Pascal Gontier : « La recherche est conditionnée à la prise de risque »

Rédigé par Cyrille VÉRAN
Publié le 03/05/2018

Pascal Gontier : Bâtiment Max Weber à l'Université de Nanterre, destiné aux chercheurs en sciences humaines et sociales

Dossier réalisé par Cyrille VÉRAN
Dossier publié dans le d'A n°262

« Nous sommes une minorité d’architectes à nous être inscrits dans le crédit d’impôt recherche, et c’est la raison pour laquelle l’administration fiscale a du mal à nous identifier. Plus ce dispositif sera connu de la profession, et plus nous parviendrons à une forme de reconnaissance du caractère innovant de la recherche en architecture. Celle-ci est intrinsèquement conditionnée à la prise de risque. Les phases d’échec et les points de blocage font partie du processus. L’agence a dès sa création constitué ses entrées “recherche” autour des thématiques du développement durable. Nous nous sommes approprié les logiciels de calculs de simulation thermiques dynamiques et d’éclairage pour en faire des outils de projet, à une époque, maintenant ancienne, où la plupart des architectes considéraient que les enjeux environnementaux étaient avant tout l’affaire des bureaux d’études. Ces recherches “explosent” le temps d’études des projets. La maison Gaïta, par exemple, a nécessité des études particulièrement longues pour la mise au point de son système de ventilation naturelle avec récupération de calories. De fait, nos premières opérations n’ont souvent pas été rentables, et le CIR nous a aidés à surmonter nos difficultés. Depuis, cet outil nous a permis de nous structurer, d’avancer plus efficacement et de capitaliser nos réflexions d’une opération à l’autre.

Parallèlement à ces recherches techniques (équipements solaires, photovoltaïques, pompes à chaleur, géothermie…) motivées par nos convictions écologiques, nos comptons inscrire dans notre prochain dossier CIR le projet expérimental Bespoke Open Building (BOB) que nous développons actuellement, un modèle d’habitat collectif alternatif qui rend possible l’individualisation complète du logement jusqu’en façade.

Nous sommes partis d’un constat : constituer une communauté d’habitants pour réaliser une opération en habitat participatif est une affaire compliquée. Par ailleurs, l’individualisation dans le logement collectif est toujours réduite aux seuls espaces intérieurs. Notre propos est donc de réfléchir, dans le cadre de la promotion immobilière habituelle, à la manière dont on peut échapper à la standardisation de l’habitat. BOB se compose de deux entités distinctes, l’architecture primaire – structure, parties communes et gaines de l’immeuble –, qui forme l’entité pérenne du bâtiment ; et l’architecture secondaire, laissée à la liberté des habitants, et qui s’appuie sur deux outils : le cahier des prescriptions (droits des voisins, harmonie générale du bâtiment) et la bibliothèque paramétrique. À partir de celle-ci, il devient possible de concevoir son logement et ses façades. BOB a été testé pour le projet d’un bâtiment de 14 étages auprès d’un échantillon d’acquéreurs fictifs. À la faveur du permis d’innover, certains promoteurs ont montré leur intérêt pour ce projet expérimental. »

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