La petite ceinture au premier plan. La ferme du rail - Grand Huit |
Dossier réalisé par Stéphane BERTHIER Ce projet lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt « Réinventer Paris » est un laboratoire pour le développement de l’agriculture urbaine. Installé dans un site enclavé du XIXe arrondissement de Paris, le long de la petite ceinture, il réunit une serre, un restaurant, des services de jardiniers et des logements autour d’une parcelle maraîchère. |
L’objectif de ce programme est de réunir en un même lieu diverses fonctions utiles pour mener à bien une expérimentation sur l’économie solidaire et les circuits courts, comme alternative aux modes de production et de distribution conventionnels de l’alimentation. Ses missions sont multiples : le lieu doit être un démonstrateur de l’agro-écologie urbaine; il doit former à ces savoirs et bonnes pratiques ; aider à la réinsertion sociale de travailleurs en situation de grande précarité ; sensibiliser les habitants du quartier aux enjeux de l’écologie et de l’économie circulaire. Un dispositif de compostage à grande échelle permet de collecter les déchets organiques des habitants pour les recycler in situ dans le potager et dans la serre. La production excédentaire peut aussi être redistribuée localement pour les plantations personnelles des habitants du quartier. Le restaurant est alimenté par la production du site, par des producteurs en circuits courts et par les invendus des commerçants du quartier. Il favorise la cuisine végétarienne et garantit des prix abordables pour tous les publics. La ferme du rail constitue ainsi un laboratoire pour d’autres manières d’envisager la consommation alimentaire, en dehors des circuits conventionnels, soutenues par des valeurs dites sociales et solidaires.
Les édifices qui accueillent ce programme ambitieux se devaient d’être à la hauteur des objectifs politiques de l’expérience. L’agence d’architecture Grand Huit (Clara Simay et Julia Turpin), avec le soutien de la paysagiste Mélanie Drevet et de l’agronome Philippe Peiger, réunit une équipe de maîtrise d’œuvre qui tente de transférer dans le domaine de l’architecture les principes et les vertus de cette nouvelle forme d’urbanité responsable. En contrebas de la petite ceinture, deux bâtiments occupent les limites parcellaires et dégagent, au centre, un jardin potager ensoleillé. La grande serre monumentale ouvre sa façade principale plein sud. Elle est bâtie en hauteur, au-dessus d’un socle technique et d’un restaurant dont la terrasse se raccorde à la vieille voie de chemin de fer destinée à devenir à terme un corridor vert favorable à la biodiversité parisienne. À l’est, des logements collectifs hébergent en chambres individuelles des étudiants en horticulture et des travailleurs en réinsertion. Ces deux ouvrages qui visent l’exemplarité écologique sont réalisés en bois lamellé-collé, issus des forêts françaises. Leurs murs sont isolés avec de la paille et des fibres de textiles recyclés. Leurs façades sont habillées de demi-rondins de châtaignier juste écorcés, dont l’aspect brut et rustique fait écho aux ambitions agricoles du lieu.
Avec l’aide du collectif Bellastock, les architectes ont aussi exploré la filière très courte du réemploi de matériaux de construction, pour tenter de maximiser la part de recyclage dans cette opération. Il aurait d’ailleurs été intéressant de construire les deux bâtiments sur ce seul principe pour parfaire la démonstration. Mais cet équipement n’a malheureusement pas réussi à sortir des rails normatifs en vigueur et il s’est finalement avéré extrêmement difficile d’atteindre l’objectif de réemploi. Seuls quelques revêtements de faïences intérieures et de mobilier, et des revêtements de sols recyclés ont pu être mis en œuvre.
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