Palais du commerce Rennes 1 |
Un parking de centre
commercial, une bâtisse du XIXe siècle à Rennes, des coteaux corses
: ce sont trois sites bien différents que ces équipes d’architectes sont
mises au défi de réinventer, dans des projets qui verront le jour d’ici
quelques années. |
Renaissance rennaise
Bernard Desmoulin se voit investi de la transformation du Palais du Commerce de Rennes aux côtés de l’agence néerlandaise MVRDV.
L'architecte français accumule un certain nombre d’interventions dans des bâtiments historiques : les ruines de l’Abbaye de Cluny, le Grand Commun du Château de Versailles, les réserves du musée Rodin, et plus récemment le musée de Cluny dont les façades aux reflets cuivrés lui ont valu une nomination au prix Mies van der Rohe. L’architecte devra encore prouver son habileté à faire du neuf avec l’ancien, dans une bâtisse classée du XIXe siècle. L’agence MVRDV, plus familière des grosses opérations dans les métropoles américaines, asiatiques, et du nord de l’Europe, travaille en France sur la rénovation du centre commercial de la Part-Dieu à Lyon, et a élaboré le plan directeur de la presqu’île de Caen. Le résultat de cette association inédite a de quoi susciter la curiosité. L’équipe a remporté le concours face à l’agence François Chatillon associée à Snøhetta, ainsi que l’agence Perrot-Richard. OMA et ALL Architectes avaient quant à eux quitté la compétition en cours de consultation
Le Palais du Commerce, bâtisse de 12 000 m², située place de la République, se destinera à un usage essentiellement commercial. Il accueillera 5000 m² de commerces, 4000 m² de bureaux et d’espaces de co-working, un hôtel de 105 chambres, 7 cafés et restaurants, ainsi qu’une école de cuisine et d’hôtellerie tournée vers la réinsertion professionnelle. La Poste qui investissait jusqu’ici les lieux y gardera ses services, tout en implantant de nouveaux locaux comme une conciergerie numérique et un espace de logistique urbaine. Le projet devrait être livré fin 2022.
Minéralité insulaire
À
Ajaccio, le Conservatoire de musique, de danse et d’art dramatique Henri Tomasi
qui prendra place dans le futur écoquartier Finosello sera réalisé par Rudy
Riciotti et Amélia Tavella. Il s'insert dans le programme d’aménagement
« Ajaccio 2030 », qui vise à rendre la ville plus attractive sur le
plan économique et touristique.
En octobre 2017, la Ville d’Ajaccio délivrait un mandat à la SPL Ametarra pour la réalisation de ce projet. Cette opportunité est intervenue dans le cadre d’une opération de rachat d’une emprise foncière appartenant à la Collectivité de Corse. Le nouveau Conservatoire permettra de rassembler en un seul bâtiment pouvant accueillir 600 élèves, les trois unités actuellement dispersées dans la ville.
« Leur
proposition a fait l’unanimité auprès de la Ville car il mettait en lien non
seulement l’intégration et le respect du bâtiment au site mais il a été pensé
aussi avec le futur projet d’écoquartier du Finosello », explique Sophie
Boyer de la Giroday, directrice de la SPL Ametarra.
Le
conservatoire, situé sur un terrain très pentu, sera très étroitement intégré dans la topographie du lieu. Il assurera un rôle de pivot entre deux quartiers, les
Cannes et les Salines. Les architectes ont souhaité rendre hommage au
compositeur d’origine corse, Henri Tomasi, qui a donné son nom au conservatoire.
Ils disent vouloir faire des brise-soleils des façades, de fines lames
verticales légèrement ondulées, « une transcription littérale d’une
partition représentative de l’œuvre de Tomasi ». Les monolithes
granitiques témoigne de l’attachement du compositeur pour la « minéralité
insulaire », traits verticaux qui ne sont pas sans rappeler ceux de la
Bibliothèque de Rouen ou du MUCEM.
Le coût du projet s’élèvera à 8 millions d’euros, et sera financé à 63 % par l’État, 20 % par la ville d’Ajaccio, et 17 % par la Collectivité de Corse. Le bâtiment abritera les locaux du conservatoire : un pôle d'art dramatique, et un pôle de danse, l’école de musique municipale, et un auditorium ouvert au public.
Wimbledon : Gehry remporte le tournoi
On
découvrait, il y a un mois, les images du Barbican de Londres qui sera réalisé
par l’agence Diller Scofidio+Renfro. Une seconde salle de concert sortira de
terre dans la banlieue londonienne, à quinze kilomètres de la première, dans le
quartier de Wimbledon, internationalement connu pour son tournoi de tennis. Franck
Gehry qui avait été présélectionné pour le projet du Barbican, mais non
lauréat, trouvera dans la conception du Wimbledon Concert Hall une consolation,
bien que cette seconde salle soit dans ses dimensions plus modeste que la première,
et prenne place dans une situation urbaine plus délicate.
Anthony Wilkinson organise depuis dix ans le Wimbledon International Music Festival, mais jusqu’ici les concerts prenaient place, pour la plupart, dans les églises de la ville. Il voulait offrir à cet évènement annuel un unique bâtiment. Le quartier londonien bénéficiait anciennement d’une salle de concert, détruite en 1987 pour laisser place à un centre commercial, et ’ambition de lui redonner vie mûrissait déjà depuis quelques années. Le nouveau projet prendra place sur le parking d’un centre commercial, avec lequel il devrait dialoguer. Franck Gehry, qui a déjà réalisé le Disney Hall à Los Angeles, et le Pierre Boulez Saal à Berlin, déclare aimer l’idée d’être dans un centre commercial. Il voit dans cette situation inédite un enjeu stimulant qui rendra cette salle de concert unique. Le complexe accueillera un programme éclectique : des concerts de musique pop aussi bien que classique, des groupes locaux comme des ensembles internationaux.
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