L’épidémie pavillonnaire, qui affecte les territoires suburbains et ruraux, est une catastrophe culturelle et écologique aux conséquences bien plus graves que celles des « grands ensembles », et qu’il sera plus difficile d’endiguer. Imagine-t-on la mise en application d’un plan gouvernemental du type : 200000 pavillons détruits en cinq ans ? Les architectes ont assisté passivement à l’essor du kitsch standardisé des maisons sur catalogue, au point de quasiment disparaître du marché du logement individuel. En se positionnant sur un plan esthétique, ils n’ont apporté qu’une réponse en total décalage avec la réalité socio-économique, à peine susceptible de convaincre quelques « bobos » éclairés. La monoproduction d’un seul type de construction par les pavillonneurs a non seulement fabriqué de toutes pièces un modèle faussement traditionnel, qui est désormais inscrit dans l’imaginaire collectif, mais surtout elle a totalement appauvri le savoir-faire des entreprises, modelé le système de financement et d’assurance à son avantage, marginalisant le travail d’architecture.
Le combat du bon goût contre la vulgarité est dérisoire. La forme de la maison est d’ailleurs moins importante que sa capacité à instaurer un dialogue pertinent avec son environnement. Aussi belle et chic soit-elle, une architecture n’est habitable que si elle l’est aussi pour sa voisine et pour le paysage qui l’accueillent.
C’est en incarnant ces valeurs que les architectes pourront redevenir des acteurs du logement individuel. Déconsidérés par la désinvolture de certains d’entre eux, ils devront aussi convaincre de leurs compétences techniques, faire comprendre que la réponse au désir d’habiter ne peut se limiter à l’achat d’un produit, et ne pas avoir la naïveté de croire qu’ils pourront séduire par le seul charisme de leur créativité.
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