4. Olivier Vallerand, cofondateur du laboratoire de création 1x1x1, professeur d’architecture à l’université Arizona State, Canada/États-Unis

Rédigé par Stéphanie DADOUR
Publié le 06/12/2018

Séquence architecturale qui reflète une interprétation des étapes participant à la construction d’une identité

Dossier réalisé par Stéphanie DADOUR
Dossier publié dans le d'A n°268

Queeriser l’espace : sensibiliser le grand public et les politiques


Olivier Vallerand, cofondateur du laboratoire de création 1x1x1, professeur d’architecture à l’université Arizona State,  Canada/États-Unis

 


Impliqué depuis plus de vingt ans dans les organismes communautaires LGBT, architecte-chercheur, Olivier Vallerand croise ces deux parcours. Ce qui l’intéresse est l’architecture, comprise dans ses aspects humains et sociaux, « un lieu plutôt qu’une forme », dit-il. Son travail consiste à rendre compte de l’impact de l’architecture sur la vie des gens, notamment les personnes homosexuelles ou trans. Des réflexions à ce sujet sont entamées depuis des années, mais invisibilisées, selon lui. Au canada et aux États-Unis où il travaille, les questions croisant architecture et sexualité sont aujourd’hui plutôt bien reçues, jugées pertinentes par le grand public et par le milieu architectural. C’est dans cette perspective que son approche consiste à rendre visible ce qui ne l’est pas encore tout à fait, et plus particulièrement ce qui a tendance à être mis à la marge.


Rendre visible

« Il y a ceux qui découvrent les effets de l’architecture sur les personnes LGBT ; et il y a de plus en plus d’architectes souhaitant œuvrer dans le bon sens », explique l’architecte. L’objectif d’Olivier Vallerand est de s’assurer que l’impact de l’architecture sur les personnes homosexuelles n’est pas discriminant, voire nuisible à la santé ; et ce, afin de trouver des façons d’améliorer les espaces de vie et de remettre en question certains réflexes d’architectes, d’outiller les enseignants et étudiants en architecture pour intégrer et prendre conscience de ces questions :

Qui a le pouvoir de faire de l’architecture ?

Qui a la possibilité de se faire entendre ?

Qui est ignoré, mis de côté ?

Qui ne fait pas partie des réflexions ?

D’un autre côté, son travail de médiation sensibilise le grand public à prendre conscience de l’importance de l’environnement bâti et de la nécessité de leur implication dans la prise de décision de certains aspects. Son activité passe donc par l’éducation et l’enseignement afin de faire de ces questions un intérêt citoyen : un guide est en cours de réalisation. Cette dimension politique est à la base des réflexions et passe par une pensée et une pratique queer. Dans le monde anglophone, l’usage du terme ne se réduit pas à l’orientation sexuelle mais porte une revendication politique qu’il est possible d’expliquer à trois niveaux. Il s’agit tout d’abord de représenter les personnes LGBT tant dans la conception architecturale que dans l’histoire de l’architecture. À un deuxième niveau, la théorie queer permet de porter un regard critique, de remettre en question les acquis et les catégories. Enfin et de manière plus militante, de prendre conscience que l’architecture est conçue dans un contexte capitaliste, politique. Pour Vallerand, il n’est pas tant nécessaire d’avoir un expert en féminisme dans chaque institution que d’interroger continuellement la profession et de trouver les façons de réellement fabriquer des villes inclusives. Le queer est un point d’entrée permettant d’envisager des solutions qui s’appliquent à tout le monde et qui ne sont pas spécifiques à des identités particulières. C’est une approche qui permet de réfléchir, de déconstruire certains acquis, une démarche ouverte qui rend les spatialités accessibles pour tout le monde.

Un exemple courant de réflexion sur la question revient aux toilettes publiques : dans quelles toilettes les transgenres doivent-ils se rendre ? La démarche de Vallerand consiste à procéder par une lecture historique afin de saisir la conjoncture autour des premières toilettes publiques. La séparation sexuée des toilettes peut ainsi être mise en cause et repensée… plutôt que de forcer certaines personnes à entrer dans une case, sexuée.

 


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