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Dossier réalisé par Karine DANA En s’appuyant sur les caractéristiques du site, de la géologie et du patrimoine historique, les architectes livrent ici un bâtiment intelligent et sobre en consommation énergétique, tout en prolongeant le tissu urbain. |
Situé dans le centre-ville médiéval de Paderborn, l’hôpital St. Vincenz délocalisé en 2013 est aujourd’hui reconverti en siège social pour une entreprise familiale. Implanté près des sources de la rivière Pader et bordé par un mur historique, l’ensemble existant était initialement un monastère capucin du XVIIe siècle, avant de devenir une structure hospitalière à partir de 1841, très endommagée ensuite pendant la Seconde Guerre mondiale. Les politiques de reconstruction qui s’en sont suivies ayant considérablement brouillé la lecture du patrimoine d’origine, la première intervention des architectes a consisté à supprimer les ajouts d’après-guerre pour révéler le tissu historique du monastère. Ainsi, la façade de la chapelle, le cloître, l’aile est du bâtiment et la cave du XVIIe siècle en maçonnerie de pierre de taille ont été préservés et restaurés autour d’un jardin dessiné par l’agence de paysage Wirtz International. La façade de la chapelle a été conservée, comme la principale entrée, et l’intérieur de l’ancienne chapelle a été transformé en espace extérieur. Les vestiges de l’ancien cloître sont intégrés dans cette cour centrale. Les différentes couches du tissu du bâtiment historique, faites de pierre et de briques, ont été réparées.
Tout en épousant les contours de cette composition classique, les nouveaux corps de bâtiments en extension s’élèvent sur trois niveaux. Ils semblent en prolonger le plan-masse caractérisé par ses volumes longilignes organisés autour de deux vides centraux, que sont le cloître et la cour intérieure, faisant office de hall d’entrée.
Le nouveau programme composé de bureaux, studio photo, show-room et salle de conférences bénéficie de la force organisationnelle de la structure existante en s’immisçant dans ses grands espaces où sont logés des salles de réunion et quelques bureaux individuels. Il se déploie en open space dans les ailes nouvelles du bâtiment historique. La grande minutie des façades en béton préfabriqué, dont les très grands panneaux de verre montés sur menuiserie bois donnent sur des loggias, tranche avec l’appareillage de pierre de l’ancien monastère tout en répondant à sa rigueur. « En étudiant la structure du bâtiment existant et en sollicitant une approche archéologique, les éléments de construction de l’ancien complexe monastique ont été initialement identifiés. Ils ont servi de point de départ pour le concept architectural du nouvel ensemble. Le démantèlement des ajouts d’après-guerre a révélé une structure en ruine, consistant principalement en une maçonnerie de pierre de carrière », expliquent les architectes, dont le travail a consisté à jouer finement avec la ruine.
En préservant et en mettant à profit la structure compacte du bâtiment existant et en utilisant une technologie simple nécessitant peu d’entretien pour les extensions dont les espaces profitent de ventilation naturelle, les maîtres d’œuvre conçoivent ici un complexe tertiaire assez efficace sur le plan énergétique. L’utilisation réfléchie de dispositifs mécaniques pour le refroidissement des espaces intérieurs remplace les systèmes de climatisation standard à forte consommation d’énergie. Par ailleurs, les conditions locales ont permis de produire des potentiels de confort et d’économie : l’eau de l’affluent voisin provenant de la rivière Pader a été transformée en énergie au moyen d’une pompe à chaleur. En été, les plafonds en béton dont le système de refroidissement est activé apportent une bonne inertie et isolation et, en hiver, le chauffage est assuré par un système de chauffage par le sol. Réversibles, ces deux systèmes utilisent une température constante de l’eau du fleuve tout au long de l’année.
[ Maîtrise d’ouvrage : Jacoby GbR – Maîtrise d’œuvre : David Chipperfield Architects – Entreprises pour le bâtiment existant : Rochus Michnia, restauration ; Tischlerei Gehner, menuiseries – Entreprises bâtiment neuf : Läer + Rahenbrock, béton ; Becker 360, menuiseries ; Floors Fa. Wimmer, parquet de chêne – Produits : mobilier de bureau, Vitra – Surfaces : 12 500 m2 en surface et 7 200 m2 en sous-sol – Calendrier : livraison, 2020 ]
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