Facade |
Dossier réalisé par Stéphane BERTHIER L’agence parisienne NZI réalise à Nogent-le-Rotrou une
opération de 13 maisons construites en ossature bois et isolées en paille
issue du territoire agricole du Perche. Ils expérimentent ainsi la possibilité
de construire en circuit court, à partir des agroressources de la région.
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Chaque logement prend la forme d’une maison iconique avec son toit à deux pans égaux. Les enveloppes en pin, particulièrement soignées, se déclinent en trois couleurs, blanche, noire et teinte naturelle du bois. Les rives des toitures métalliques dessinent de fines lignes qui dressent les arêtes des pignons avec élégance. D’une manière générale, l’exigence des « détails » du projet efface tout ce que ce type de construction peut parfois présenter de lourdeur et de maladresse sous forme de recouvrement de couvertines et autres tôles d’habillage. Les 36 centimètres d’épaisseur de paille nécessaires pour atteindre l’objectif de performance thermique ont dimensionné l’enveloppe qui prend alors une présence physique appréciable, lisible dans la profondeur des baies, tandis que ce type de construction à ossature bois présente souvent une légèreté qui donne un sentiment de fragilité. Étonnamment, une maison en paille paraît plus solide que les standards actuels, de quoi revisiter le conte pour enfants des Trois Petits Cochons.
Un chantier exemplaire
Le mode constructif utilise les matériaux biosourcés comme le bois et la paille, très présente dans les environs, au bénéfice de l’économie du territoire. Les architectes échappent avec habileté à l’écueil du rustique, souvent constaté dans ce type d’architecture dite « écologique ». La qualité du design et l’exigence de la réalisation montrent que la démarche environnementale ne contraint pas le désir d’architecture. Dans les conditions économiques tendues du logement social, ni la qualité des logements ni celle de la construction ne semblent avoir pâti du choix a priori risqué d’un mode constructif biosourcé, au contraire. Cela tient sans doute au fait que ces maisons ont été largement préfabriquées, par panneaux entiers de façades, livrés quasiment terminés sur le chantier, limitant ainsi le temps des travaux et les approximations du chantier. L’assemblage des modules préfabriqués a d’ailleurs fait l’objet d’un soin particulier, dont témoigne le calepinage savant de façades qui tire parti de ce mode constructif plutôt que de le subir.
Cette étude n’a malheureusement pas fait l’objet d’une quantification carbone et il est par conséquent difficile d’estimer la diminution d’émissions de CO2 par rapport à un bâtiment classique, même si l’on peut spéculer sur le fait que l’usage des matériaux biosourcés, fabriqués par l’énergie solaire et constitués essentiellement de carbone issu de l’atmosphère, conduit à un bilan favorable. Ce type de réalisation expérimentale permet de faire avancer les réflexions sur nos manières de bâtir. Les architectes ont notamment dû surmonter quelques difficultés d’interprétation des règles professionnelles de la construction en paille, qui ne fait pas encore l’objet d’un DTU. Nul doute que ce type d’expérience réussie participe à l’évolution des mentalités et des normes en vigueur, pour le plus grand bénéfice de notre environnement.
[ Maître d’ouvrage : OPH Nogent Perche Habitat – Maître d’œuvre : NZI Architectes – Programme : 13 maisons – Surface : 1 110 m2 SHAB – Coût : 1,62 million d’euros HT – Livraison : 2018 ]
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