Eau et bois à tous les étages : L’esprit de la ruche

Rédigé par Olivier NAMIAS
Publié le 04/03/2016

Les contraintes d'ensoleilement définissent la taille des balcons

Dossier réalisé par Olivier NAMIAS
Dossier publié dans le d'A n°242

Extension de la Maison de l’Inde, Cité internationale universitaire, Paris 14e Lipsky+Rollet architectes

Faut-il présenter la Cité internationale universitaire de Paris, Babel estudiantine où résident à l’année 6 000 étudiants du monde entier, dans un jardin de 34 hectares, fragment de cette ceinture verte qui devait remplacer intégralement la « zone Â» entourant la capitale ? ÃŽlot de verdure, le parc est aussi un musée d’architecture, comprenant des bâtiments de Dudok, Le Corbusier, Laprade… héritage de deux campagnes de construction remontant aux années 1920-1930 et 1950-1960. En 2012, la Cité a officiellement lancé le troisième plan d’urbanisme de son histoire, qui devrait aboutir à la réalisation de 1 600 nouveaux logements sur huit ans par densification du site et échange de terrain avec la ville de Paris. L’extension de la Maison de l’Inde, livrée en 2013, marque symboliquement le démarrage de cette nouvelle phase d’aménagement, bien que le projet ait été annoncé dès 2008. Soixante-douze chambres sont édifiées à l’arrière de la maison de l’Inde existante1, et se connectent à celle-ci par une petite passerelle à l’air libre, lien symbolique unissant l’ancien et le nouveau dans le respect de la réglementation PMR !

La proximité des voisins – maison du Maroc, du Brésil, ou le futur bâtiment Coubertin – génère de nombreuses contraintes de prospect. Lipsky et Rollet ont conçu un bâtiment compact qui s’ouvre « tel une marguerite », tournant les chambres vers le soleil. La modulation des balcons suit une courbe d’ensoleillement optimale, favorisant l’éclairage naturel en évitant l’échauffement ou l’éblouissement. À l’inverse, la façade nord se ferme, dominant un petit square de sa paroi de tôle ondulée rouge – une façon radicale d’en finir avec les problèmes de vis-à-vis. L’implantation en L de l’extension permet de retrouver un patio sur lequel s’ouvrent les cuisines communes, décorées de fresques réalisées par des Warli (une tribu installée principalement au nord de Mumbai), et une partie des chambres.


Alvéoles

Forte de ses sept niveaux, la résidence était, lors de son inauguration, le plus haut bâtiment bois de France. Trois facteurs ont motivé l’emploi de ce matériau. En premier lieu, la volonté du maître d’ouvrage de s’inscrire dans une démarche environnementale. La construction bois paraissait adaptée à la volumétrie compacte et à la répétitivité du programme, ainsi qu’aux nécessités d’un chantier en site très contraint devant se dérouler dans des délais très courts (quinze mois). Les architectes pensaient tout d’abord reconduire un système de caissons en panneaux CLT qu’ils avaient déjà mis en œuvre sur une résidence universitaire à Troyes. Pour des questions de coûts, la structure est finalement réalisée en charpente bois entourant un massif de béton contenant les circulations verticales et des petits locaux de service. Dans les chambres, l’ossature a été enfermée dans un revêtement plâtre. À l’extérieur, c’est un capotage métallique qui vient recouvrir les membrures des balcons, suivant de près les variations des alvéoles de cette ruche sculptée par la course du soleil.



[ Maîtrise d’ouvrage : Maison de l’Inde – AMO : VE consulting – Maîtrise d’œuvre : Lipsky+Rollet architectes mandataire – BET structure/fondation : C&E ingénierie – BET bois : Gaujard Technologie – BET fluides : Inex – BET HQE : ExNdo – Économie : Bureau Michel Forgue – Acoustique : Atelier Rouch – OPC : France Ingénierie Service â€“ Paysage : Frédérique Garnier – Shon : 2 861 m2 – Coût : 4,3 millions d’euros HT – Livraison : 2013 ]


1. Inaugurée en juin 1968, elle a été conçue par les architectes indiens M. Benjamin et H.R. Laroya, associés à Gaston Leclaire.

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