6. Entretien avec Luca Lana, fondateur de l’agence Luca Lana et enseignant à l’université Monash, Australie

Rédigé par Stéphanie DADOUR
Publié le 04/12/2018

Performance Embittered Swish : Our Lady of the Flowers . Performeurs : Krishna Istha, Mick Klepner Roe, Mossy Pebbles, Bobuq Sayed et Cinnamon Templeton, 2017.

Dossier réalisé par Stéphanie DADOUR
Dossier publié dans le d'A n°268

De la prise en compte des groupes marginalisés


Entretien avec Luca Lana, fondateur de l’agence Luca Lana et enseignant à l’université Monash, Australie

 


D’a : à quel moment de votre vie (personnelle/ professionnelle) votre travail en architecture a-t-il croisé les approches queer, Et pourquoi ?


C’est en regardant une production à michemin entre performance et pièce de théâtre que je me suis rendue compte que ma pratique architecturale manquait de vitalité, d’effervescence et de dynamisme. Je me suis ensuite rendu compte que l’architecture, de manière générale, en manquait : j’en suis venu à me demander si l’architecture était une discipline qui convoquait la créativité ou pas. Cette performance soulevait aussi des questions fondamentales liées à notre société, à ces catégories, à travers une perspective queer. Par ailleurs, mon travail à l’université implique des moments de débat et de réflexion avec les étudiants ; il s’intéresse aux possibles changements sociaux que peut opérer l’architecture et à la portée politique de l’architecture. C’est ainsi que les intérêts se sont croisés.

 

D’a : une partie de votre travail croise architecture et queer : comment définissez-vous votre approche et que signifie-t-elle concrètement En termes d’espace Et d’architecture ?

Ma démarche est avant tout inclusive : elle vise à prendre en considération le plus de différences possible, les groupes marginalisés ou exclus sont ainsi parties prenantes dans le processus de conception. Je travaille simultanément à deux niveaux : à penser l’organisation et la morphologie des espaces tout en usant d’un langage plus amusant et en modifiant les pratiques sociales conventionnelles. De manière plus synthétique, je dirais que je cherche à concevoir des lieux où l’atmosphère et l’ambiance ont le pouvoir de changer les possibles interactions sociales. Je suis convaincu que l’architecture a un impact sur la transformation des rapports sociaux. Un lieu queer serait ainsi un lieu fluide, basé sur une autre vision de la société afin de résister aux normes existantes.

 

D’a : qu’est-ce que l’architecture peut faire, changer ?

L’architecture a un impact sur les relations sociales, et nous, architectes, avons l’habileté de la développer. Elle peut permettre de résister à des genres de normativités, notamment celles issues de rapports de pouvoir. Dans mon travail d’architecte, je cherche à sensibiliser les plus jeunes : si les étudiants en architecture ne saisissent pas directement l’impact de telles grilles d’analyse et de lecture, ils se construisent néanmoins un positionnement politique qu’ils réintroduisent ultérieurement. Que ce soit au niveau programmatique, organisationnel ou formel, ils interrogent l’ordre et les hiérarchies conventionnels : et c’est dans cette perspective que je perçois l’impact de l’architecture.

 


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