Cinquante nuances de bleu : un vitrage dynamique pour filtrer la lumière solaire

Rédigé par Olivier NAMIAS
Publié le 02/05/2013

Le vitrage électrochrome

Article paru dans d'A n°217

Le vitrage électrochrome développé par Sage propose une manière originale de moduler les apports de lumière solaire. Il intègre une couche micrométrique de céramique qui s'oxyde et se réduit à la demande, devenant plus ou moins sombre. Utilisé depuis dix ans sur des chantiers aux États-Unis, le SageGlass®, qui redonne une nouvelle noblesse à la vitre teintée, est maintenant disponible en Europe. Le contrôle des apports solaires, sujet incontournable concernant tout bâtiment énergétiquement efficient, a suscité plusieurs types de réponses architecturales.



Les deux solutions aujourd'hui les plus répandues sont le brise-soleil vertical ou le store, qui nécessite d'être protégé des vents par une façade rapportée appelée double peau. Le produit développé par Sage se propose de réaliser le contrôle solaire sans le secours de ces appendices, juste par un traitement particulier du verre. Le principe de fonctionnement du procédé se comprend aisément : une couche de céramique épaisse comme le 1/50e d'un cheveu, soit environ un micromètre, est déposée à la surface du verre. Sa présence est imperceptible et ne modifie pas la transparence du vitrage. Le passage d'un courant de 3 volts provoque l'oxydation du tungstène contenu dans la céramique, qui atteint le niveau d'obscurcissement souhaité quelques minutes après son déclenchement. L'inversion des polarités électriques entraîne la réduction de l'oxydation, ramenant la couche céramique à son état transparent. Ce système rappelle le Priva-Lite®, un verre transparent contenant des cristaux liquides sous tension, qui s'opacifie à la rupture du courant électrique. Mais il en diffère par la nature des matériaux utilisés et par le fait qu'il n'interrompt pas la vue vers l'extérieur.


L'obscurcissement contre le réchauffement
Commercialisé depuis plus de dix ans aux États-Unis, le produit commence à être mis en œuvre en Europe. Il est proposé pour tout type d'application : en tertiaire, dans les équipements ou en résidentiel. Il est possible de l'intégrer à des doubles ou triples vitrages jusqu'à une dimension maximale de 1,50 x 3,00 mètres. Le degré de filtrage est gradable. Selon l'obscurcissement, le verre laisse passer de 60 % jusque 2 % à peine du flux de lumière du jour. Il élimine une partie du rayonnement visible et du rayonnement infrarouge, responsable de l'échauffement thermique. Le réglage de l'obscurcissement peut s'effectuer manuellement ou à l'aide d'une GTB commandée par cellule photoélectrique. La division du vitrage en zones permet un réglage fin de la luminosité : jusqu'à trois niveaux d'opacification différents peuvent être obtenus sur un seul panneau vitré, grâce à un système d'adressage activant les courants électriques de façon différenciée. Son installation doit être pensée dès le début du projet si l'on veut en tirer le meilleur parti sur le plan de la consommation énergétique.
Le coût de ce système est-il prohibitif ? Non, si l'on en croit Julien Orillard, business manager chez Sage : « Si on fait le calcul en comparant le coût du Sageglass à celui d'un vitrage classique, le coût de la fenêtre est bien sûr plus élevé avec notre produit. Mais il faut calculer la plus-value en prenant en compte le coût global d'installation et d'entretien d'une façade à double peau », explique-t-il. Quant à la mise sous tension permanente du vitrage sous un courant de 3 volts, nécessaire au maintien de la transparence comme à l'activation de l'opacité, elle n'entraînerait pas de consommation électrique supérieure à celle des moteurs de stores. Et le fonctionnement d'une protection solaire par vitrage électrochrome reste totalement silencieux, contrairement à celui des stores. Sage affirme que sur certains chantiers américains, l'utilisation de ce vitrage a permis de remplacer la climatisation par une simple ventilation naturelle. Voilà qui augurerait un avenir radieux à ce produit mutant…


Fabricant : Sage Europe
Site web : http://www.sage.com/

> Photos

> Autres produits dans la même catégorie

Vers une normalisation des…

Dans la lignée du béton de chanvre, le groupe d…

Expérimentations décarbo…

En 1966, dans la forêt amazonienne, Wim Sombroek …

Une couverture tout en sou…

Comment concilier, finesse, légèreté, luminosit…

Fenêtre sur contes : un s…

En 2016, l’agence Kengo Kuma And Associates (KKA…

Par-delà le boulevard pé…

Aux confins de la ligne 13 du métro parisien, la …

La terre crue donne un nou…

On croyait les techniques de fabrication additive …

Construction en terre crue…

Difficile d’y échapper : la terre crue s’inst…

Le réemploi de terre cuit…

Plus évident pour le design de mobilier ou les e…

Alliage high-tech pour fa…

Habituellement utilisé pour l’industrie médi…

VOIR ÉGALEMENT

>> Actus brèves
>> Parcours
>> Photographes
>> Livres
>> Point de vue / Expo / Hommage
>> Concours
>> Le dossier du mois
>> Le Grand Entretien
>> Produits utiles
>> Questions pro
>> Razzle Dazzle by Mehdi Zannad
>> D’A Lab - Design
>> Techniques

Les articles récents dans Innovations

Vers une normalisation des bétons biosourcés Publié le 29/04/2024

Dans la lignée du béton de chanvre, le groupe de travail La Guilde Sable Vert a révélé en… [...]

Expérimentations décarbonées avec le biochar : une solution miracle ? Publié le 05/05/2023

En 1966, dans la forêt amazonienne, Wim Sombroek cartographiait de larges étendues d’un certain … [...]

Une couverture tout en souplesse. Halle des sports et pavillon d’accueil dans le parc du lycée Michelet de Vanves, par Explorations Architecture et le BET EVP Publié le 07/04/2023

Comment concilier, finesse, légèreté, luminosité et élégance pour couvrir des terrains de spor… [...]

Fenêtre sur contes : un skypool entre ciel et eau - Musée Andersen à Odense, Danemark, par Kengo Kuma and Associates Publié le 09/03/2023

En 2016, l’agence Kengo Kuma And Associates (KKAA) remporte le concours pour l’extension du mus… [...]

Par-delà le boulevard périphérique : Un prototype de serre urbaine de Lacaton & Vassal et Gaëtan Redelsperger Publié le 07/02/2023

Aux confins de la ligne 13 du métro parisien, la première couronne compte l’une des dernières f… [...]

La terre crue donne un nouveau souffle à l’impression additive Publié le 01/12/2022

On croyait les techniques de fabrication additive par impression 3D reléguées au passé – un on… [...]

.

Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :

Vous n'êtes pas identifié.
SE CONNECTER S'INSCRIRE
.

> L'Agenda

Novembre 2024
 LunMarMerJeuVenSamDim
44    01 02 03
4504 05 06 07 08 09 10
4611 12 13 14 15 16 17
4718 19 20 21 22 23 24
4825 26 27 28 29 30  

> Questions pro

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6

L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l…

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6

L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent.

Quel avenir pour les concours d’architecture publique 2/5. Rendu, indemnité, délais… qu’en d…