Processus et pratiques - « Impliquer fortement les communautés d’habitants » Entretien avec Winy Maas, MVRDV

Rédigé par Stéphanie SONNETTE
Publié le 24/04/2017

Portrait de Winy Mass

Dossier réalisé par Stéphanie SONNETTE
Dossier publié dans le d'A n°253

Le 7 juin, Winy Maas ouvrira la première édition de la Biennale par une conférence inaugurale. Présent sur la scène architecturale mondiale depuis le début des années 1990 avec MVRDV, il a conçu de multiples projets pour des commanditaires privés comme publics, à toutes les échelles et dans des contextes sociaux, culturels et économiques extrêmement variés. Il revient pour d’a sur sa conception de la ville du futur et sur la place accordée aux habitants dans la démarche de projet. 

D’a: Dans votre pratique d’architecte, vous accordez une place importante à la recherche. Les propositions que vous élaborez notamment avec The Why Factory1 constituent-elles des utopies, des interpellations faites au monde en mutation, des solutions pour accompagner les transitions écologique, énergétique, numérique et démographique

 

Avec The Why Factory, nous réfléchissons à l’avenir des métropoles et à toutes les questions que nous estimons importantes pour le futur, de la ville durable à la société de loisirs. Nous développons actuellement des visions qui apportent des solutions, non seulement à nous, MVRDV, mais également à d’autres architectes et urbanistes, pour travailler sur la ville idéale, la ville du futur. Nous vivons aujourd’hui dans d’immenses métropoles et nous avons besoin de toujours plus d’espace que, bien sûr, nous ne possédons pas. Plus de rues, plus de services, plus d’énergies fossiles… Ce qui conduit à produire massivement des déchets. Mais si les gens aspirent à cela, alors la solution peut consister à construire verticalement, tout en répondant aux qualités urbaines attendues, et nous finirons par produire des villes performantes et durables. 

 

Les citoyens souhaitent par ticiper à la définition de leur cadre de vie, des usages de l’espace public ou de leur logement. Que pensez- vo us de ces demandes qui ne cesent de croître et qui témoignent de nouveaux modes de coproduction de l’espace? Comment les architectes doivent-ils s’en saisir? Vos expériences des procesus par ticipa tifs en France ou da ns le monde ont-eles changé vo tre manière de voir et de concevoir

 

Depuis que nous avons créé MVRDV, nous nous demandons comment améliorer l’environnement construit. Comment faire évoluer les processus décisionnels, qu’ils soient top-down ou bottom-up, pour que ça fonctionne mieux ? Pour cela, nous avons besoin de comprendre et d’étudier les différents contextes dans lesquels nous travaillons, ce qui nous conduit à impliquer fortement les communautés d’habitants et tous les intervenants concernés. Pour le projet d’Almere Oosterwold, par exemple, nous proposons un espace qui laissera un maximum de liberté aux initiatives individuelles et collectives et se développera de manière organique sur le temps long. Des parcelles seront confiées aux habitants, qui auront la maîtrise de leur développement, à partir d’un programme défini pour chaque parcelle. Ce programme comprend un tronçon de voie publique, un espace vert, un réservoir d’eau et un espace agricole. Il s’agit d’un urbanisme hyperlibre, qui propose ce que nous avons appelé des « pop-zones », c’est-à-dire des espaces dédiés aux rencontres et au partage au sein de la communauté d’habitants, mais également de l’habitat participatif. Almere est un projet différent car il s’oppose à des décennies de planification urbaine qui, aux Pays-Bas, ont été dominées par des processus et des manières de faire top-down. Là, les résidents ont plus de libertés et peuvent contribuer activement à coconstruire leurs futurs espaces d’habitation, tout en participant à la vision stratégique plus large du développement urbain de la périphérie d’Amsterdam, en dehors des schémas classiques d’aménagement. Almere fonctionne à partir d’un partage des responsabilités entre les habitants, et de la promotion d’un mode de vie Do It Yourself (DIY). À travers ce projet, nous cherchons à inventer de nouvelles règles pour répondre de façon responsable à la tension entre l’aspiration à la liberté individuelle et le besoin de vie en collectivité.


 1. The Why Factory (T?F) est un think tank et un institut de recherche, conduits par MVRDV et l’Université de technologie de Delft et dirigés par Winy Maas. 


Lisez la suite de cet article dans : N° 253 - Mai 2017

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