorphose invisible, en attestent les îlots du BHV dans le Marais, ou celle de la réhabilitation spectacle dont relèvent les îlots de la Samaritaine, à proximité de la Seine. La première repose sur une vision incrémentale de l’îlot envisagé comme une chaîne dans la ville qu’il s’agit de mettre en relation et d’ouvrir, quand la seconde s’appuie sur une croyance dans l’îlot objet, assumant une certaine forme d’exclusivité.
À
travers ce dossier prenant sur le vif des projets à peine livrés ou encore en
chantier, nous essayons de cerner ce qui motive ces transformations, et
d’inciter à lire la ville autrement, comme nous y encourageait Giambattista
Nolli au XVIIIe siècle, avec ses coupes horizontales de Rome ou du Caire,
laissant apparaître les rez-de-chaussée publics, les cours et passages dans la
continuité des grands tracés viaires. Tel un intérieur qui augmente et se
prolonge, nous pouvons ainsi imaginer d’autres cartographies de la ville Ã
partir de potentiels de transparences, de mixités, de mutualisations et de
liaisons : autant de nouvelles possibilités d’extension et d’enchaînements de «
pièces ». Car aujourd’hui, le tissu des villes historiques et denses comme peut
l’être celui de Paris est paradoxalement sous-exploité, et la richesse et le
pouvoir de reprogrammation des cœurs d’îlots sont sous-activés.
Pour
ouvrir ce débat sur la transformation du patrimoine du point de vue de
l’urbanité, nous avons organisé une table ronde réunissant différentes
personnalités : Jean-François Cabestan1, historien de l’architecture et
cofondateur de la société Attrapa (atelier de transformation des Patrimoines) ;
Éric Costa, président de Citynove2, la foncière des Galeries Lafayette (propriétaire
du BHV) ; Léonard Lassagne, de l’agence DATA, qui a notamment travaillé sur la
transformation de l’îlot BHV ; et enfin Djamel Klouche de l’AUC, dont la double
approche architecturale et urbaine est particulièrement pertinente au regard de
ce sujet.
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