[ CE QUE LA GUERRE FAIT À L'ARCHITECTURE ] « It’s the End of the World As We Know It (And I Feel Fine) »

Rédigé par Gubkina IEVGENIIA
Publié le 28/06/2023

club des ouvriers du chemin de fer. Kharkiv. Ce bâtiment constructiviste, réalisé en 1932 par A. Dmitriev, a été bombardé le 18 août 2022.

Dossier réalisé par Gubkina IEVGENIIA
Dossier publié dans le d'A n°309

Dans ce texte poignant, l’historienne de l’architecture et cofondatrice de l’ONG Urban Forms Center Ievgeniia Gubkina témoigne de la douleur et de l’énergie de ceux qui dansent sur les ruines pour trouver la force de reconstruire. Ses travaux portent sur l’architecture et l’urbanisme du XXe siècle en Ukraine, ainsi que sur une approche pluridisciplinaire des études sur le patrimoine. Elle est l’auteur des ouvrages Slavutych: Architectural Guide (DOM publishers, 2015) et Soviet Modernism. Brutalism. Post-Modernism. Buildings and Structures in Ukraine 1955-1991 (DOM publishers, 2019). Depuis le début de la guerre, elle est chercheuse invitée à l’UCL (London’s Global University).

À côté des discours sur les pics (révolutions, résistances, victoires) et les creux (crises, échecs, destructions) de notre histoire commune, d’autres schémas de compréhension de l’espace et du temps, plus linéaires et irréversibles, émergent ici et là : des « fins du monde » qui se répètent à l’envi. Nombreux sont ceux qui se souviennent de la chanson des Doors, « The End », l’histoire en apparence personnelle de la fin d’une relation, mais qui annonce l’échec du mouvement mondial de protestation de 1966-1968 et l’escalade de la guerre américaine au Vietnam. Vingt-deux ans plus tard, en 1989, Francis Fukuyama écrivait son texte emblématique La Fin de l’histoire. 

Ce n’est pas un hasard si la seconde moitié des années 1980 est associée à un certain nombre de « fins » : l’effondrement de l’Union soviétique, la chute du mur de Berlin, la désillusion de la modernité et du progrès, précédée par les catastrophes de Tchernobyl et de Bhopal en Inde. Une série de conflits militaires plus ou moins graves dans le monde et, jusqu’à récemment, la plus grande guerre que l’Europe ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale, la guerre de Yougoslavie dans les années 1990. C’est également dans cette logique qu’Eric J. Hobsbawm voit dans les années 1980 la fin du « court XXe siècle » (par opposition au « long XIXe siècle2 »). Et c’est cette notion de fin d’époques, de civilisations et de mondes qui (...)

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