L’architecte Charles-Edmond Henry (Studio Henry) a conçu et réalisé la première boutique Bapy dans le quartier de Shibuya à Tokyo. Bapy est une déclinaison de A Bathing Ape (Bape), marque japonaise de streetwear de luxe. La cible privilégiée est la jeune fille urbaine et active qu’il faut convaincre de l’intérêt de se déplacer en magasin. « Au-delà du dessin d’une boutique, il nous fallait imaginer un univers totalement nouveau, explique Charles-Edmond Henry. Avec en tête l’image de cette jeune fille urbaine, nous avons proposé à Bape deux options : l’une très psychédélique et l’autre inspirée du brutalisme. La deuxième option a tout de suite été retenue. » Le concept proposé était d’entremêler les univers très codifiés et genrés qui persistent dans la mode : couleurs pastel pour les femmes et ambiance minérale pour les hommes. Sur 110 m2, la boutique mise sur des géométries aux lignes franches et une matière brute, contrebalancées par le choix d’un béton rose quartzé poudré mis au point avec des artisans japonais : « C’est une sorte de terrazzo fait de poussières de marbres et de pierres. La sensation de cette matière au toucher est incroyablement douce, comme du velours », souligne l’architecte. Le choix de cette teinte n’est pas anodin. Généralisé et théorisé depuis 2016 pour sa propension à séduire la génération Y – les fameux Millennials –, le « Millennial Pink » s’est imposé comme la couleur unisexe par excellence. Une aubaine dont se sont emparées de nombreuses marques qui revendiquent la neutralité du genre comme stratégie marketing. Mobilier et étagères sont également réalisés avec ce même béton rose, renforçant l’ambiance monochrome et monomatière recherchée. En guise de portants, de fins tubes d’acier bleus se déploient dans toute la boutique.