Performance Embittered Swish : Our Lady of the Flowers . Performeurs : Krishna Istha, Mick Klepner Roe, Mossy Pebbles, Bobuq Sayed et Cinnamon Templeton, 2017. |
Dossier réalisé par Stéphanie DADOUR De la prise en compte des groupes
marginalisés Entretien avec Luca Lana, fondateur de
l’agence Luca Lana et enseignant à l’université Monash, Australie |
D’a : à quel moment de votre vie
(personnelle/ professionnelle) votre travail en architecture a-t-il croisé les
approches queer, Et pourquoi ?
C’est en regardant une production Ã
michemin entre performance et pièce de théâtre que je me suis rendue compte que
ma pratique architecturale manquait de vitalité, d’effervescence et de
dynamisme. Je me suis ensuite rendu compte que l’architecture, de manière
générale, en manquait : j’en suis venu à me demander si l’architecture était
une discipline qui convoquait la créativité ou pas. Cette performance soulevait aussi des
questions fondamentales liées à notre société, à ces catégories, à travers une
perspective queer. Par ailleurs, mon travail à l’université implique des
moments de débat et de réflexion avec les étudiants ; il s’intéresse aux
possibles changements sociaux que peut opérer l’architecture et à la portée
politique de l’architecture. C’est ainsi que les intérêts se sont croisés.
D’a : une partie de votre travail croise
architecture et queer : comment définissez-vous votre approche et que
signifie-t-elle concrètement En termes d’espace Et d’architecture ?
Ma démarche est avant tout inclusive :
elle vise à prendre en considération le plus de différences possible, les
groupes marginalisés ou exclus sont ainsi parties prenantes dans le processus
de conception. Je travaille simultanément à deux niveaux : à penser
l’organisation et la morphologie des espaces tout en usant d’un langage plus
amusant et en modifiant les pratiques sociales conventionnelles. De manière
plus synthétique, je dirais que je cherche à concevoir des lieux où
l’atmosphère et l’ambiance ont le pouvoir de changer les possibles interactions
sociales. Je suis convaincu que l’architecture a un impact sur la transformation
des rapports sociaux. Un lieu queer serait ainsi un lieu fluide, basé sur une
autre vision de la société afin de résister aux normes existantes.
D’a : qu’est-ce que l’architecture peut
faire, changer ?
L’architecture a un impact sur les
relations sociales, et nous, architectes, avons l’habileté de la développer.
Elle peut permettre de résister à des genres de normativités, notamment celles
issues de rapports de pouvoir. Dans mon travail d’architecte, je cherche Ã
sensibiliser les plus jeunes : si les étudiants en architecture ne saisissent
pas directement l’impact de telles grilles d’analyse et de lecture, ils se
construisent néanmoins un positionnement politique qu’ils réintroduisent
ultérieurement. Que ce soit au niveau programmatique, organisationnel ou
formel, ils interrogent l’ordre et les hiérarchies conventionnels : et c’est
dans cette perspective que je perçois l’impact de l’architecture.
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