2. Lori Brown, cofondatrice de l’ONG ArchiteXX et professeure d’architecture à l’université de Syracuse, États-Unis

Rédigé par Stéphanie DADOUR
Publié le 08/12/2018

« Now What?! Advocacy Activism & Alliances in American Architecture since 1968 », exposition

Dossier réalisé par Stéphanie DADOUR
Dossier publié dans le d'A n°268

Transformer LES législatures par l’architecture


Lori Brown, cofondatrice de l’ONG ArchiteXX et professeure d’architecture à l’université de Syracuse, États-Unis

 

Après quelques années de pratique en agence à New York, Lori Brown s’est orientée vers l’enseignement et la recherche. Le milieu académique lui permet ainsi de mener une vie professionnelle adossant ses convictions politiques et de répondre aux manques qu’elle avait décelés lors de ses études : remise en question du star system de l’architecture, ouverture aux différentes manières de pratiquer l’architecture, et davantage de visibilité aux femmes architectes.

 


Lori Brown est cofondatrice d’ArchiteXX, une organisation à but non lucratif pour l’égalité des sexes dans l’architecture et qui cherche à transformer la profession d’architecte en rapprochant les milieux académique et professionnel. Parmi les intérêts de ce groupe intergénérationnel d’universitaires et de praticiens, la recherche de manières stratégiques encourageant le leadership des femmes, cherchant à surmonter les facteurs qui contribuent à l’attrition, à redéfinir ce qui fait réussite et à promouvoir les approches inclusives.

 

Une démarche inclusive

Feminist Practices : Interdisciplinary Approaches to Women in Architecture est une série de conférences et une exposition itinérante qui ont donné lieu à un ouvrage que Lori Brown a dirigé et publié en 2011. Féministe n’est ni synonyme de féminin, ni une approche genrée de l’architecture. Ces manifestations proposent des méthodes non conventionnelles de voir, de concevoir l’architecture et de faire de la recherche. Elles critiquent les méthodes courantes dans la conception, défiant les binarités usuelles (public/privé, visuel/ matériel…) et proposant des approches participatives plus inclusives, engageant client, maître d’ouvrage et communautés. Ce faisant, Brown défi e certains présupposés, notamment ce qui fait architecture, et les manières de faire l’architecture. Au niveau académique, les conférences qu’elle propose s’ouvrent à ces types de pratique ; la programmation inclut plus de femmes, mais aussi des législateurs, des commanditaires, des politiques afin d’amener les étudiants vers des responsabilités délaissées par les architectes et des métiers à reconquérir. L’ambition est d’encourager une approche systémique et d’introduire les étudiants aux mondes de l’architecture.

 

Architecte féministe et militante

Dans son travail personnel, Brown s’interroge sans cesse sur la dimension politisée de l’architecture. Ses premières intuitions la mènent à créer des opportunités pour engager une démarche militante en architecture. Elle s’intéresse de prime abord aux refuges pour femmes et traverse les États-Unis et entame une recherche sur les cliniques d’avortement, les refuges et hôpitaux pour femmes. Contested Space : Abortion Clinics, Women’s Shelters and Hospitals est un ouvrage publié en 2013 qui examine la relation entre l’espace, compris dans le sens matériel, légal et législatif, et son impact direct sur les espaces d’avortement. Elle analyse la manière dont les différentes entités politiques façonnent les paysages matériels et participent de l’inclusion ou de l’exclusion de l’accès aux soins de santé : elle s’interroge sur les responsabilités de l’architecture face à ce conflit spatial.

Textes, dessin et cartographie rendent compte des restrictions et des législatures qui influencent directement la politique de l’avortement aux États-Unis, au Mexique et au Canada. Plus précisément, Brown interroge la manière dont ces décisions juridiques produisent des spatialités : pourquoi l’architecture n’est pas plus culturellement et spatialement engagée dans ces espaces ? L’impact de l’architecture sur ces lieux prouve que le rôle de l’architecte, ses pratiques sociales et spatiales sont politiquement déterminantes. Si les cliniques d’avortement ne sont pas encore de véritables sujets d’architecture, cet ouvrage a permis d’ouvrir le débat dans le milieu américain et de réfléchir à la fois au programme et à la conception de ces espaces : revoir, redéfinir et repenser les codes et les normes du bâtiment, et impacter les législatures par le biais spatial.

 

 


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