La révolution numérique du processus d’élaboration d’un bâtiment, de sa conception à sa réalisation, est aujourd’hui une réalité technique qui émerge lentement du champ expérimental. Il peut paraître paradoxal qu’au même moment certains architectes revendiquent la reconnaissance d’un langage architectural qui ne craint pas d’utiliser pour vocabulaire les éléments standardisés des catalogues de produits industriels, ou même des matériaux de récupération. L’ère du numérique promet la réalisation du rêve de l’architecte : plus rien ne s’opposera à la création d’une infinité de formes complexes qui, de l’écran au chantier, en passant ou non par l’usine, seront réalisées presque en temps réel. Techniquement possible, ce rêve se heurte à une réalité nettement plus prosaïque : celle de travailleurs non qualifiés empilant des parpaings sur un chantier. La disparition des savoir-faire est un problème structurel qui dépasse le monde du bâtiment. On ne saurait ignorer, cependant, qu’elle s’explique aussi par la carence de moyens investis au mètre carré construit, surtout en France. L’usage de produits industrialisés, dès les premières phases de conception, peut être une stratégie pour reprendre l’initiative au sein d’un processus où les éléments standardisés auraient fini par s’imposer, que ce soit pour des raisons techniques, économiques ou réglementaires. On oppose souvent à tort ces deux pratiques qui peuvent très bien coexister au gré des opportunités. Les styles architecturaux radicaux qu’elles ont chacune engendrés, parfois naïvement, ont contribué à renforcer cet antagonisme et à brouiller les cartes d’une réalité plus complexe.
Devant ces questions, les réponses que l’on élaborera et les choix qui seront effectués modifieront profondément la place de l’architecte au sein du processus de production et donc l’architecture que l’on voudra bien lui laisser concevoir.
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