« Now What?! Advocacy Activism & Alliances in American Architecture since 1968 », exposition |
Dossier réalisé par Stéphanie DADOUR Transformer LES législatures par
l’architecture Lori Brown, cofondatrice de l’ONG
ArchiteXX et professeure d’architecture à l’université de Syracuse, États-Unis Après quelques années de pratique en
agence à New York, Lori Brown s’est orientée vers l’enseignement et la
recherche. Le milieu académique lui permet ainsi de mener une vie
professionnelle adossant ses convictions politiques et de répondre aux manques
qu’elle avait décelés lors de ses études : remise en question du star system de
l’architecture, ouverture aux différentes manières de pratiquer l’architecture,
et davantage de visibilité aux femmes architectes. |
Lori Brown est cofondatrice d’ArchiteXX, une organisation à but non lucratif pour l’égalité des sexes dans l’architecture et qui cherche à transformer la profession d’architecte en rapprochant les milieux académique et professionnel. Parmi les intérêts de ce groupe intergénérationnel d’universitaires et de praticiens, la recherche de manières stratégiques encourageant le leadership des femmes, cherchant à surmonter les facteurs qui contribuent à l’attrition, à redéfinir ce qui fait réussite et à promouvoir les approches inclusives.
Une démarche inclusive
Feminist Practices : Interdisciplinary
Approaches to Women in Architecture est une série de conférences et une
exposition itinérante qui ont donné lieu à un ouvrage que Lori Brown a dirigé
et publié en 2011. Féministe n’est ni synonyme de féminin, ni une approche
genrée de l’architecture. Ces manifestations proposent des méthodes non
conventionnelles de voir, de concevoir l’architecture et de faire de la
recherche. Elles critiquent les méthodes courantes dans la conception, défiant
les binarités usuelles (public/privé, visuel/ matériel…) et proposant des
approches participatives plus inclusives, engageant client, maître d’ouvrage et
communautés. Ce faisant, Brown défi e certains présupposés, notamment ce qui
fait architecture, et les manières de faire l’architecture. Au niveau
académique, les conférences qu’elle propose s’ouvrent à ces types de pratique ;
la programmation inclut plus de femmes, mais aussi des législateurs, des
commanditaires, des politiques afin d’amener les étudiants vers des
responsabilités délaissées par les architectes et des métiers à reconquérir.
L’ambition est d’encourager une approche systémique et d’introduire les
étudiants aux mondes de l’architecture.
Architecte féministe et militante
Dans son travail personnel, Brown
s’interroge sans cesse sur la dimension politisée de l’architecture. Ses
premières intuitions la mènent à créer des opportunités pour engager une
démarche militante en architecture. Elle s’intéresse de prime abord aux refuges
pour femmes et traverse les États-Unis et entame une recherche sur les cliniques
d’avortement, les refuges et hôpitaux pour femmes. Contested Space : Abortion
Clinics, Women’s Shelters and Hospitals est un ouvrage publié en 2013 qui
examine la relation entre l’espace, compris dans le sens matériel, légal et
législatif, et son impact direct sur les espaces d’avortement. Elle analyse la
manière dont les différentes entités politiques façonnent les paysages
matériels et participent de l’inclusion ou de l’exclusion de l’accès aux soins
de santé : elle s’interroge sur les responsabilités de l’architecture face à ce
conflit spatial.
Textes, dessin et cartographie rendent
compte des restrictions et des législatures qui influencent directement la
politique de l’avortement aux États-Unis, au Mexique et au Canada. Plus
précisément, Brown interroge la manière dont ces décisions juridiques
produisent des spatialités : pourquoi l’architecture n’est pas plus
culturellement et spatialement engagée dans ces espaces ? L’impact de
l’architecture sur ces lieux prouve que le rôle de l’architecte, ses pratiques
sociales et spatiales sont politiquement déterminantes. Si les cliniques
d’avortement ne sont pas encore de véritables sujets d’architecture, cet
ouvrage a permis d’ouvrir le débat dans le milieu américain et de réfléchir Ã
la fois au programme et à la conception de ces espaces : revoir, redéfinir et
repenser les codes et les normes du bâtiment, et impacter les législatures par
le biais spatial.
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