Projet ANMA, Bureaux Achard Lazard, Bordeaux |
Dossier réalisé par Cyrille VÉRAN |
Le déclenchement de la recherche, c’est l’écriture. Comme l’enseignant-chercheur qui produit régulièrement des publications, un architecte praticien doit être capable d’écrire des articles scientifiquement approuvables sur les recherches qu’il mène. Peu de revues architecturales sont référencées dans le domaine scientifique, mis à part Criticat dans le champ des sciences sociales et Les Cahiers de la recherche architecturale, urbaine et paysagère du ministère de la Culture.
La principale difficulté pour un
regard extérieur est d’identifier le contenu de cette recherche. Pour les
architectes, celle-ci est accolée au projet et consiste à trouver des solutions
innovantes à des problèmes concrets. ANMA s’est positionnée très tôt sur les enjeux
du développement durable, en mettant au point des dispositifs plus économes en
énergie. C’est une urgence pour les architectes à prendre part dans la lutte
contre le réchauffement climatique. L’une de nos recherches porte sur la
ventilation naturelle, qui a fait l’objet de conférences auprès de physiciens,
d’écrits et d’expositions. Rares sont les maîtres d’ouvrage qui acceptent cette
technique, et pour cause, ce ne sont que des obstacles. Il faut déroger au code
de l’urbanisme, aux réglementations, et convaincre les ingénieurs et bureaux
d’études de nous accompagner dans cette recherche. Très peu nous suivent, car
celle-ci implique une succession de mises au point et de produire des ATEx (appréciation
technique d’expérimentation). Cette recherche continuelle fait avancer la
technologie autant qu’elle réinterroge l’architecture d’un bâtiment qui devient
actif, tire parti de son environnement au lieu de s’en protéger. Nous avons
réussi à la mettre en place dans les bâtiments tertiaires (à Rouen, Reims,
Toulon…), mais elle n’a pas abouti dans le programme de logements à Dunkerque.
La réglementation bride parfois l’expérimentation.
Nos recherches se focalisent également
sur le BIM et la maquette numérique, très pauvre graphiquement. Il est plus
difficile de modifier le projet lorsqu’on l’a modélisé avec cet outil. Nous avons
réfléchi, dans le cadre de l’appel à projets européen H20201, avec
des laboratoires de recherche britannique, hollandais et de l’université Lille 3,
à un outil de dessin plus léger, une sorte de pré-BIM, qui pourrait enrichir le
dessin de données partagées avec les ingénieurs au stade de l’esquisse
architecturale. Nous n’avons pas été retenus pour cet appel à projets mais
toutes les heures passées à cette recherche ont pu être intégrées dans le CIR.
La présence d’un doctorant en contrat Cifre, qui nous avait alertés sur ce
programme, a été dynamisante pour l’agence. Néanmoins son sujet de thèse était
un peu trop éloigné de notre pratique et nous veillons, depuis cette
expérience, à faire coïncider les deux. Matthieu Denoux, diplômé de l’École des
Mines de Paris, qui vient d’intégrer l’agence, prépare un doctorat sur les
modèles prédictifs à l’échelle d’une ville. Bordeaux, qui souhaite se projeter
en 2050 – c’était l’annonce d’Alain Juppé lors de la dernière Agora –,
s’est proposée comme objet d’études, afin de mesurer toutes les implications,
en termes d’aménagement et de technologies, que suppose le devenir d’une
métropole millionnaire. »
1. L’instrument de financement de
l’Union européenne pour la recherche et l’innovation.
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