8 - Bureaux d'une société de production visuelle, Madrid, Zigzag Arquitectura 

Rédigé par Karine DANA
Publié le 01/06/2021

Vue du sous-sol

Dossier réalisé par Karine DANA
Dossier publié dans le d'A n°290

Pour la transformation de cet ancien garage en espaces de travail, les architectes saisissent l’occasion de fabriquer un nouveau « milieu », développé par l’interconnexion de strates horizontales et verticales, ouvertes et plantées. 

 


Pourtant enclavé et présentant un sous-sol mal conservé et dénué de lumière naturelle, l’existant a été abordé comme une petite géographie. Les concepteurs profitent de ses deux vastes niveaux, de son ancienne rampe d’accès et de son exposition zénithale pour aménager deux « terrains » liés entre eux par des vides, des vues, des expansions végétales ainsi que par un apport de lumière en toiture très généreux. « Nous pensons aux villes comme des entités toujours pleines, frénétiques et surpeuplées, mais il y a encore des vides abandonnés par la voracité des nouvelles constructions ; des poches d’air oubliées dans un système qui préfère le nouveau à la pérennisation de l’existant, expliquent les architectes qui ont collaboré au choix de cet emplacement. Un de ces endroits se trouve dans le centre de Madrid, non loin de la gare d’Atocha, dans la cour d’un bâtiment historique datant de 1859. À l’origine, un bel endroit qui servait de lavoir et qui a fini par devenir la ruine abandonnée d’un atelier automobile, dégradé, humide et sans lumière naturelle. » 


Destiné à réunir les bureaux d’une société de production télévisuelle, le projet 3D3N, tel qu’il a été baptisé, est amené comme une nouvelle chance, en tirant parti tant du patrimoine bâti que des conditions de climat qui se dégagent de cette situation rare de « nappe » en pleine ville. Les mouvements d’air, de lumière, mais aussi la fluidité des espaces ont guidé les principes de son aménagement. Au regard des incertitudes d’usages qui touchent tous les secteurs d’activité, les maîtres d’œuvre tout comme le client étaient très conscients qu’il est aujourd’hui crucial de considérer des lieux, des potentiels, des situations de confort avant même de répondre à un programme. Ainsi, 3D3N est un espace de travail ouvert qui s’articule autour d’éléments d’ambiances – visibles et non visibles – associés au monde du travail. 


Celui-ci résulte de plusieurs stratégies spatiales développées et mises en relation par les concepteurs. La dalle de plancher existante entre le rez-de-chaussée et le sous-sol a été largement découpée pour rendre le sous-sol habitable, offrant autant de lumière naturelle et de ventilation que possible, et créant des cours intérieures. Depuis le sous-sol, le soleil, le ciel et ses nuages sont aujourd’hui perceptibles. Autour de ces cours profondes, les architectes ont créé des « dispositifs hybrides » grâce à l’agrégation d’éléments simples et structurants tels que des escaliers, une table, un banc, un patio ou des jardinières. « Ces nouvelles entités spatiales sont capables de garder le bâtiment aussi propre, lumineux et diaphane que possible », argumentent-ils. Un système de partition ouvert avec des zones d’intimité entre les différents groupes de travail a été ménagé grâce à l’utilisation de la végétation, permettant à l’espace intérieur d’être perçu presque comme s’il s’agissait d’un extérieur. Les murs sont ainsi composés de plantes de différents niveaux de densité et opacité. Enfin, les concepteurs ont cherché à démultiplier les usages liés aux anciens espaces de la rampe, devenant aujourd’hui un lieu au rapport intense avec la rue, dédié à la tenue d’événements, d’expositions et de projections collectives. « Une grande partie de notre temps a été consacrée à interviewer, débattre et développer des ateliers créatifs avec le client et son équipe afin de comprendre leurs besoins et leur dynamique de travail, de découvrir les points critiques où l’espace peut faire la différence. Nous pensons que réfléchir à de nouvelles façons de travailler implique de créer un système de conception créatif, analytique et scientifique avec les personnes qui l’habiteront, en utilisant la participation et l’intelligence collective comme méthode de projet », concluent les architectes. 


Dotée d’un budget restreint, cette opération efficace dans ses résolutions repose sur le recours à des matériaux pérennes tels que le bois ou le béton. L’usage de la peinture blanche généralisée sur les parties pleines et sur les sous-faces renforce la lecture de l’existant, dont les poutres treillis apparentes et les murs de briques qui ont facilement trouvé leur place. 

 

[ Maîtrise d’ouvrage : Catorce Comunicación – Maîtrise d’œuvre : ZZA-Zig Zag Arquitectura ; équipe : Bernardo Angelini, David Casino et Rodrigo Delso – BET : Jesús Crespo, Juan Alacid, Inercia – Paysage : Carmen Varela – Surface : 600 m2 – Calendrier : livraison, fin 2020 ] 

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