D’a : Avant de vous interroger sur l’architecture slovaque, nous aimerions savoir brièvement quels sont vos rôles respectifs au sein de l’Ordre et ce qui vous y a amené.
NV : Je suis architecte de formation et j’exerce en mon nom propre. Récemment, j’ai été élue présidente de l’Ordre. La raison pour laquelle j’ai voulu m’engager dans cette capacité se résume en une volonté de rendre l’architecture plus pertinente aux yeux du grand public. Elle est encore très largement perçue comme une lubie élitiste et peu de gens comprennent que l’architecture forme l’environnement dans lequel on vit et avec lequel on interagit au quotidien. Ce qui me motive et me plaît, c’est de contribuer à une prise de conscience de la valeur sociale et culturelle de l’architecture.
OM : Je travaille à l’Ordre depuis une vingtaine d’années, chose que je n’avais pas imaginée en arrivant juste après mes études en économie, marketing et gestion. Les relations internationales m’ont toujours intéressée et c’est à ce titre que j’ai été recrutée. Aujourd’hui, en tant que directrice de l’Ordre, l’ouverture sur l’étranger constitue une partie importante de mes responsabilités. Je dirige notamment un réseau européen pour la mobilité des architectes. Un autre projet auquel je tiens personnellement et le prix d’architecture CE ZA AR, créé en 2002 et hébergé par l’Ordre depuis 2013. Outre la gestion, mon rôle est de cultiver l’espace d’échange entre la profession et le grand public sur l’architecture en tant que bien commun. Le prix est un des outils de communication sur ce qu’est l’architecture et pourquoi sa qualité nous concerne toutes et tous.
D’a : Commençons ce portrait de la profession avec quelques données quantitatives. Combien d’architectes y a-t-il en Slovaquie ?
NV : Environ 2 000 architectes sont inscrits à l’ordre.
OM : Ce sont ceux qui peuvent exercer en leur nom propre en Slovaquie et dans toute l’Union européenne grâce à des accords multilatéraux. Il faut savoir que la Slovaquie est le pays avec le moins d’architectes par habitant en Europe.
NV : Bien entendu, des architectes de formation, il y en a beaucoup plus. Nombre d’architectes qui sont collaborateurs en agence, qui travaillent sur des projets d’architecture d’intérieur ou de petite taille, qui sont fonctionnaires au sein des institutions étatiques ou municipales, ou bien qui ont une activité académique n’ont pas besoin d’être inscrits.
D’a : Quel est le profil typique d’une agence d’architecture en Slovaquie en termes de nombre de collaborateurs, d’âge moyen des associés et de localisation ?
NV : 90 % des agences ne comptent qu’un ou deux architectes.
OM : Ce n’est pas si atypique. D’après les recherches du Conseil des Architectes d’Europe, les petites agences représentent la norme en Europe. Quand la Commission européenne cherche par exemple à créer des plans pro-business dans le domaine de l’architecture en visant la croissance des agences, cela me semble en décalage avec la réalité de l’organisation du métier aujourd’hui.
NV : Nous avons quelques grandes agences. La plus grande compte une centaine de collaborateurs et il y en a quelques-unes avec une dizaine d’employés. Sur les 2 000 inscrits à l’Ordre, ces grandes structures sont clairement minoritaires. Quant à l’âge, on a l’habitude de dire que les architectes « mûrissent » tard. Cela dit, il y a en ce moment beaucoup de très bonnes jeunes agences en Slovaquie. Les nouvelles générations ne craignent pas de se mettre à leur compte dès qu’ils ont le droit de le faire. En parallèle, c’est très courant pour les architectes de ne pas prendre leur retraite et de continuer (...)