N° 151 - Décembre 2005

Les crises sociales, c’est normal, conduisent toujours à exacerber les manichéismes, comme pour mieux nier la complexité des questions en jeu. Moins on comprend, plus il faut des boucs émissaires : flics, politiciens, immigrés, architectes. En attendant de réaliser que la récente recrudescence de l’usage du cocktail Molotov relève d’un ordre de raisons qui nous échappe encore, chacun aboie, accuse et crie vertu pour mieux se disculper d’une responsabilité qui nous incombe pourtant à tous. Les « grands ensembles » sont le décor expiatoire de ce théâtre dont se délecte chaque soir la télévision. Il est vrai que pour la mémoire de quelques barres ou tours auxquelles on reconnaît aujourd’hui des qualités que n’atteignent pas la plupart des architectures actuelles, on ne peut omettre de rappeler que beaucoup d’architectes se sont hier faits complices d’un urbanisme indigent. Leur cynisme et leur bêtise ne doivent pas être oubliés. Mais croire que les émeutes n’auraient pas lieu avec la même violence dans un environnement pavillonnaire relève de l’ignorance. D’abord parce que, comme à Los Angeles, c’est justement dans ce type d’habitat que les premières violences urbaines de ce genre se sont déclenchées, et ensuite parce que les tares dont sont chargées, souvent avec raison il est vrai, les cités sont justement atténuées par la relative densité de leur organisation. Croit-on réellement que l’étalement urbain résout les problèmes de désenclavement, de transport ou d’équipement de proximité ? L’heureux propriétaire d’une maison de nain de jardin derrière son grillage au fond d’une raquette de lotissement crée-t-il du lien social ? Non, malgré leur déficience coupable de qualité urbaine, la ségrégation des cités ne leur est pas intrinsèque et c’est, au contraire, le développement inexorable de l’habitat pavillonnaire qui contribue, par l’exclusion de l’autre, à la relégation. Emmanuel Caille

Abonnez-vous à D'architectures

Sommaire 

Parcours

Photographes

» Éric Baudelaire : « L’architecture comme métaphore de l’État »

Le Grand Entretien

Razzle Dazzle by Mehdi Zannad

Questions pro

Livres

Point de vue / Expo / Hommage

Concours

Le dossier du mois

Réalisations

D’A Lab - Design

Techniques

Innovations

Produits utiles

Archives PDF

Le téléchargement des archives au format PDF est réservé aux membres inscrits possédant un abonnement au magazine papier.
Vous n'êtes pas identifié.
SE CONNECTER S'INSCRIRE
» La Philharmonie Luxembourg Architecte Christian de Portzamparc texte Emmanuel Caille
» Patrick Devanthéry et Inès Lamunière Une pratique ouverte et signifiante texte de Joseph Abram
» Éric Baudelaire : « L’architecture comme métaphore de l’État » propos recueillis par Yasmine Youssi
» D.P.L.G. : vie et mort d’un diplôme (2e partie) texte de Marie-Jeanne Dumont
» La maison est une petite ville Architectes : OMA (Rem Koolhaas et Ellen van Loon) texte Françoise fromonot

> L'Agenda

Décembre 2024
 LunMarMerJeuVenSamDim
48      01
4902 03 04 05 06 07 08
5009 10 11 12 13 14 15
5116 17 18 19 20 21 22
5223 24 25 26 27 28 29
0130 31      

> Questions pro

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6

L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l…

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6

L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent.

Quel avenir pour les concours d’architecture publique 2/5. Rendu, indemnité, délais… qu’en d…