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Dossier réalisé par Maryse QUINTON Tokyo, Japon Architectes : Jo Nagasaka/Schemata Architects + ondesign Partners Pour la nouvelle adresse tokyoïte de New Balance, Schemata Architects a réutilisé un kura centenaire, préalablement déconstruit, veillant à ne verser ni dans le pastiche, ni dans la déférence. Par assemblage, la structure traditionnelle fait corps avec le nouveau bâtiment. |
La marque de baskets New Balance s’est engagée dans une stratégie écoresponsable, qu’elle développe dans le choix des matériaux utilisés pour produire ses chaussures mais également à travers le contrôle de son empreinte carbone et les conditions de travail de ses salariés. Leurs adresses s’inscrivent dans cette logique et cherchent désormais à exprimer cet engagement durable, par ailleurs devenu incontournable pour les griffes du monde entier qui n’ont d’autre choix que de revoir leur copie après des années d’indifférence générale. New Balance a fait appel à Jo Nagasaka (Schemata Architects) pour réaliser la T-House, maison mère de la marque, qui regroupe une boutique-galerie au rez-de-chaussée tandis que le premier étage est occupé par les bureaux des équipes de design.Tokyo n’a pas été choisi par hasard : l’Asie est un pôle de développement majeur pour la griffe américaine et le Japon, unanimement reconnu pour la persistance d’un savoir-faire artisanal.
À l’origine de ce projet se trouve un kura centenaire, entrepôt traditionnel japonais, identifiable notamment par sa toiture à deux pentes. Situé initialement à Kawagoe, ville distante d’une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Tokyo, il a fait l’objet d’un minutieux démontage pour être réemployé dans ce nouveau projet. Non sans crainte du résultat, l’architecte japonais a conçu un bâtiment dans lequel vient s’insérer le kura traditionnel : « Nous craignions qu’il ne ressemble à une vieille maison folklorique exposée dans un musée. C’est pourquoi nous avons commencé à développer des idées pour le projet tout en questionnant sa légitimité. » La réutilisation du kura était en effet délicate et le risque d’instrumentalisation, bien présent : « Lorsque nous avons écouté leurs demandes pour la première fois, explique Jo Nagasaka, nous avons senti que l’on attendait de nous que nous mettions consciemment l’accent sur la “japonité” dans ce projet, et avons pensé que ce serait comme porter un kimono lors d’une cérémonie de remise de prix à l’étranger, alors qu’on n’en porte jamais dans la vie quotidienne. »
C’est en observant les charpentiers à l’œuvre lors du démontage que l’architecte a trouvé la parade. Il a construit une nouvelle structure dans laquelle le kura vient s’insérer, mais pas de n’importe quelle manière : par une fusion des systèmes constructifs. Sur le principe d’un assemblage classique tenon-mortaise, les mortaises (nuki) de la structure traditionnelle japonaise accueillent de nouveaux éléments en MDF pour exposer les baskets. L’ensemble est fixé sur des socles en béton. En interconnectant ainsi les deux structures, le kura entame une seconde vie et accueille de nouvelles fonctions, sans céder à une déférence paralysante. Les présentoirs et le reste du mobilier bas sont fabriqués en métal comme l’escalier qui relie les deux niveaux.
Maître d’ouvrage : New Balance – Maître d’œuvre : Jo Nagasaka/Schemata Architects + ondesign Partners – Entreprises : WACT (entreprise générale), Sansuisha (reconstruction du kura) – Éclairage : ENDO Lighting Corporation – Surface : 123 m2 – Livraison : juin 2020
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